j'ai cru comprendre que la souffrance augmentait au contraire avec le temps . Il n'y a pas 36 solutions pour mettre fin à ces douleurs.
La souffrance atteint sans doute un point culminant, à partir duquel chacun réagit différemment.
Certains sombrent dans le sommeil (les pleurs, les médicaments et la dépression en période éveillée), d'autres une sorte de folie, et puis beaucoup arrivent à un moment à avancer de nouveau d'une manière ou d'une autre.
La folie est un moyen de défense du cerveau face à l'insoutenable.
Ce point culminant de la douleur peut-être extrême pour certaines personnes comme c'était mon cas, c'est à dire simplement le moment où l'on souhaiterait sincèrement être mort tellement ce cauchemar est abominable. Mais on ne peut pas car on n'est pas mort ! On ne meurt pas même si on le souhaite !
2 ans et demi après le décès de ma femme, je le dis sans complexe même si j'ai recommencé des projets, même si j'ai passé un cap voire des caps d'après mon entourage, il vaut mieux 100 fois mourir que de vivre ce cataclysme. Mais après on peut arriver à avancer de nouveau, je crois...
"Avancer de nouveau d'une manière ou d'une autre", ça veut dire beaucoup de choses... C'est sombrer dans la déchéance, dans l'alcool ou dans la dépression absolue, c'est recommencer une nouvelle vie, c'est se focaliser sur ce qui reste au milieu des ruines (les enfants, le travail), c'est se tourner vers d'autres horizons (la religion, des croyances, la méditation, etc), ou c'est encore essayer de bricoler ce qu'on peut. "Faire avec" la souffrance.
Je ne pense pas que la douleur, après avoir atteint son point culminant, augmente encore et encore et encore. Il ne faut pas trop l'alimenter (ce qui ne veut pas dire "oublier" et tout recommencer).
Après, disons que la souffrance arrive de façon fluctuante, comme la colère, la culpabilité et tous les mauvais sentiments. Puis peut-être qu'elle se banalise , que l'on s'habitue à une certaine souffrance, peut-être qu'elle s'aténue, c'est difficile à dire. Encore une fois chaque personne est différente et je ne peux que regarder mon expérience personnelle mais je crois que l'on peut arriver à vivre et à avancer, du moins on peut essayer.
De toute façon il n'y a que cela à faire, une fois qu'on retrouve un peu d'énergie et de force ce qui prend du temps.
Toute cette phase, interminable, où la douleur occupe la majeure partie de la journée, ne permet pas de se projeter un peu en avant, on est dans l'ombre froide. Mais parfois, pour beaucoup, un peu d'énergie revient, un peu de quiétude...
Il faut garder un certain espoir pour soi-même et son entourage, surtout pour ses enfants si l'on en a. Déjà l'espoir que la douleur soit plus supportable. Je ne sais pas si ce processus est normal et s'il se fait tout seul où s'il faut l'aide de son entourage, voire de professionnels, ou s'il faut faire un travail de méditation, de réflexion... Mais à un moment, je pense que l'on peut arriver à sortir un peu du cauchemar, et revivre, avec bien entendu de terribles blessures et un manque infini, parfois, souvent.