28 mois , et la tombe de mon mari n'est toujours pas achevée, je recule sans cesse le moment, de le faire, comme si par ce biais , elle n'existais pas....

Je m'y rend peu souvent, non décidément , il n'est pas là, son enveloppe corporel, oui ça , je l'ai vu, je le sais, son âme ce qui faisait toute sa personne est ailleurs....

Comme il est difficile de lâcher prise !! comme si ce geste pouvait prouver définitivement, le non retour, où le non départ, je ne sais plu.....

Je vogue entre deux mondes, et les souvenirs heureux ne reviennent pas, pas de rêves, je regarde nos photos et c'est comme si je regardais deux inconnus, je n'arrive pas à nous reconnaitre, je ne vois que ces dernières heures, l'horreur , la peur, la distance.....

Pourrais je un jour , voir autre chose??

Comme je le voudrai, mon cerveau, lui si refuse, et pas encore de clé pour débloquer....

je vous embrasse fort.

zabou

 

Juste après le décès de mon mari en août dernier, j' allais au cimetière tous les jours. Il m' est même arrivé d' y aller plusieurs fois dans la même journée! Pourtant moi aussi, je sais bien qu' il n' est pas là mais c' était plus fort que moi, je ne pouvais pas m' en empêcher. Maintenant, j' y vais un peu moins souvent car j' ai déménagé et ça fait un peu plus loin, mais j' y vais quand même plusieurs fois par semaine.
Le monument aurait dû être posé en janvier, puis retard jusqu' en février. Je suis allée au cimetière la semaine dernière,  j' arrive et tout était en place. Le marbrier ne m' avait pas avertie et ça m' a fait un choc de me retrouver face à cette tombe sans avoir été prévenue. J' ai pleuré toutes les larmes de mon corps devant cette pierre. Curieusement, depuis ça, j' ai l' impression d' aller un peu mieux (enfin, disons un peu moins mal). Je crois que là, j' ai vraiment réalisé que tout était terminé. Tant que le monument n' était pas là, j' avais l' impression que tout n' était pas fini, une sorte de sensation de quelque chose d' inachevé. Là, c' est comme si j' avais compris qu' il n' y aurait vraiment plus de retour en arrière. Rien que de voir son nom avec les dates gravés dans la pierre, je sais maintenant que c' est définitif et quelque part, ça m' a comme apaisée.
Reste à voir la suite et si je ne vais pas avoir droit au retour de bâton. Attention, je n' ai pas dit non plus que j' allais bien mais comme une accalmie entre deux tempêtes.
Comme quoi, à chacune sa réaction.
Je vous embrasse
Jocelyne

je n'en suis qu'à 6 mois mais , comme toi , Zabou , tombe inachevée
mes parents m'ont proposé récemment si je voulais qu'ils m'accompagnent pour choisir plaque , pierre tombale et cela m'a mise en colère , non , non , je ne veux pas , pas encore....
quelque chose de définitif , comme tu dis Josline , dernière chose que je vais choisir pour lui....et ça , je ne suis pas prête
on réagit toutes différemment , c'est vrai
je vous embrasse

  Zabou

Ma filleule de 9 ans qui adorait son tonton (qui lui rendait bien), lorsque sa mère lui a raconté que je lui avais dit qu'il pouvait partir, que tout irait bien, a répondu 'mais non il fallait lui dire de rester'. Pareil pour sa tombe, (je l'ai enterré avec sa mamie qu'il adorait littéralement) il y a un cimetière juste à côté de l'école de la puce et elle nous a dit pourquoi vous ne l'avez pas mis ici j'aurais pu lui dire bonjour tous les jours.

Zabou
Comme toi mon amour s'appelai Patrick.
Et depuis le début de la semaine mes collègues parlent  de cette saint Patrick, et de faire la fête .
Je ne leur en veux pas la vie continu
Mais difficile à entendre.

Zabou,

Moi qui n'ai pas vécu la maladie , l'accompagnement mais ....le choc traumatique d'une mort brutale , au fil de mes lectures , ici , je comprends , vous , si nombreuses , qui avez accompagné des mois , des années , qui avez cotoyé  la douleur, qui avez vu changé votre amour , accompagné jusqu'au bout et.....laisser partir....avec tout ce que cela sous-entend....
Les souvenirs d'un homme malade, souffrant , diminué , les espoirs de guérison puis les déceptions , la peur...
Le traumatisme n'est sans doute pas le même mais....traumatisme quand même...

 je t'ai dis que tu pouvais partir, pourtant, je voulais tant te garder.....

cette phrase me bouleverse , j'imagine , enfin , j'essaie car on sait bien que l'on ne peut comprendre vraiment que ce que l'on a vécu soi-même

il fût un temps où je me disais , j'aurais aimé l'accompagner , être auprès de lui dans la maladie, avoir le temps de lui prouver encore et encore à quel point je l'aimais, avoir le temps d'espérer un peu.....

aujourd'hui , je sais bien , que cela n'aurait rien changé à mon état...

simplement , j'aurais tellement aimé qu'il s'endorme à mes côtés...

je t'embrasse très fort Zabou et vous toutes ici , aussi