chère Marina
j'entends ta colère , et je trouve ta réaction saine ,cela me fait du bien que tu réagisses ainsi
j'ai éprouvé un énorme désarroi et une immense peine face aux réactions de mes soeurs , mais je ne ressens ni colère, ni ressentiment, ,ni rancoeur, J' essaye de comprendre , et je ne vois qu'une immense peur , peur de ce que je vis , de la souffrance que je leur renvoie et qui leur est insupportable, puis ces réactions sont le fruit des dysfonctionnements familiaux existants et trouvant leur apothéose au décès de mon père avec une succession très compliquée, moi adoptant une posture très différente des autres, ne demandant que cette succession laisse à ma mère le nécessaire et plus pour vivre d'une manière indépendante et ne mette pas en difficulté mon frère qui reprenait la suite de l'entreprise agricole familiale. Les problèmes relationnels n'ayant pas été résolus, face à la situation que je traverse , mes soeurs ont eu un premier mouvement vers moi de vouloir être présentes, ma première pensée a été "elles ne pourront pas", mais j'ai voulu y croire car j'ai besoin de tant affection!;mais trop d'éloignement, trop de divergence, le passé qui remonte puis mon autre frère qui tombe dans une phase maniaque avec hospitalisation à la clé, elles sont perdues , elles confondent, elles ne savent pas ce qu'est le deuil.
Face à cette situation, c'est à moi de me protéger, et donc de mettre une distance physique , verbale ,affective et intellectuelle, pas facile car les circonstances ( ma mère malade) ne vont pas m'aider
Quant à ma mère, je n'ai jamais eu des relations faciles avec elle, j'en avais pris mon parti;au décès de mon père, elle s'est rapprochée de moi, je l'acceptais telle qu'elle était avec sa souffrance et comme les autres avaient une posture différente , elle s'est raccrochée à moi , ce qui n'a pas arrangé mes relations avec mes soeurs, puis depuis quelques années mes soeurs essaient de retrouver leur place perdue auprès d'elle, mais bizarrement , c'est comme s'il n'y avait pas de place possible pour moi.
Alors j'ai toujours été libre, et lucide et , je ne vais pas espérer quelque chose que je n'aurai jamais , car ma mère est comme elle est et je ne peux la changer, je ne peux que changer mes attentes et je vais faire de mon mieux pour me protéger, mais en étant présente auprès d'elle dans la mesure où cela me fait du bien d'abord à moi.et afin aussi , je dois être honnête , à ne pas culpabiliser, car le travail de me débarrasser de la culpabilité sera un long et difficile travail
Le plus important pour moi ce sont mes relations avec mes fils ,ils ont été bien chamboulés aussi par ce qui se jouaient, mais ils se sont positionnés clairement "maman , d'abord"et ils me connaissent ils savent mes défauts et mes qualités . L'ainé m'a dit que j'avais des ressources, ils voient comment je gère mon deuil , ils savent que je fais de mon mieux, ils savent que les vagues qui montent qui reculent du chagrin , la colère, la culpabilité car ils le vivent et nous pouvons en parler , ils savent qu'ils peuvent me dire des ressentis difficiles , que je ne les juge pas
puis le positionnement qu'ils ont pris chez le notaire, l'accord que nous avons trouvé d'une manière si naturelle, si calme, c'est le positionnement que j'avais eu pour ma mère et mon mari se serait positionné de la même façon
Maintenant mes beaux parents,
Ils sont tellement âgés et perdus et meurtris,ils sont pleins de pourquoi
Il y a 21 ans un de leur neveu du coté paternel s'est pendu, j'ai entendu tout pour expliquer ce geste:double vie , drogue , traffic en tout genre
il y a 15 ans j'ai fait une dépression car mes rapports étaient très difficiles avec mes parents je ne faisais pas assez et j'ai privilegié ma position de mère à position de fille, et mes rapports avec mon mari se détérioraient car mes beaux parents , je vous fais pas un dessin,...J'ai vu un psy qui m'a permis de faire un vrai travail sur mes parents et de laisser mes beaux parents à leur mauvaise langue et de reprendre une relation plus juste avec mon mari
Alors je ne sais ce qu'ils peuvent imaginer, mais ils ont une telle incompréhension , un tel déni de la maladie psychique,
et je refuse de leur apporter de réponse , car je pourrai leur en donner une qu'ils les fassent culpabiliser et je m'y refuse, je leur ai proposé de voir un psychiatre pour qu'ils leur expliquent , ils refusent,
j'en ai parlé à mes enfants, et mon ainé me dit que les grands parents devraient comprendre car leur grand père a déjà eu des idées suicidaires, mais ils sont dans un tel déni
et là idem , je dois me protéger et prendre de la distance ce que j'arrive à mieux faire car moins impliquée affectivement, je m'occupe un peu d'eux car je suis dans le même village, mais si je le fais c'est pour mes enfants car leur père était fils unique et eux doivent mener leur vie
Alors merci d'avoir de la colère à ma place, j'ai le sentiment de prendre de la hauteur, de la distance par rapport à tout cela, j'espère ne pas avoir d'effet boomerang
la culpabilité est quelque chose d'inscrit en moi depuis si longtemps, merci la culture judéochretienne!!! je vais travailler à l'éloigner de moi
Que de travail en perspective, j'ai du pain sur la planche.!!!...
Yohann
j'ai bien pensé aux séances d'hypnose, mais sur internet cela ne me branche pas du tout
je connais une psy hypnothérapeute mais je laisse cet espace à mon fils
je chercherai quelqu'un en EMDR si de nouveaux flash revenaient mais cela voudrait dire faire 4 heures de déplacement et je dois absolument gérer ma fatigue d'abord
bonne nuit à tous
Orchis