Bonjour Philippe.
Je suis dans le même cas: inaction.
En fait, durant les deux premières années, j'ai travaillé comme une poule pas de tête... et puis... PAF, j'ai dû arrêter, mon corps et mon intellect, surtout mes émotions ne suivaient plus l'horrible rythme de travail. Ça fait 3 ans que mon mari est mort (cancer aussi), me laissant avec une petite de 7 ans. Vraiment seule: la famille n'était pas présente.
J'ai mis de côté mes pensées pour survivre: travailler, faire semblant, être toujours décalée entre ce que vivent les autres et ce que je vis, ce que je dis et ce que je pense. Ne jamais être "là", quand je suis "là", mais ailleurs, n,importe où sauf le moment présent.
Les premiers mois d'arrêt: j'ai enfin pleuré, pleuré et encore pleuré. Dans l'auto, devant un feu de bois, en voyage (7 500 km de voyage de Québec à Fargo (seule) + et le retour avec ma fille...). Pleurer en écoutant les 50 petits vidéos qui sont disponibles ici, et en réécoutant les 70 minutes de vidéo du "professionnel du deuil". Devant la petite: ça lui a fait du bien que je sois devenue honnête, même si c'est difficile de voir quelqu'un être trop émotif.
Par contre, c'est un cadeau que je lui ai fait: si on en vit pas ses émotions (douces ou difficiles), elle-même ne pourra jamais être honnête avec elle. Et c'est une misère de vie, quand on n'est pas soi-même, mais "une personne toujours ailleurs".
Le vidéo de 70 minutes:
http://www.inrees.com/videos/190/Je l'ai vu 4 fois. Dont deux fois avec une de mes soeurs et une amie (qui l'ont visionné la moitié, tout de même). Ce qui est aidant, c'est le ton de l'interviewé, Christophe Fauré. Il dit "C'est normal ce que tu vis". C'est souffrant. Et si ce ne l'était pas, ça veut dire que tu ne serait pas autant attaché à ta douce...
En fait, c'est un signe que tu sais donné de l'amour. C'est beaucoup ça!
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Arrêter, comme tu le fais, c'est bon. Il faut te confronter à ta douleur, ce que tu sembles réaliser, en ce moment. Pas facile et surtout: SI LONG!!!!
Une chose qui tue, c'est la culpabilité. Je suis en train de tout faire pour qu'elle ne soit pas aussi présente. Ça ne sert à rien, ça ne sert qu'à me mettre au fond du trou un peu plus vite.
Allez, bon courage, cher Philippe, et que ta solitude soit libératrice.
Caroline à Québec