Murielle,
Pitchoune,
Nora (ne t'excuse pas, surtout pas, la seule chose essentielle était que tu ais écrit.. que tu ais permis à ta douleur de s'échapper un peu. Tu as commencé sur ce message et, comme te le conseille Qiguan, tu pourras créer un "fil" plus personnel mais aussi continuer à intervenir sur les "fils" des autres)
A toutes 3 plus particulièrement car le tsunami s'est abattu sur votre tête il y a peu, toute ma compassion, moi qui à vous lire me sent presque comme une "routarde" du deuil, au bout d'un peu plus d'un an.
Évidemment quand je lis : cancer du poumon métastasé, dégradation rapide, décès au bout de peu de mois (5 pour mon Amour qui avait 52 ans) cela me parle totalement, mais votre désarrois, votre désespoir, votre douleur, votre horreur du moment présent à toutes me parlent tout autant.
J'ai commencé à vous écrire avec l'intention de vous dire qu'un jour, pas demain, non, hélas, mais un jour, dans quelques mois, ça sera moins douloureux... pas tous les jours (ça serait "trop facile" sans doute :-( ) mais pendant un court moment, puis 1 jour, puis 2 ... il y aura du répit. Pas du répit à vie... hé non ... des vagues avec une alternance de répits et de moments qui nous agressent et parfois même des montagnes russes ... je ne sais pas si vous allez me croire, je ne suis pas certaine que je croyais à ça quand on me le disait quelques petits mois après le décès de Philippe.
Et pourtant... c'est vrai.
Que faire en attentant ? Vous protéger.
- en vous faisant aider si vous en ressentez le besoin : spécialiste, groupe de parole, ce forum (encore et toujours bien sûr), lectures (la "bible" : "le deuil jour après jour" de Christophe Fauré bien sûr tant il est aidant sur les étapes et la normalité de ce que l'on vit), cercle familial ou amical s'il est aidant également(c'est rarement le cas, sauf si des personnes ont été confrontées au deuil et plus particulièrement au même type de deuil. Ce n'est pas la "faute" de ces personnes très souvent, c'est juste qu'elles ne savent pas, elles n'ont pas ce vécu et ne peuvent comprendre les choses de l'intérieur)
- en évitant au maximum les relations toxiques : personnes qui vous demandent de vous ressaisir, qui ont une idée très arrêtée sur le deuil et sa durée sans y avoir été confronté, ...
- en vous écoutant intérieurement : vous n'avez rien envie de faire... et bien si c'est possible ne faites rien, le lendemain il se peut que vous soyez dans la possibilité d'en faire un peu... ou le surlendemain... ou au contraire vous êtes dans la nécessité d'organiser, de planifier des moments qui balisent vos journées, vos WE... faites
- en tentant de mettre fin aux comportements alimentaires qui ne ressemblent à rien, quand ça vous semblera possible. Parce qu'il n'y a pas de mystère, le corps de l'endeuillé(e) est souvent très maltraité par son propriétaire alors que le deuil est un marathon qui demande de l'endurance... Tout ça pour dire que, au bout de quelques temps, il n'est plus raisonnable de sauter tous les repas d'une journée ou de ne manger que les paquets de gâteaux retrouvés entamés dans les placards... Pour vous motiver vous pouvez rejoindre le fil de Yentel (dans la rubrique deuil du conjoint) qui a un titre du genre "à plusieurs on est plus fort" (ce n'est pas exactement ça mais pas loin). Créé donc par Yentel un jour de désespoir où elle en avait marre de se gaver de lardons au chocolat !!! (désolée la Belle, ça fait délation mais ça peut servir ;-) ).
Voilà ce qui m'a traversé l'esprit en vous lisant. Rien d'extraordinaire, juste le fruit de ces bientôt 13 mois en "Absurdie" comme j’appelle parfois ce pays du deuil... l'expérience des autres m'a aidé, que la mienne vous apporte un peu aussi peut-être.
Je sais maintenant qu'il n'y a pas de "juste" ou de "pas juste" parce que quand on vient sur terre c'est pour mourir au bout d'un temps... que l'on ne connait pas et que c'est pareil pour les personnes que l'on aime. Mais ça - et moi la première - on l'oublie.
"courage" à vous toutes mes âmes semblables
Je vous embrasse