Auteur Sujet: Journal - jour 21  (Lu 2150 fois)

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pinky29

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Journal - jour 21
« le: 08 janvier 2013 à 12:36:13 »

Jour 21

Dur ce soir. Je suis rentrée chez moi après 2 mois d’absence. 3 semaines depuis ton enterrement. Je n’ai pas pu défaire les bagages que j’ai faits revenir de chez toi. Tout est là, fermé. De toi, il reste : ton manteau d’hiver, ta veste de cuir, 2 tableaux encore enfermés dans ma valise, une chemise, un pull, ton bandage dont ton odeur est partie, ton sac de cuir, ma bague au doigt. 4 ans d’histoire résumés à ça ! De ta chair, de ta douceur, de ta tendresse, il ne reste rien. Que les souvenirs. Et tout fait mal. Le silence. La nuit. Ton appel qui n’arrive pas. Qui n’arrivera pas. Qui n’arrivera plus jamais. La nuit, toute seule cette-fois. Personne pour sécher mes larmes.

Pourquoi ? Que me veut cette vie ? Est-ce que ce n’était pas encore assez ? Abandonnée par ma mère à 7 ans, un soir, je suis rentrée, elle n'était plus là, partie, et je ne l'ai jamais revue, abusée par mon père dès cet instant, et son frère durant 7 ans, trompée par mon ex-mari, lui, décédé l'an dernier à 45 ans, puis la maladie qui entraîne la perte de mon emploi, les amis qui me lâchent, désespérément seule dans la tourmente, à me débattre contre les démons des nuits, le saut du balcon qui m'attire, et dans ce temps affreux, Toi, ENFIN, qui arrive dans ma vie. Je trouvais l’équilibre, j’étais aimée, je t’aimais, tout semblait enfin prendre forme, s’épanouir, fonctionner dans ma vie…Et voilà…La vie t’arrache à moi. Tout s'achève brutalement. Pourquoi ?

J’essaie de me tourner vers l’avenir, faire des projets. Je dois rester dans cette vie. Il ne faut pas se suicider. Mais franchement, j’aurais de bonnes raisons, non ?…Je suis fatiguée. A force de souffrir, un moment, on ne peut plus se relever. Cette vie s’acharne. Elle m’en veut ! Qu’est-ce qu’elle veut ? Moi je ne peux plus…Quel sens puis-je trouver à tout cela ? Comment tenir encore debout ? Cette vie a fait de moi un être sans peau, sans protection et qui pourtant ne saigne pas. Un coeur que je donne à tous vents. Le corps ne dit pas la souffrance.

Je n’ai rien demandé de spécial. Juste être enfin apaisée, heureuse. Tu étais là et c’était doux. Ca me suffisait. Pourquoi dois-je subir ces éternelles déchirures et souffrances ?

Je nous vois encore cet été. Il faisait beau et doux. C’était l’anniversaire d’un de tes cousins. J’avais dansé toute seule sur la piste car personne n’osait. Puis tu m’as rejointe. Tu ne savais pas danser et moi non plus. Mais tant pis, tu me serrais dans tes bras, tu me faisais tourbillonner, tu fermais les yeux pour savourer l’instant, un sourire ébahi aux lèvres, je dérapais dans tes pas, et nous avons ri. On était bien et on se fichait pas mal de l’air qu’on avait.
C’est cette nuit-là que nous avons dormi sur la plage pour la première fois. Ca me semble une éternité mais c’était il y a à peine 4 mois.

Alors voilà, maintenant, il me faut structurer ma vie. Pour que les jours passent, remplir le temps, en attendant. En attendant quoi ? Je ne crois plus à rien.
J’ai ta bague au doigt. Elle ne me quitte plus, nuit et jour. Tu étais si fier de me l’offrir ! Je me souviens comme ton regard brillait quand tu me l’as fait montrer à ta sœur. Et moi, je savais que ça voulait dire : regarde, chère soeur, cette fille-là, je l’épouse.

J’ai bouleversé ta vie. Tu as rempli la mienne. 4 petites années.

La nuit a passé, assommée de médicaments pour parvenir à trouver le sommeil malgré mon épuisement.

Dans ma chambre, sur mon lit, j’ai retrouvé ma ‘vache à secrets’, celle que j’ai depuis 5 ans quand j’allais si mal. C’est la peluche qui berçait mes chagrins, qui renfermait mes espoirs. C’est une petite vache blanche et noire, toute douce, au ventre creux dans laquelle je peux glisser des objets. Depuis 5 ans, elle renferme tous mes espoirs de toi lorsque je t’ai rencontré.  J’y ai retrouvé hier la 1ère carte que tu as signée pour moi. C’était à la clinique. Un peu avant mon départ. La coutume voulait que chacun et chacune offre un café d’adieu à son groupe quelques jours avant de partir. Et les copains offraient cadeau souvenir et carte signée de bons vœux pour l’avenir. Mon Amour pour toi avait réjoui et amusé les pensionnaires durant le dernier mois d’hospitalisation. C’était le feuilleton du moment : t’avais-je vu ? T’avais-je parlé ? M’avais-tu regardée ?
Alors, spontanément, une des copines avait eu la délicate attention de partir à ta recherche dans les bâtiments pour que tu signes ma carte d’adieu. De tous les cadeaux que j’ai reçus ce jour-là, ta signature et ton bref petit mot étaient les plus beaux : « rentre bien chez toi et appelle-moi ». Ca valait tout l’or du monde !

Cette carte est toujours là, cachée comme un trésor, chiffonnée par les ans. Chiffonnée par les nuits de sommeil serrée contre mon coeur plein d'espoir et d'attente. C'était il y a 5 ans.

Puis, il y a la 1ère carte que tu m’as écrite. Nous n’étions pas encore ensemble et je t’avais écrit un poème en anglais. J’ai su par Corinne, notre interprète Franco-allemande, à quel point mon texte t’avait ému. Tu lui as avoué n’avoir jamais rien reçu d’aussi beau.
D’émotion, tu m’avais aussitôt répondu, et tu m’écrivais que toi aussi, tu voulais partager avec moi de doux moments. Mais au téléphone aussitôt, tu t’es repris : oui, tu voulais cela, mais pas trop vite, il te fallait encore du temps. Tu n’étais pas prêt.
Il t’en a fallu du temps…1 an...

Mais nous n’avons rien regretté. Cet Amour-là valait la peine ; valait de l’or. Trop beau, trop fort.
Alors la vie me brise, une fois encore. J’appelle ça de l’acharnement.
Tomber et ne plus se relever. Parce que je te le dis la Vie : à force de boire la tasse, un jour, on n’en peut plus.

Zazie :
Moi je m'en moque j'envoie valser
Les trucs en toc les cages dorées
Toi quand tu m'serres très fort
C'est comme un trésor
Et ça
Et ça vaut de l'or
Moi pour toujours j'envoie valser
Les preuves d'amour en or plaqué
Puisque tu m'serres très fort
C'est là mon trésor
C'est toi
Toi qui vaut de l'or
Chanson : J’envoie valser

Tinou

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Re : Journal - jour 21
« Réponse #1 le: 08 janvier 2013 à 14:16:42 »
Tu as de si belles choses en toi, de si beaux souvenirs de moments inoubliables...

Martine

kika

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Re : Journal - jour 21
« Réponse #2 le: 08 janvier 2013 à 15:14:17 »

Bonjour Martine,


Le héros est fatigué...pour l'instant

Que de combats, que de trahisons, de blessures...

Maintenant avec cet amour au fond du coeur, cet amour qui t'accompagnera à jamais, tu pourra te relever. Tu pourras guérir de ce que la vie t'a infligé.
Tu pourras trouver une autre voie, riche de lui, à l'intérieur de toi.
Tu sera plus forte...comme jamais tu ne l'as été

Fais toi confiance, tu es une SURVIVANTE


Tendresse

Malika

pinky29

  • Invité
Re : Journal - jour 21
« Réponse #3 le: 08 janvier 2013 à 22:27:07 »
Je vous remercie de vos petits mots qui me touchent. mais là je suis en colère contre la vie. je ne comprends rien à rien. et je me sens asphyxiée par cette vie ou il faut continuer à respirer, trouver de la force encore et toujouooouurs. franchement je craque. je ne vois plus pourquoi respirer. une part de moi poursuit la route, comme toujours scindée en 2 : 20% de vie en moi et 80% de mort que je traîne depuis des années...mais je suis sympa : je ne montre dehors que les 20% de vie qui font illusion. mais dedans, c'est tout cassé. De ces %, qui va gagner ?? parce que ça s'accumule un peu trop. je voudrais croire à une vie après, à la réincarnation pour que tout cela trouve un sens mais je ne crois plus à rien. je suis écoeurée...c'est trop trop trop...vraiment trop. Là, je craque. comment encore faire confiance en cette vie ? ou va-t-elle me frapper la prochaine fois ? J'aurais juste voulu avoir le temps de respirer un peu, me ressourcer, me régénérer, un peu de paix, d'accalmie...
il est dit que mon karma n'est pas celui là. l'ai-je choisi vraiment en venant sur cette Terre ? on dit qu'on choisit le karma qu'on peut assurmer...y en a qui en meurent, qui ne l'assument pas...
ce soir, ça ne va vraiment pas...désolée...
je vais me cacher...
christine

kika

  • Invité
Re : Journal - jour 21
« Réponse #4 le: 08 janvier 2013 à 22:42:00 »

Bonsoir Pinky,


Ne vas pas te cacher, viens donc avec nous

Comme toi, je me dis comment ai je choisi ce karma ?
Et puis je me dis, tu as présumé de tes forces, tu as tout voulu régler en une vie, au lieu de régler tout sur plusieurs vies

Je me dis que je suis une sacré orgueilleuse, présomptueuse

Bon notre vie n'a pas été facile...mais tout de même nous avons eu des haltes si heureuses, la plénitude. Et parce qu'on en a bien bavé, nous les avons appréciées jusqu'à la dernière goutte. Avoue que ton histoire avec Detlev est magnifique, comme la mienne avec Pierre.
Et ces histoires ont comblées l'immense trou à l'intérieur de nous que l'on s'est trainé une grande partie de notre vie
Rien a regretté, dommage que ça n'ai pas dure plus longtemps
Et puis cette garce de vie, même si elle nous a bien maltraité, elle nous a aussi bien servie parfois

Alors, peut être, va t elle nous surprendre...là ou on ne l'attendra pas, comme d'habitude.
Et peut être ce sera une bonne surprise contre toute attente...

Je t'embrasse

Malika

kika

  • Invité
Re : Journal - jour 21
« Réponse #5 le: 08 janvier 2013 à 23:04:10 »


Pinky,

Voici un beau texte qui m'apaise, j'espère qu'il en sera de même pour toi


Marche au dedans de toi!
 

 

Si je suis le premier (ère) à décéder.

Que le deuil n`obscurcisse pas longtemps ton ciel.

Que ton chagrin soit courageux mais discret.

Il y a eu un changement mais pas un départ.

 

La mort fait partie de la vie.

Et les défunts ne cessent de vivre dans les vivants.

 

Toutes les richesses cueillies au cours de notre voyage.

Les moments de partage, les mystères explorés ensemble.

Les strates d`intimité sans cesse accumulées.

Ce qui nous a fait rire ou pleurer, ou chanter.

La joie de la neige sous le soleil et l`éclosion du printemps.

Le savoir…

 

Chacun donnant et chacun recevant.

Autant de fleurs qui ne flétrissent pas.

 

Pas plus que les arbres ne tombent et ne s`écroulent.

Que même les pierres…

Car même les pierres, ne peuvent résister au vent et à la pluie.

Et avec le temps, même les cimes de la montagne majestueuse.

Sont réduites à du sable.

 

Ce que nous étions, nous le sommes encore.

Ce que nous avions, nous l`avons encore.

Tout notre passé conjoint demeure impérissablement présent.

 

Alors, quand tu marcheras dans les bois.

Comme nous l`avons déjà fait ensemble.

Tu chercheras en vain la tache de mon ombre à tes côtés.

Et tu t`arrêteras au sommet de la colline.

 

Comme nous l`avons toujours fait, pour contempler la plaine.

Et tu remarqueras quelque chose, tout en cherchant.

Comme d`habitude, ma main qui n`est plus là.

Et si tu te sens envahie par le chagrin.

 

Ne bouge pas, ferme les yeux, écoute mes pas dans ton cœur.

Je n`ai pas quitté, je marche tout simplement dans ton cœur !

 




Source: Nicholas Evans...www.lespasseurs.com