Comme je te comprends Sofi...Oui, encore un week-end...Je ne sais pas si on s'y habitue un jour à ces week-ends sans notre amour... Nous, on faisait toujours plein de choses; on allait marcher, faire du vélo, sorties le soir ( ciné, resto...) ou simplement rester chez nous à nous faire de petits jeux ( scrabble, cartes, yatzee...) au coin du feu. On aimait tellement nos week-ends...on aimait tellement se retrouver tous les deux...Chaque dimanche soir, en se couchant, on se disait toujours " Quel beau we on a passé!"...
Au début, lorsque j'étais seule, je ne vivais plus que par mon travail.Je voyais avec angoisse le vendredi arriver ( alors qu'avant, lorsque je me levais le lundi, je ne vivais que dans l'attente du vendredi!). Je ne supportais pas de rentrer le vendredi en fin de journée dans ma grande maison vide et silencieuse...plus d'apéro pour fêter l'arrivée du we, plus de moment à passer à me faire belle pour sortir avec mon amour...plus de...plus de...Et le réveil lors de ces jours de congé: juste insupportables...! plus envie de faire la grasse matinée...plus de bonne odeur du café...plus de croissants chauds que tu allais si souvent nous chercher...Plus que le silence oppressant de la maison...Il fallait que je me lève, que je m'occupe, que je sorte...j'avais l'impression que j'allais devenir folle...! Plus le week-end avançait, mieux je me sentais. Le dimanche soir, j'étais souvent apaisée, car je savais que je pourrais retourner au travail le lendemain!! C'est quand même un comble, non ? Se réjouir de reprendre le travail après le we!!
Aujourd'hui, 26 mois plus tard, je commence à supporter...Il a bien fallu que j'apprivoise ma solitude...Je commence à apprécier d'avoir congé, je dors mieux aussi et j'arrive à nouveau à faire un peu la grasse matinée. Le silence de la maison me paraît moins oppressant...On finit par s'habituer à tout...Mais est-ce qu'on a le choix ??
Quand j'ai le blues, c'est à vous que je pense , ami(e)s du forum...Je sais que je ne suis pas la seule à vivre ce que je vis...
Je vous embrasse et vous souhaite un bon week-end malgré tout
Ici, il fait un temps superbe; le ciel est bleu azur, les oiseaux chantent, la nature s'éveille...Finalement, la vie continue...
Suzy

Ah, Karine! Trop dur le médecin légiste.
Quand apprendra t'on aux médecins à être humain?
C'est une critique sévère et pourtant mon père est médecin, mon beau-père aussi, des amis, des relations...

Je me souviens être allée voir mon amie médecin avec le dossier médical de Pierre. Je savais.
Je savais que je devais me préparer, mais j'allais chercher un espoir, un tout petit espoir, une once d'espoir auquel j'aurais pu me raccrocher pour avancer.
      "Bon, il ne faut pas se le cacher, c'est très grave."
      "Mais il y a une chance, non?"
      "Honnêtement? Aucune."
      "Mais ce n'est pas possible, il peut y avoir un miracle? "
      "Non, il faut prendre vos dispositions."
      "Mais ce n'est pas vrai, combien de temps?"
      "6 mois, maxi."
Elle m'a assassinée.
Mais elle avait raison, pour les 6 mois.
Mais quelle brutalité, quelle violence.
Je l'ai haïe, je l'ai maudite.

Trop dur.
Je ne sais pas si j'aurais eu le courage.
Maintenant, tu sais au moins que nous sommes mortels! Mais ce qu'il ne t'a pas dit, c'est que ton Chris était à coté de toi pendant tout l'entretien et qu'il va lui savonner un peu la planche pour venger le mal qu'il t'a fait ce maudit toubib!

Il fait doux mais gris en Champagne. Mais nous n'avons jamais été aussi près du printemps!
Et si, le soleil, sa douce chaleur va nous faire du bien.

Un pas après l'autre, on respire et la vie revient, doucement, tout doucement...

 

Marina

Petite Karine, c'est très gentil et tendre ce que tu me dis là, cela me fait chaud au coeur et cela me fait aussi monter les larmes aux yeux.
Je n'ai pas pu avoir d'enfant avec mon Pierre, et tu aurais pu être ma fille. Je souffre parce que j'ai perdu mon Amour et je souffre de vous voir toutes et tous souffrir comme moi.
Si je pouvais, d'un coup de baguette magique...

Il faut oublier ce médecin légiste, il n'est pas à la hauteur.
Oui, bien sûr que les erreurs médicales existent, les erreurs de traitement aussi, mais la question n'est pas là.
Toi, tu as besoin de savoir si ton Christophe a souffert, et là, tu as une réponse apaisante, au moins, et s'il s'agit d'une malformation cardiaque, auquel cas tu dois surveiller tes enfants, ou d'une fatigue prématurée du muscle cardiaque.
On ne lui demande rien d'autre, enfin si, un peu d'humanité.

Ne garde pas de doute dans ta tête, Karine, cette épreuve est déjà assez difficile. Son coeur s'est arrêté, sans bruit, sans douleur pour lui, probablement sans qu'il ne s'en rende compte. C'est dur, mais en même temps, c'est un passage calme de l'autre coté.

Mon Pierre, je l'ai vu décliner jour après jour, son beau corps se ratatinait et sa peau dorée devenait grise. Chaque jour, je souffrais, tandis que lui continuait à se battre. Et la nuit où... il était si agité que j'ai demandé à l'infirmière de garde de lui faire une injection de morphine pour l'apaiser. Je ne saurais jamais si cette injection a été celle de trop, et cela n'a pas d'importance. Il s'est apaisé, c'est détendu. Au petit matin, son soufle a ralenti, ralenti, ralenti... Il est parti, calme et serein. Je ne voulais rien d'autre, qu'il parte calme et serein.

Pourtant, il m'a abandonné, mon "chum".
Mon Dieu que ce fut dur.
Mon Dieu que c'est encore dur.
Mais cette souffrance est la plus belle preuve d'amour que je peux lui donner.

Tes filles vont t'aider à avancer Karine.
Elles seront ton soutien, ta motivation.

C'est formidable que tu es pu t'occuper de ses affaires, c'est un grand pas, difficile. Une fois que l'on a commencé, on a l'impression de reprendre un peu sa vie en main, parce que cette étape là, on l'a franchie seul(e).
Mais ne te débarrasse pas de tout, fait cela peu à peu.

Je t'embrasse Karine, et si tu as besoin de moi, n'hésite pas, je suis là.

Marina

Mais ce que je n'accepte pas aujourd'hui, c'est que Christophe soit parti à 39 ans, et qu'il ne verra pas grandir ses filles qu'il aimait tant. Je suis en colère et éprouve une telle injustice ...
Mais effectivement, je dois vivre avec cette douleur, ce manque de lui et oui, heureusement mes filles sont là... Mais en même temps, quelle est la vie d'une femme élevant seule des enfants ? Tant de questions ...
J'espère que vous avez passé un week-end à peu près, le thème de cette discussion étant "je hais les week-end".
Je vous embrassse Marina
Karine

Comme je te comprends Karine, nous traversons la meme epreuve. J'ai juste le sentiment d'avoir croisés des policiers, medecins avec beaucoup plus d'humanité ...
je crois que je me suis résignée pour la cause du déces de Yoann. A quoi bon m'acharner pour de nouvelles analyses? moi , j'ai admis cette version que la cause a été si fulgurante que l'organisme n'a pas conservé de traces, comme cette idée d'un spasme qui se relache une fois la vie partie...cela ne me le ramenera pas de toutes les facons.

depuis 2 jours , je suis calme, j'en profite comme il est ecrit sur ce site; je sais des jours sombres reviendront, alors je me repose. je recupère pour etre plus detendue avec mon fils

sofi