Je pourrais écrire beaucoup des mêmes mots que vous.
Bientôt 10 mois qu'il est parti, et j'en suis encore souvent à me dire "j'ai l'impression que je deviens folle", tant cette réalité de l'absence est insupportable. Dans les premiers mois, je me disais aussi " Je raisonne comme une enfant; je fais comme s'il était parti en voyage et qu'il allait bientôt revenir"; C'était aussi comme si, comme une enfant, je me disais, je lui disais "Tu as été mort assez longtemps; j'ai bien compris ce que ça fait; reviens maintenant!"
Il y a plein de jours où, comme vous, je me suis dit, où je me dis "Je voudrais le rejoindre" Et puis des fois aussi où je me dis "Je voudrais partir, juste pour que cette souffrance indescriptible s'arrête".
Mais j'ai trois enfants, et jamais, je ne les abandonnerai.
Et puis, comme l'écrit MADR, tout porte à croire que mettre fin à ses jours ne soit vraiment, mais vraiment pas le bon moyen pour rejoindre un être aimé. Pour ça, les discours ne varient pas beaucoup selon les âges: les catholiques vous disent que c'est un péché, et ceux qui croient au karma vous disent que si vous mettez fin à vos jours, vous devrez revivre ce que vous n'avez pas affronté dans cette vie... Personnellement, ça ne me tente pas. Même si je n'avais pas mes trois enfants, je ne serais pas prête à prendre ce risque. C'est dur et j'ai le sentiment d'une forme de chantage céleste, mais ce qui compte le plus pour moi, c'est de retrouver un jour mon Aimé, même si je dois pour ça poireauter encore 40 ans en cette vie.
Finalement, le plus beau et le plus encourageant est ce que mon jumeau m'a transmis une fois ; il "dit": "Si tu DEVIENS, nous nous retrouverons mieux". Il exprime par là que si je continue mon chemin et que j'accomplis ce que je peux encore faire mieux dans ma vie, nous nous retrouverons pleinement.
Alors, j'avance au jour le jour en m'accrochant à ça. Je ne veux pas me projeter dans 10 ans, ça, ça m'est insupportable. Mais je suis debout un jour après l'autre.
Si il était là avec vous que voudriez-vous faire? Qu'aimiez vous faire dans votre vie lorsqu'il était là? Il n'existe à mon sens aucune solution miracle au deuil; chacunE bricole sa survie jusqu'à parvenir à reprendre le dessus si possible.
Mais se dire, "Je vais faire aujourd'hui pour moi, ce que j'aimais faire pour moi quand il était là" peut être un moyen de tenir la route, pas après pas, jour après jour.
Et un jour, après avoir fait tous ces pas, vous le retrouverez.
Les vrais héros ne sont pas à mes yeux ceux qui sont debout sur le champ de bataille mais ceux/ celles qui sont debout quand le champ de bataille est à l'intérieur d'eux-mêmes.
Tenez bon!