Merci Stana et Mircea! Ces paroles venant d'une personne neutre et d'un homme surtout, m'ont réconfortée. Comme si c'était mon chéri qui parlait à travers lui.
Christelle,
La mort de ta moitié est très récente, à peine 2 mois... 2 mois trop longs sans lui et à la fois DEJA 2 mois! On ne sait pas comment on tient, mais on le fait quand même. Les jours passent difficilement à ce stade là. En plus, ton chéri est mort sous tes yeux. J'imagine que tu as assisté aux tentatives de réanimation sans pouvoir faire quoi que ce soit. Les conditions ne sont pas les mêmes pour moi, mais je ressens tout de même cet énorme regret de ne pas avoir pu faire quoique ce soit. On aurait tellement voulu les sauver...
Pour les enfants, c'est difficile de ne pas savoir ce qu'ils comprennent exactement. Mes filles n'ont que 2 ans d'écart, mais ne comprennent pas les mêmes choses et c'est compliqué de se mettre à leur niveau et de savoir ce que leur dire. Je fais mon maximum pour les insister à parler et leur dit fréquemment qu'elles peuvent le faire avec d'autres personnes si elles ne veulent rien me dire. Je leur explique (enfin j'essaie) qu'elles ont le droit d'être tristes, en colère, en manque. Je leur dit qu'il les aime et qu'il est fier d'elles. Que moi aussi je suis très triste mais que je suis contente d'être avec elles et que l'on y arrivera ensemble (ce n'est pas évident à dire lorsque l'on a du mal à se projeter, mais je pense que c'est important pour elles d'être optimiste). Je profite aussi d'émissions tv ou de situation dans l'entourage (lorsqu'il y a un décès ou que quelqu'un a perdu un parent) pour leur montrer qu'elles ne sont pas les seules à vivre cela et que ce qu'elles ressentent est normal. A la fois ça me le rappelle aussi. Bref j'essaie de parler au maximum. Je ne veux pas qu'elles refoulent leurs émotions si jeunes.
Malgré ces efforts, car il faut bien le dire, c'est très dur de trouver les mots pour leur parler, mes filles sont très dures entre elles et avec moi. On me dit c'est l'âge, mais je sais très bien qu'il n'y a pas que ça. Le décès, l'arrivée de leur petit frère, le déménagement à venir et tout ce qui découle de ces événements, c'est difficile pour elles. Ça l'est pour nous, donc c'est aussi le cas pour nos enfants. Certes leur insouciance peut les aider, mais elle peut aussi les bloquer car ils ne comprennent pas les choses comme nous. Personnellement, ça me paraît un peu fou que tes enfants puissent "profiter" de la situation. Ils aimeraient mieux avoir leur père auprès d'eux. Je pense plutôt qu'ils souffrent mais ne savent pas forcément l'expliquer donc ça sort d'une manière ou d'une autre. Et toi en tant que maman et en plus seul parent restant, tu te prends tout en pleine face. Ils extériorisent tout sur toi. Ça n'est que mon avis, peut-être vois tu un psy à qui tu pourrais en parler ? Je viens discuter avec quelqu'un qui a perdu brutalement son frère il y a 10 ans. Il est décédé en laissant 2 enfants de 5 et 2 ans et sa femme enceinte. Selon le monsieur avec qui j'ai discuté, les enfants ont été durs avec leur maman dans les premiers temps et ça a fini par s'arranger. Ils sont 3 adorables enfants /ados aujourd'hui.
Pour le sommeil, c'est mieux aujourd'hui. Petit à petit mes phases d sommeil se sont allongées et je mettais de moins en moins de temps à me rendormir entre chaque phase. Vers 2 mois et demi après le décès, j'ai un peu plus intégré que chercher les réponses, refaire des scénario ne le ramènerait pas. Ça m'a un peu aidé pour le sommeil. Je ne m'endors pas de bonne heure car je lis sur ce forum. Je n'écrit pas tous les V jours car l'envie ou la force n'y sont pas forcément, mais je lis chaque soir. C'est très important pour moi et ça m'aide. Je suis fatiguée et je mettrai beaucoup de temps à récupérer, j'en ai conscience. Ce qui m'étonne c'est que l'on puisse tenir avec si peu de sommeil et surtout que je ne sois pas tombée malade, même pas un simple rhume. Peut être lorsque les nerfs lâcheront ?
Enfin, je peux te dire, à bientôt 8 mois, que je vais mieux. Je pense toujours autant à lui, mais plus sereinement. J'essaie de suivre les conseils de d'autres sur ce forum (Stana), en tentant de penser à des souvenirs heureux lorsque les images liées à sa mort et au gouffre qu'il a laissé, me viennent. Je prends petit à petit conscience que plus rien ne sera jamais plus comme avant et que je vais maintenant faire les choix seule. Et que je ne ferai peut-être pas les choses comme on les aurait faites ou comme il aurait voulu les faire. C'était très douloureux pour moi il y a encore peu de temps. J'avais le sentiment de le trahir. Mais là, la trahison s'en va. Je fais mes choix de manière plus sereine, notamment pour la vente future de la maison. On sera mieux ailleurs. Pas mieux que lorsqu'il était avec nous, mais mieux que maintenant. Il n'est plus là, je ne veux plus l'attendre inconsciemment dans cette maison. Le b départ fera très mal je le sais mais j'ai réellement le sentiment que je ne le regretterai pas.
Je l'aimerais à l'infini. Il ne changera jamais et sera toujours l'homme de ma vie. Celui qui m'a apporté tellement de bonheur, qui m'a rendue heureuse. Tout ça je l'ai en moi, ça n'est pas parti avec lui. Je vais souffrir je le sais. Le temps me permettra de m'habituer d'avantage à cette souffrance je l'espère.
Je me dis qu'il faut que je fasse ce que je lui disais de temps en temps ; qu'il ne fallait pas rester dans le passé car on ne peut plus rien y faire (sans l'oublier bien entendu), mais plutôt vivre le présent et aller de l'avant. C'est plus facile à dire qu'à faire mais je vais tenter de l'appliquer en prenant le temps qu'il faudra.
Ici tu as plein de gens qui te comprennent contrairement à ton entourage qui ne sait pas et qui ne peut pas savoir. Je n'hésite pas à dire à mes proches ce que je ressens, en précisant parfois selon la situation, que c'est normal (afin de ne pas leur faire peur).
Je vous envoie plein de douceur à toi et tes enfants !