A propos de ce que je disais sur ces petits souvenirs que je garde de mes aimés et qui sont, pour moi, tout aussi précieux que les souvenirs que j'ai d'eux dans ma mémoire, je voudrais juste ajouter une chose, à laquelle j'ai pensé ces jours-ci:
Honorer leur mémoire chaque jour de cette manière fait partie de mon quotidien, et en est un élément indispensable, avec toujours cette même émotion très douce, mais j'èvite d'en parler autour de moi-pas de cette manière en tout cas, c'est plus prudent. Je sais par expèrience qu'un certain nombre de personnes ne comprendraient pas, pas plus qu'ils ne comprendraient ma foi personnelle, les petits signes qu'ils m'envoient-j'en ai la conviction-ou lorsque je ressens leur présence, en telle ou telle occasion. C'est le genre de choses qu'il vaut mieux èviter de raconter, sauf à des personnes très ouvertes, ou partageant au moins une partie de mes croyances. Durant les années de mon premier deuil, je me livrais trop, et sans discernement, et j'ai beaucoup souffert des "petites phrases dont on se passerait bien" que ça a provoqué

il m'a fallut des années pour me corriger de ce point de vue, mais depuis que je l'ai fait, je suis plus sereine

les petites phrases désagréables sont inévitables de temps en temps, mais il faut tout faire pour qu'il y en ai le moins possible.
C'est aussi pour ça que quand l'occasion se présente de parler un peu tout ça, je le vis comme un don particulièrement précieux

et je continue dans tous les cas de parler de mes bien-aimés Pierre et Jean-Philippe-de temps en temps, sinon les gens, bien-intentionnés ou non, pourraient croire que ces deuils sont toujours source de souffrance pour moi, que je "n'avance" pas, et les petites phrases repartiraient de plus belle. De plus, je n'aime pas qu'on interprète mal mes paroles. Il n'en reste pas moins que c'est important pour moi d'èvoquer leur mémoire, en espaçant à chaque fois; je ne veux pas que l'on croit que je les ai oubliés, tout simplement laissés derrière moi. Pour leur mémoire, et pour ce que nous avons vécu,J'ai trouvé un juste milieu au fil des années, et je continue de me surveiller.
Je peux parler un peu plus souvent des souvenirs matériels qu'ils m'ont laissé, par exemple dire, dans le courant d'une conversation et sans trop appuyer,, que je porte un tee-shirt, ou autre vêtement, ayant appartenu à Pierre ou à Jean-Philippe, ou que tel plat était l'un des prèfèrés de l'un ou de l'autre, ce genre de choses. Je me dis qu'ainsi, tout le monde sais que je n'ai pas oublié ces deux grands amours, et voit aussi que je le vis bien et que ça ne m'empêche pas de profiter de ce que la vie décide de m'accorder à présent. Ce que j'èvite, c'est d'insister-sauf exception, toujours ce juste milieu...-sur le côté quotidien et toujours aussi émouvant de ces souvenirs palpables, liés à ces doux et beaux souvenirs, toujours vivaces en moi, de mes aimés. Pour des périodes comme la Toussaint, oules dates aniversaires des décès, je me permet de parler davantage d'eux, en laissant mieux entrevoir mes émotions; en ces circonstances, la plupart des gens comprennent.
Il y a au moins une personne à qui je peux vraiment en parler, c'est ce très bon ami qui a survécu à un cancer de la gorge. On s'est souvent confiés l'un à l'autre au cours de cette dernière année, et on se comprend toujours autant. C'est l'une des rares personnes qui peux à peu près tout entendre-ce n'est pas pour rien que des gens de toutes génération viennent se confier spontanément à lui

malgrès ce qui lui est arrivé, il reste positif dans ses propos, et je l'encourage, de mon côté, à se confier s'il en èprouve le besoin. Je sais que cette maladie qu'il a surmonté-mais avec des séquelles-a été très difficile à supporter pour lui. Il m'a dit que sans le soutien de sa famille, et particulièrement de sa femme, qui a été extraordinaire (ce sont ses propres mots

) il n'aurait pas fait tant d'efforts pour continuer à vivre. Je le crois volontiers. Je sais aussi qu'il n'a pas toujours le moral, mais il continue à vouloir le bonheur des autres-alors que tant d'autres seraient devenus égoïstes...quand je sais qu'il a passé un bon moment, par exemple avec ses petits-enfants, j'en suis très heureuse: il le mérite largement