Merci Qiguan

oui, ces rituels ont un effet apaisant sur moi, et font partie des repères dont j'ai besoin dans mon mode de vie. J'ai d'autres repères bien sûr, mais ces petits rituels (certains quotidiens, d'autres plus occasionnels) en sont une part importante, qui contribue beaucoup à l'èquilibre que j'ai trouvé. Quoi qu'il arrive dans ma vie, ils sont toujours là, comme ça a toujours été le cas ces dernières années-certains remontent à 10 ans

peu à peu, j'ai appris à les vivre positivement, et, si besoin est, ils m'apportent toujours du réconfort dans les moments plus difficiles de ma vie. Et dans les moments plus heureux, ils contribuent à mon bon état d'esprit, ils sont indissociables de tout le reste.
Il y a deux deuils-dont l'un n'a pas l'air d'en être un, mais c'est pourtant bien le cas-dont je souhaiterais parler, parce-que je ne les ai jamais èvoqués ici, et qu'ils ont leurs particularités. Ils remontent à loin, mais je n'ai pas oublié, et il y a longtemps que je prèvoyais d'en parler un peu.
Comme je l'ai déjà dis, j'ai la conviction que nous avons des âmes-soeurs non seulement en amour, mais aussi en amitié. J'ai parlé de certaines de ces amitié, mais il y en a bien sûr eu d'autres. L'une d'entre elle peux peut-être surprendre, mais elle m'a énormément apporté dans ma vie: Il s'agissait d'une dame que j'ai connue une grande partie de ma vie, et que j'ai toujours percue comme une véritable âme-soeur, de celles que l'on est destiné à rencontrer dans notre vie, dans un but bien précis pour les deux personnes

quand je l'ai connue, j'ètais très jeune, et je la voyais déjà comme une femme âgée, mais nos idées, notre façon de ressentir ont toujours été extrêmement proches, et je me suis toujours sentis sur la même longueur d'ondes qu'elle, autant qu'il est possible de l'être avec quelqu'un
Cette dame, que j'appelerai madame W. , habitait dans une petite ville proche de la mienne, et on se voyais très souvent. Elle trouvait toujours les bons mots lorsque je n'allais pas bien, et, le reste du temps, nos échanges étaient de toute façon toujours passionnants. C'est ètonnant comme nous avions d'opinions, croyances, goûts...en commun, et nous pouvions parler de tout. Mëme au cours de mes divers déménagements, je n'ai jamais perdu le contact avec elle; on continuait de s'écrire, de se téléphoner...et je lui rendais visite de temps en temps. Nous nous faisions des petits cadeaux aussi.
Madame W. a été là dans les meilleurs moments comme dans les pires, notament le décès et le deuil de Pierre

elle fait partie de ces personnes qui m'ont vraiment apporté quelque chose durant cette terrible èpreuve, sans jamais commettre de maladresses, comme tant d'autres. Elle était alors très âgée, mais nous étions toujours sur cette même longueur d'ondes qui avait toujours été la nôtre

c'est quelques années après qu'on s'est perdues de vue, je ne sais pas pourquoi au juste...j'ètais alors prise dans mes problèmes personnels, je crois, et je me disais que je l'appelerais, ou lui rendrait bientôt visite...nous nous étions toujours retrouvées, même après des absences, je ne m'en faisais pas.
Le temps a passé sans que je m'en rende compte, et, un jour, je me suis rendu compte que si j'essayais de l'appeler, ou sur j'allais la voir, et que j'apprenais qu'elle ètait décèdée (c'était possible, elle avait plus de 95 ans alors

), ce serait extrêmement difficile pour moi. Après ce terrible deuil que j'avais vécu, et n'ètais pas encore remise

je m'en voulais , je me disais régulièrement: "Je vais aller la voire", je n'y arrivais pas...c'est peut-être humain après ce premier traumatisme, mais je ne m'en veux pas moins pour autant de ne pas avoir essayé au moins, ou, mieux encore, de ne pas avoir renoué avec elle quand peu de temps était encore passé, et que je n'avais pas ces craintes.
Maintenant, la question ne se pose plus: ellle n'est plus de ce monde, c'est impossible autrement. Pourtant, je n'en ai parlé clairement avec personne, je n'ai même pas osé demander à mon père-qui habitait alors la même ville-ce qu'ètait devenue madame W. . Même à l'heure actuelle, ça me ferait tout drôle d'en entendre parler, de savoir où son corps est enterré, d'aller sur sa tombe, de connaître la date précise...je le ferai peut-être un jour, une partie de moi le souhaite. J'espère juste que là où elle est maintenant, elle sais que je l'ai toujours aimée, et que je n'ai pas voulu l'abandonner

je sais que je ne "voulais" pas vivre un nouveau deuil, mais je l'ai vécu sans en avoir l'air, les étapes étaient bien là, sous d'autres formes. Il m'a d'ailleurs fallu du temps pour accepter qu'elle n'était plus là, que je ne la reverrais plus dans cette vie-ci.
J'ajouterai juste que cette dame était extrêmement positive, bonne vivante, prenant la vie du bon côté, un peu à la manière de Jean-Louis et de Marie-France, mais plus encore

c'est en grande partie grace à elle que j'ai appris à savourer les petites joies du quotidien; par ailleurs, nos modes de vie étaient très proches, et elle reste l'un de mes modèles, un peu comme ma grand-mère maternelle. Je repense souvent à nos longues conversations, à sa façon de voir la vie, les choses...et, en tout un tas de circonstances, je me demande: "Qu'aurait dit madame W. ?" et ça m'aide beaucoup. J'ai des pensées quotidiennes pour elle, et j'ai aussi mes petits rituels la concernant...oui, c'était bien un deuil, un deuil caché, et qui a aboutit à cette acceptation, et avec les souvenirs et rituels qui vont avec. Même s'il y a toujours un sentiment de culpabilité, je pense à elle avec sérénité, et suis reconnaissante à la vie de m'avoir permis de connaître cette femme extraordinaire (beaucoup d'autres personnes, et de tout âge, le disaient) . En parler ici est une manière de lui rendre ouvertement hommage. L'une de mes âmes-soeurs...
Je ne sais pas si d'autres personnes ont vécu ce genre de deuil, mais je suppose que oui....je ne savais même pas que c'était possible, vant de réaliser, avec toute la perspective, que c'est bien ce qui s'ètait passé.