Bonjour Thierry,

Ce besoin de m’exprimer est venu rapidement après son décès et cela m’a permis d’évacués le trop plein d’émotions et de souffrance.

Tu le dis toi même, ce besoin d'écrire ce qu'on a au plus profond de soi permet de déverser les émotions qui nous déchirent. Il faut en user tant qu'on en a besoin, c'est une bonne thérapie.

Depuis le décès d’Odile, je ressens des changements en moi, plus d’empathie, tout me touche, m’atteint plus qu’avant. Est-ce que cette « hypersensibilité » perdure dans le temps, ou est-elle simplement liée à notre état émotionnel du moment ?

Je ne suis pas assez "ancienne" pour dire si cet état d'esprit perdure dans le temps, mais, comme toi, j'ai basculé vers plus d'empathie, je ressens plus de sensibilité devant les malheurs du monde. Et aussi, je me trouve nettement plus désintéressée sur le plan matériel. Je donne pour aider.
Je pense qu'on a plus ou moins cette disposition suivant notre parcours de vie et notre personnalité, il y a des personnes naturellement  plus à l'écoute que d'autres.
Faik et Qiguan ont cité leurs deuils rapprochés et multiples. J'ai également eu une vie chaotique, un frère mort sur le coup dans un accident quand j'avais 13 ans, un père alcoolique décédé lorsque  j'avais 20 ans. Mes bases de vie ont été bousculées avec ces épreuves, mais j'avais réussi à retrouver un équilibre avec Laurent. Son départ soudain a certainement du faire ressurgir de vieilles blessures et développer cette hypersensibilité dont tu parles.

De plus écrire pour d’autres, je pense que cela m’aide moi-même.

Oui, c'est pareil pour moi. Mettre des mots sur les maux des autres revient à en mettre pour nous mêmes, à analyser toutes les émotions qui nous torpillent au travers de celles des autres.
Continues à le faire, à ton rythme surtout, quand tu en éprouves le besoin.
Amicalement


 

voir
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/ce-qui-change-en-nous/msg49139/#msg49139

oui ce forum est précieux car il permet très concrètement de voir les différences et les choses plus semblables 
c'est pour cela que j'ai compilé dans
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil-de-son-conjoint/en-guise-de-table-des-matieres/

Tu ne seras entouré que de personnes bienveillantes. Qui pourront comprendre tes émotions même si tu redoutes qu'elles soient débordantes... Peut-être même que certaines se sentiront ainsi  plus libres et s'autoriseront à partager ou communiquer les leurs avec toi.
C'est un moment difficile bien sûr mais c'est aussi un moment de partage, et l'occasion de resserrer si c'est possible les liens forts qui existent déjà.

Bien à toi,

Faïk

Thierry, je souhaite sincèrement que cette réunion de famille soit l'occasion d'évoquer des souvenirs heureux d'Odile afin d'adoucir un peu le manque de sa présence à tes côtés.  Et même si tu craques, ne crains pas de plomber l'ambiance, je rejoins Faik sur la probabilité de libérer les autres de leur retenue de peur de raviver ton chagrin.

Cette souffrance qui revient sans cesse, qui empire même ces derniers temps

C'est tellement récent, à peine plus de 3 mois, c'est normal d'être encore plus mal qu'aux premiers temps, tu vas avancer pas à pas et franchir les étapes. C'est long, c'est insupportable, mais il faut que t'en persuades pour retrouver une petite lueur d'espoir comme l'écrivait Poète ce matin.
Amicalement à tous

 Thierry

Toutes les premières fois sont difficiles, avec une chape d 'appréhension et le jour venu tu seras à la hauteur,  quelque soit tes ressentis tu ne gâcheras rien , l'émotion seras présente , Odile sera dans tes pensées et tu feras au mieux  cela n'en doute pas
Ce nouveau pas sera une victoire pour toi , et tu pourras dire je l'ai fait
Amitiés

Bonjour,
Ma première réunion en famille et amis vient de se terminer, tout le monde est reparti, la maison est de nouveau bien vide.
Cela s’est bien passé, dans le sens où je n'ai pas craqué. Les conversations allé bon train, mais moi, je n'étais pas vraiment là, je répondais quand on me questionnait, souriez quand il le fallait, mais sans vraiment participer. Personne n'a parlé d'Odile, je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou être en colère. Après leurs départs, j’ai laissé libre cours aux larmes, je suis épuisé, les jours précédent on était dur et très peu de sommeil. Ma fille a elle donnée comme consigne de ne pas aborder le sujet, possible, si c’est le cas, comment lui en vouloir, ça part d’une bonne intention.

Amitiés a toutes et tous.
Thierry.

Il ne faut pas en vouloir à ta fille, c'est certain qu'elle voulait, avant tout, te préserver. Ce qu'on peut prendre parfois pour de l'indifférence ne l'est pas. Un jour, je crois que c'était après 3 mois, j'étais tellement frustrée que plus personne n'aborde le sujet que j'ai carrément posé la question. On m'a répondu : ah bon on peut en parler ?  Et ça a ouvert une porte.
Quant à se sentir spectateur plutôt qu'acteur, c'est un passage obligatoire. Les premiers mois, j'avais du mal aussi avec les invitations,  je ne tenais pas longtemps, c'était toujours trop long car il me fallait jouer un rôle. Et puis un jour je me suis surprise à apprécier une soirée, à être plus légère, sentir que je m'intégrais dans le groupe.
Courage Thierry, on est là