Puisqu'ici, on peut se permettre d'en parler. En tout cas, moi, j'en ai besoin. Personne pour discuter de ce sujet "in real life".
Mon mari était Américain. Mais il est arrivé au Nigeria, avec sa famille (2 frères, 1 soeur) à l'âge de 8 ans, où il y est resté jusqu'à 16 ans. Puis, il a fait son cours universitaire aux États-Unis. Son seul désir: retourner en Afrique. Il détestait les States. Ce qu'il a fait après sa maîtrise. Il a travaillé 3 ans au Congo, 2 ans au Niger, 18 ans au Sénégal (ou on s'est rencontrés, on s'est mariés et on a fait une petite Lou). Après, 3 ans au Ghana. Puis, il est tombé malade et on a acheté une maison à Québec, où il est décédé des suites de la tuberculose et du cancer du poumon.
Donc. Il a été incinéré ici, mais a eu un service religieux aux États-Unis, deux mois après son décès. Il n'aurait peut-être pas voulu (il n'en a jamais discuté), mais ses parents sont très croyants, tout comme la société américaine de son coin. Ses parents ont donc tout organisé. Sa mère a trouvé ça terrible à vivre... Tout le monde (américain) y était, sauf son frère aîné (son préféré), qui travaille en Arabie Saoudite. Ma famille n'y était pas, sauf ma Lou (7 ans) et moi.
C'était correct, quoique ce n'était pas chez moi, et pas avec les miens. La belle-famille, même si elle est un peu trop religieuse, un peu trop typée américaine (les bonnes manières de ce coin, j'en ai ma claque), elle est très bien, généreuse, agréable.
C'est le seul moment où Lou a pleuré, devant l'urne funéraire de son père, dans l'église. C'était horrible pour moi.
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Quand j'ai reçu les cendres, j'ai ouvert le sac et en ai gardé la moitié. J'avais fait une petite cé Je l'ai divisé. Mon mari avait fait le tour du monde deux fois. Il fallait qu'il soit partout dans le monde. Ce que j'ai fait:
1) États-Unis, dans le village natal de ses parents (juin 2010);
2) République Dominicaine. Son frère aîné a un condo là-bas. À l'été 2010 (août), on a fait une petite cérémonie, encore avec ses parents, cousins, belle-soeur etc. Lou ma fille n'a pas voulu participer. On a tous été mettre les pieds à la mer, et les cendres ont été envoyées à la volée;
3) Congo, Kinshasa. Mon mari y avait résidé 3 ans, comme coopérant volontaire, au début de sa carrière. Je l'ai mis au pied d'un arbre, au jardin botanique de Kisantu, toujours préservé, malgré la guerre (décembre 2010)
4) Ghana, là où il a attrapé la tuberculose et le cancer. Son dernier pays africain. J'ai été porté les cendres en décembre 2010, parce que je devais vider la maison que nous avions habité durant 1 an;
5) France, Alpes françaises. Roc de Fer (Le Verdet), vallée de Méribel. Mon mari parlait parfaitement français, avec un léger accent et il adorait tout de la France. L'été passé, après une mission au Cameroun, j'ai passé quelques jours à faire de la marche en montagne, avec une amie. Durant une journée, seule, j'ai été à presque 2 300 m d'altitude où j'ai mis sous une poutre un bocal rempli de ses cendres.
6) Ici, dans le jardin. Je l'engueule, je lui parle, je vais prendre mon café avec lui.
Par contre, aucune cérémonie commémorative ici. Ma famille a été très moche, lors de son décès - personne n'est venu - sauf ma petite soeur, qui est arrivée dès que je l'ai appelée. La seule à avoir été très présente en fin de vie (maison, hôpital), malgré la tuberculose.
Voilà.