Bonjour Agnès,
Pour moi, cela fait un peu plus de 25 mois... Comme toi, j'ai l'impression que je ne m'habituerai jamais à cette vie sans lui...Nous étions un couple tellement fusionnel! Nous avons vécu 24 ans d'un bonheur absolu, 24 ans pendant lesquels je m'émerveillais chaque matin de m'éveiller à ses côtés, 24 ans pendant lesquels il ne s'est pas passé un seul jour sans qu'il ne me dise qu'il m'aimait; 24 ans où le seul fait d'entendre son pas dans l'escalier faisait vibrer mon coeur...Il était mon compagnon, mon ami, mon confident, mon complice, mon amant, mon mari, le père de mes enfants...Nous faisions absolument TOUT ensemble: le sport, la chorale, les petits jeux ( cartes, sccrable, yatzee...). Nous avions les mêmes intérêts ( sorties gastro, week-end de charme, voyages...) Oui, ma vie a changé à 200 % !!!
Au début, j'ai vécu comme dans une sorte de tunnel sans fin. Pourtant, j'ai rapidement repris le travail, me disant qu'au moins, ma vie sociale m'empêcherait de penser à ma solitude...Cette solitude que je retrouvais pourtant chaque soir en rentrant de mon travail; cette solitude qui hantait mes week-ends...Pendant de longs mois, je ne vivais plus que par mon travail. Je voyais avec angoisse le vendredi qui s'approchait...Heureusement, j'ai deux grands enfants qui m'ont énormément entourée et aussi de bons amis à qui , je le savais, je pouvais téléphoner n'importe quand. Mais malgré tout, les dimanches ont toujours été les pires journées à vivre seule... Le dimanche, je ne voulais pas importuner ceux qui, je le savais, avaient leur vie à vivre...Je savais qu'à l'époque du bonheur, je ne pensais pas trop aux gens seuls non plus...J'avais ma petite vie harmonieuse avec mon mari, mes enfants et même si je connaissais une personne seule, je préférais l'inviter un autre jour, un jour de la semaine, mais pas un dimanche qui, pour moi, était un jour à passer en famille ou en couple...
Lorsque je regarde en arrière, je me demande parfois comment j'ai fait pour supporter ma vie depuis que mon amour m'a quittée...Et pourtant, j'ai supporté...j'ai apprivoisé ma solitude malgré moi...Lorsque je relis mon journal de deuil ( qui est toujours sur ma table de chevet), je ne peux que mesurer le chemin parcouru...Même si je sais que ma vie ne sera plus jamais la même, je me rends compte que j'ai indéniablement avancé sur le chemin de mon deuil. Je suis prête maintenant à me séparer du matériel. J'ai déjà débarrassé beaucoup de choses : vêtements, matériel informatique... La prochaine étape est la vente de ma maison avec tout mon mobilier. Bien sûr que ça me fait bizarre, bien sûr que c'est déstabilisant...Mais en même temps, je crois que pour pouvoir commencer un nouveau chapître, il faut vraiment clore le dernier d'une manière définitive...Ma maison et tout ce qui s'y trouve me rappelle en permanence la belle vie que j'y ai vécue et que je n'aurai plus jamais...Je trouve que j'ai encore trop d'années à vivre pour me contenter de ne vivre que dans mes souvenirs...Oh , mes souvenirs ne me quitteront jamais. Je sais que jusqu'à la fin de mes jours, ils seront là, bien enfouis au fond de mon coeur...Mais ils prendront une place différente en moi. Ils me donneront la force de construire autre chose...Je suis sûre que j'ai encore d'autres choses à vivre et mon amour, de là-haut, m'encourage à les vivre...
Et, au nom de tout ce bonheur passé, au nom de tout l'amour qu'il m'a donné, il sera fier de moi...
Je vous embrasse tous et toutes
Suzy