Auteur Sujet: Je franchis le pas  (Lu 8471 fois)

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Je franchis le pas
« le: 07 septembre 2016 à 16:08:38 »
Bonjour,
Je ne sais pas par où commencer. .. J'ai besoin d'aide. je ne vais pas bien. Mon mari est tombé malade mi septembre 2015 et il est décédé mi-novembre 2015. Et c'est de pire en pire. Je me cloître chez moi. Oh, certains jours (très rares) je vais mieux, mais la majeure partie du temps, je cogite, je culpabilise car la dernière heure je n'étais pas à ses côtés. Notre dernier fils était là, mais moi non.
Je n'ai rien compris car nous étions allés à l'hôpital pour sa première chimio. Et boum, on nous dit qu'on ne peut pas lui faire, qu'on aurait dû venir avant. Des médecins sont venus, l'ont ausculté. Pendant ce temps j'ai cherché l'infirmière en pleurs pour lui demander si je devais appeler mes enfants. Elle m'a dit en riant : "mais non, pourquoi, vous pensé que sa dernière heure est arrivée !" Détendez-vous ! Calmez-vous ! quelle idée !"
 Alors je me suis dis que j'étais vraiment trop anxieuse et qu'il ne fallait pas que je lui montre mon stress. Alors je lui ai dis que tout irait bien et je suis rentrée avec l'ambulance puisqu'on allait l'opérer en urgence et que de toutes façons il ne reviendrait pas dans la chambre de suite. Mais que je pourrai le voir en soins intensifs le lendemain, les horaires pour les visiteurs étant de telle heure à telle heure... J'ai envie de vomir.  Excusez-moi,J'arrête d'écrire.  A plus tard.
Christine

Hors ligne loma

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #1 le: 07 septembre 2016 à 18:42:10 »
Christine,
culpabiliser est le pire des poisons ... comme de l'acide sur une plaie à vif ... goutte à goutte ...
Marc était en soins intensifs, en réanimation depuis 4 jours suite à un coma, coma fatal . Personne ne m'avait fait part de la gravité de la situation auparavant .Pourtant, tout indiquait une issue fatale et rapide, et ce depuis au moins 3 mois, lui même ne le savait probablement pas, mais le "pressentait", il avait donné ou vendu certains objets auxquels il tenait vraiment , pourquoi ....
Cela m'a aidée à comprendre qu'il ne fallait pas que je m'attache aux choses, seulement aux personnes...

C'est seulement 2 jours avant sa mort qu'un médecin m'a clairement dit que la situation était désespérée, avant on me disait juste que "c'était grave", je m'en doutais , il était dans le coma !!! mais penser qu'il allait mourir ... non !

Ne laisse personne, et surtout pas toi, t'accuser de quoi que ce soi

tendrement loma

J'ai pu contacter sa famille, sa mère , ses 4 frère et soeurs ont à peine eu le temps de faire 400 km pour lui faire leurs adieux. Mais personne n'a eu le droit de rester la nuit de son décès.
"si un jour je meurs et qu'on m'ouvre le coeur, on pourra lire en lettres d'or ... je t'aime encore"  William Shakespeare

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #2 le: 07 septembre 2016 à 19:19:36 »
Merci Loma. Merci de tout coeur.
C'est terrible la culpabilité et je ne peux pas le dire autour de moi : pour nos enfants, je l'ai déjà dit mais ils ne comprennent pas vraiment, mon médecin : elle m'a bien écoutée. Elle m'a dit que tout avait été si vite et que seulement une fois dans sa vie professionnelle, elle avait vu un cas si rapide. Deux mois, c'est rien. La veille du diagnostic, il travaillait encore. Son médecin traitant avait diagnostiqué une pneumonie et aux urgences une bronchite aiguë !
Il me manque tellement après 32 ans de vie commune. Je sais que vous savez combien c'est dur... Et en plus on est aux dates d'anniversaire des premiers symptômes .


Hors ligne qiguan

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #3 le: 07 septembre 2016 à 21:05:07 »
tout est terrible la première année, très dur la seconde et toujours pas facile la 3 ième ...
c'est bien que tu ais pu parler avec ta médecin ! si elle n'a vu cela qu'une fois dans sa carrière c'est effectivement rare
tu n'étais pas là, tu culpabilises mais il était avec votre dernier fils donc pas seul, ce fils a dû te dire les derniers instants
tu peux essayer de te concentrer sur le fait qu'il a eu votre dernier fils avec lui jusqu'au bout
ce que tu décris, objectivement montre que tu n'avais pas tord de rentrer avec l'ambulance, que personne ne pensait à une fin si rapide même pas l'infirmière
mais tes émotions font que tu aurais voulu lui dire sans doute beaucoup de choses et c'est ce qui te fait souffrir : n'avoir pas pu le dire ...
suis tu une psychothérapie ?
dans
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/
tu trouveras un lien : outils
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/boite-a-outils/msg55656/#msg55656
et dedans
le lien vers la psychologie narrative essayes de t'intéresser au processus peut sera t'il une aide.
vas tu dans un groupe de paroles veuvage ?
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Re : Je franchis le pas
« Réponse #4 le: 07 septembre 2016 à 21:38:19 »
Oui, Qiguan, c'est bien cela, je culpabilise de ne pas avoir pu lui dire tout ce que j'aurais voulu lui dire. Tout ce qui me tourne dans la tête.
 Notre fils était là, il n'était pas seul. Et ces dernières paroles ont été : "Ciao mon fils".
 Il était conscient de tout , jusqu'au bout. Il trouvait le temps long et il disait :"Est-ce que les ambulanciers sont passés ?" et comme Maxime lui disait non, il disait :"attendre, toujours attendre". Et se rendormait.
Je suivais une psychothérapie, mais ma psychiatre est partie à la retraite le 1er juillet. Mon médecin me voit tous les 15 jours en ce moment. Elle a connu mon mari les deux derniers mois car c'est elle qui a compris le diagnostic dès qu'elle l'a vu et qui a demandé aussitôt un scanner. Elle l'a donc accompagné les 2 derniers mois.
Mais j'ai envie de lui dire et redire cette culpabilité, mais je n'ose pas. Je n'ose même plus lui parler de mon mari. Sinon je ne parlerai que de çà.
Je vais aller voir les deux sites que vous m'avez communiqués. Je suis contente de m'être inscrite sur le forum. Je ne vais pas dans un groupe de paroles.
Merci qiguan, merci mille fois.
Oui, vous avez raison il faut que je comprenne ce qui se passe ...


Hors ligne Nora

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #5 le: 07 septembre 2016 à 22:37:18 »
La culpabilité est un poison, oui.

Et elle " normale " car elle fait partie des sentiments qui viennent nous bouleverser, qui s'imposent à nous pendant le deuil.
Mais est irrationnelle et irraisonnée.  Il faut l"user, " comme le chagrin, en parler, raconter, encore et encore, mais tu n'entendras pas, n'écouteras pas, ceux qui te disent que tu n'as pas à te sentir coupable.

Tu as besoin que l'on reconnaisse ta culpabilité, sans porter de jugement. Ton médecin, s'il a été formé au deuil, devrait pouvoir t'entendre.

Et tu peux partager ici en toute confiance, ce sentiment nous le connaissons, ou nous l'avons tous connu.

Nous comprenons et nous savons.

Je t'embrasse

Nora



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Re : Je franchis le pas
« Réponse #6 le: 08 septembre 2016 à 07:58:42 »
Vos mots déjà me parlent, me calment, me comprennent. Que cela me soulagent !
 Oui, c'est çà Nora, j'ai besoin de parler, parler, raconter, dire, et redire, mais qui autour de nous peut supporter cela ? Pour eux, nous devons parler d'autres choses. Ma soeur me dit que je n'ai pas besoin de parler de çà, me dit au téléphone :"Bon !" et me parle d'autres choses...
Je me sens une intruse dans la vie courante.
Mais déjà nos échanges me font tellement de bien. C'est comme une ouverture, une porte qui s'entrouve.
Merci.
Christine



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Re : Je franchis le pas
« Réponse #7 le: 08 septembre 2016 à 09:11:52 »
Nos proches souhaitent nous voir aller mieux, mais ne comprennent pas nos besoins, notre souffrance, et voudraient nous voir faire un "deuil TGV" ... Il s'agit de maladresse et d'ignorance, plus que d'un manque de bienveillance, ils ne savent pas comment réagir. J'ai eu souvent plus d'échanges avec de parfaits inconnus qu'avec ma propre famille.

Et je ne compte plus les "phrases d'encouragement " qui font mal : "il faut tourner la page" "il faut avancer" "sortir la tête de l'eau" "passer à autre chose ..." Nous n'avons pas envie d'entendre cela.

Tu nous dis : "c'est bien cela, je culpabilise de ne pas avoir pu lui dire tout ce que j'aurais voulu lui dire. Tout ce qui me tourne dans la tête."
Alors pourquoi ne pas lui écrire, tout ce que tu ressens, que ce soit ici, ou sur un simple cahier, afin , comme dit justement Nora "d'user" cette culpabilité

tendrement loma
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Hors ligne qiguan

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #8 le: 08 septembre 2016 à 09:45:08 »
Oui écrire de x façon
trouver à qui parler :
centre médico psychologique de ta ville (c'est gratuit)
groupe de veuvage
parler ici
personne ne juge ta culpabilité, la dire x fois et pouvoir en sortir = passer à une autre partie du deuil car beaucoup viendra aussi autre et après ...
tu es au bon endroit
lire les autres t'aidera aussi
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Re : Je franchis le pas
« Réponse #9 le: 08 septembre 2016 à 13:46:14 »
Merci Loma, merci Qiguan,
Déjà, de vous avoir parlé m'a fait du bien, car ce matin, je suis allée à un cours d'essai de yoga gratuit. Alors que je n'avais pas bougée depuis des semaines. Et çà m'a fait du bien.
Quand je suis rentrée mon fils s'était inquiété de mon absence et il était prêt à quitter son travail et à faire les 120 kms  qui nous séparent pour savoir pourquoi je ne répondais pas au téléphone ... Comme avant- hier, il avait senti que je n'allais pas
très fort. 
Je lui ai expliqué où j'étais et que j'essayais de penser à moi. Il était tout heureux ! Mon Dieu, la dernière chose que je veux est qu'il s'inquiète pour moi à ce point.
Je vais suivre votre idée et aller m'acheter un beau cahier et écrire à mon mari, mon amour. Je vais me laisser glisser sur votre soutien et vos idées pour passer cette journée, puis peut-être une autre ...
Merci.
Tendrement


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Re : Je franchis le pas
« Réponse #10 le: 08 septembre 2016 à 14:12:29 »
Qiguan,
C'est quoi cette méthode EMDR. C'est magique !!?? Je viens de la faire. J'ai fondu en sanglots au cours de l'exercice et à la fin, je souriais à ce ballon qui me souriait et qui jouait avec mes yeux. Son sourire au début ne me concernait même pas.  C'est incroyable !! Je ne connaissais pas cet exercice et n'en reviens pas.
IN CRO YA BLE !
un grand merci à toi.

Hors ligne qiguan

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #11 le: 08 septembre 2016 à 14:22:31 »
tu liras beaucoup sur cette maison en cherchant sur internet
tu découvriras que c'est le Dr David Servan Schreiber qui a contribué à la faire connaître en France
Fais la connaître et tu peux en abuser pour t'aider cela ne t'épargnera certes pas tout le deuil mais lève des obstacles l’empêchant de se dérouler logiquement.
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En ligne Stana

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #12 le: 09 septembre 2016 à 11:22:43 »
  Bonjours nous. J'espère que ce forum, en plus d'autres techniques, continueront de te faire de plus en plus de bien.
  Ton deuil est encore tout réssent, il est naturel-aussi cruelle que soit la nature en l'occurrence-que tu éprouve un sentiment de culpabilité. Pas parce-que tu es coupable de quoi que ce soit en réalité, mais parce-qu'on est tellement submèrgé par l'injustice de ce qui nous est arrivé, que c'est tellement incompréhensible, inconcevable pour nous que nous cherchons un "coupable", et qu'à défaut de pouvoir en trouver nous retournons cette "culpabilité" imaginaire contre nous. Nous sommes tellement en colère-une colère impuissante, donc d'autant plus douloureuse-que nous avons besoin d'exprimer cette colère, alors nous nous en prenons à nous. Ca fait partie des étapes du deuil, mais c'est totalement irrationnel.
  Tu as été présente pour ton conjoint durant sa maladie, tu l'as entouré de tout ton amour, vous saviez qu'il allait très mal, vous avez passé ensemble le temps qu'il lui restait, vous vous êtes dis adieu à votre manière. Tu ne pouvais pas savoir qu'il allait partir si vite, les médecins eux-mêmes ne le savaient pas. Vous avez eu le temps de vous témoigner tout votre amour, c'est ce qui importe.
  J'ai èprouvé moi aussi la phase de culpabilisation: mon compagnon est décèdé le 2 mai 2015, après une semaine de coma profond, suite à une chute dans ses escaliers. Nous vivions ensemble depuis un an, sauf une nuit par semaine que je passais dans mon appartement officiel, et c'est justement un de ces soirs-là qu'il est tombé en remontant dans son appartement, 10 minutes après mon départ m'a-t-on dit. J'ai culpabilisé les premiers temps, de ne pas être restée avec lui cette nuit-là, d'être tranquillement rentrée chez moi en profitant du beau temps et m'être assise devant mon ordinateur alors qu'il ètait inconscient dans ses escaliers, une heure durant, ses chances d'être sauvé diminuant de minute en minute j'imagine  :'(heureusement, comme je connaissais déjà les mécanismes de la culpabilisation, j'ai assez vite surmonté cette phase.
  Ce qui m'a fait le plus culpabilisé sur le moment est d'avoir été dans une sorte de déni durant toute la semaine qui a suivis sa chute. Je ne voulais pas voire, savoir qu'il allait mourir, je m'accrochais au minuscule espoir qu'on m'avait laissé. J'ai juste demandé aux médecins: "Est-ce-qu'il a une chance?" "Oui il a une chance", m'a-t-on répondu. Ils ont dû sentir que je ne voulais pas en entendre plus. "Une chance", je savais très bien ce que ça voulait dire, comme quand quelqu'un d'autre m'a dit, durant le temps où il a été dans le coma "La médecine fait des miracles de nos jours" Je n'ai pas relevé ce que le mot "miracle" implique de hautement rare et improbable, c'était mon rayon de soleil.
  Je sais que je lui ai dis adieu à ma façon, sans le formuler ainsi, que je l'ai accompagné sans en avoir l'air, puisqu'au fond de moi je savais, mais qu'à ce moment-là ç'aurait été trop insoutenable. Après avoir appris l'heure de son décès, 10H30 du matin, j'ai culpabilisé parce-que juste avant, j'ètais en train d'écrire sur un forum, chez moi-non par insouciance, tu t'en doute bien  :'( mais pour m'occuper un peu les mains et l'esprit, ne pas me laisser submèrger par l'angoisse. Mon dernier post sur le forum en question est immortalisé à tout jamais comme ayant été envoyé à 10H09, alors que mon compagnon vivait ses tout derniers instants  :'( j'ai culpabilisé de ne pas avoir été auprès de lui, de n'être allé à l'hôpital que vers 3H de l'après-midi.
  J'ai pus surmonté ces horribles impressions parce-que je sais intimement que je l'ai accompagné comme je le pouvais à ce moment-là et qu'on m'a dit qu'il ètait parti paisiblement. Si j'avais sus, bien sûr que j'aurais été auprès de lui jusqu'à son dernier souffle. En fait un de mes proches était, il y avait un an de cela, été dans le coma pendant 2 mois suite à un AVC et s'était remis au bout de 8 mois de rééducation, j'avais voulu croire, de toute mes forces, que ce serait pareil, et j'avais voulu croire aussi que l'état de mon ami resterait stable pendant un bon bout de temps.
  Je sais qu'il n'aurait pas voulu que je subisse un traumatisme supplémentaire, et qu'il a probablement pus sentir ma présence lorsque je lui ai dis à l'oreille, lors de mes visites à l'hôpital, combien je l'aimais  :( :)

  Si j'ai pus surmonter cette phase, tu pourras y arriver aussi,-j'espère bien! Tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir, tu ne l'as pas abandonné et il est parti sans souffrances supplémentaires, vec la certitude de votre amour intact, de votre lien.

  Je peux aussi témoigner qu'avec le temps, insensiblement, le côté insoutenable de la souffrance, du manque de l'Autre s'adoucissent, non que nous oublions, très loin de là, mais la grande douleur se change peu à peu en douce mélancolie, en nostalgie pleine de tendresse. Je pense à Pierre, mon compagnon, en permanence, dans les bons comme dans les mauvais moments il est toujours là, en arrière-plan, et la plupart du temps, ces pensées sont empruntes de paix, et les bons souvenirs me font sourire. Il y a encore des moments beaucoup plus difficiles mais je les accepte parce-qu'ils sont inévitables et que je sais que plus de sérénité finit toujours par revenir. Un jour après l'autre...

  Je te comprends entièrement, je sais ce que tu vis et je suis de tout cœur avec toi  :-*
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : Je franchis le pas
« Réponse #13 le: 09 septembre 2016 à 21:09:15 »
Stana,
Oh que ton message parle à mon coeur, à mon âme. Que tes mots sont justes ! Nous avons vécu les mêmes émotions. notre culpabilité se ressemble. Elle s'immisce dans le moindre interstice de notre esprit.
Tu vois aujourd'hui je n'étais pas bien.  J'ai regardé des photos prises il y a juste un an jour pour jour. Notre fils qui vit en Chine était venu nous rendre visite avec son amie pour une semaine. Le hasard lui avait fait avancer son voyage d'un mois. Nous avions prévu de faire connaître la région à son amie. Nous l'avons fait. Le 9 septembre (juste un an pile), il était fatigué. Et moi, je plaisantais en disant qu'il en faisait une comédie pour une petite pneumonie. Il me souriait tendrement. Finalement, il m'avait demandé d'aller chercher la voiture au parking car lui ne pouvait pas. Je l'ai fait, mais j'ai un peu pesté intérieurement. Mais çà il ne l'a pas su. Je lui ai dit oui mon chéri, ta petite femme est trop gentille ! Et il souriait. Le lendemain, il a préféré rester à la maison. Nous étions un peu tristes qu'il ne vienne pas, mais je trouvais qu'effectivement il semblait bien fatigué et j'étais rassurée qu'il fasse une petite sieste.
Aujourd'hui j'ai vu une photo prise au repas le soir. Hervé avait les yeux dans le vague  devant son assiette, la main sur le menton. Il réfléchissait. Il devait se demander ce qu'il lui arrivait. Et moi, insouciante, je le photographiais... Le lendemain notre fils repartait et nous les avons accompagnés à l'aéroport.  Hervé a conduit, ce qui nous a tous rassuré certainement. et l'après-midi  il a passé son scanner. Je n'étais même pas avec lui. Çà ne m'a même pas effleuré l'esprit, de l'accompagner. Je suis restée à la maison et j'ai lui le journal. Dès qu'il est rentré, je lui ai dit : "Ca y est, je sais ce que tu as, c'est .... ".je ne sais plus quelle maladie circulait à l'époque dans la région. En tous cas, ils en parlaient dans le journal. Et lui m'a dit :"non, c'est une tumeur." Le monde s'est effondré d'un coup. Mais non, mais non, c'est pas çà ! C'est ...
Il a appelé le médecin, elle nous a dit de venir de suite. Et dans son cabinet, j'ai pleuré, pleuré". Et Hervé me prenait la main pour me rassurait. Il me prenait toujours la main sans rien dire. Il écoutait tout ce que disait le médecin et moi, j'était dans du coton.
Après, les jours suivants, il a appelé un à un nos 4 enfants pour leur annoncer et leur a dit à tous de ne pas paniquer, il allait surmonter cela, puisque son état général était bon. Et c'est vrai. Il n’avait pas l'air malade.
Au fil des semaines, il a eu l'air malade...
Cela m'a fait du bien de te raconter tout cela. Ma culpabilité commence ici. Dans tous ces petits détails.
Merci de ton message, Stana, je ne sais pas quand je serai plus apaisée. Mais actuellement j'ai toujours envie de lui raconter quelque chose !! Il me manque à chaque instant.
Merci, Stana, pour ton message. Je ressens aussi ta douleur et ton amour pour ton compagnon. Cela transpire à chaque ligne.


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Re : Je franchis le pas
« Réponse #14 le: 10 septembre 2016 à 15:25:26 »
Bonjour, tu as culpabilisé de ne pas être la mais sache que même pour moi qui est été là jusqu'à son dernier souffle je culpabilise aussi.
Je culpabilise de ne pas lui avoir assez dit je t aime,  je culpabilise de l avoir laissé souffrir et surtout je culpabilise de ma réaction de peur vis à vis de cette vie qui partait.
Cette image me hanté lui et son dernier souffle, lui et ses yeux vide il faut être fort très fort pour surmonté cela.