Il y a tant de similitudes dans nos histoires. J'ai perdu l'amour de ma vie, il y a 13 mois après 35 ans d'amour total. Le cancer l'a emporté en quelques mois. Nous avons eu, malgré tout, la chance de pouvoir vivre ces mois avec bonheur en pensant qu'on serait plus forts que la maladie. Aujourd'hui j'accompagne ma mère qui a 91 ans et qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Elle est consciente de sa maladie et voudrait mourir. Quelle injustice ! Michel avait tant de choses à vivre, il voulait voir grandir nos petites filles, il aurait tout juste eu le temps de faire connaissance de la petit dernière, alors que ma mère supplie la mort de venir la chercher.
Tout le monde me dit admirer ma force, mon courage. Nulle force et encore moins de courage, je fais bonne figure et n'arrive pas à partager mon désespoir et ma peine. Qui peut comprendre, à part ceux qui ont vécu la même chose ?
Ma mère a été veuve au même âge que moi après 37 ans de vie commune, mon père est mort à 56 ans d'un cancer. Je ne me rappelle pas qu'elle nous ait montré sa peine et aujourd'hui la maladie nous empêche d'échanger, de partager. J'aurais tellement envie de parler avec elle, hélas son corps est encore là mais son esprit est parti.
J'ai lu tout ce que j'ai trouvé sur le deuil pour comprendre et bien sûr, c'est dans mon caractère, maitriser. Mais je ne maitrise rien. Je suis perdue, peut être encore plus aujourd'hui qu'il y a un an. Toute cette année, j'ai essayé de garder le chagrin à distance en étant hyper active, la paperasse, l'investissement dans plein d'activités, la vente de la maison, déménagement, changement de travail, aménagement de mon nouveau logis. Aujourd'hui, si je ne remets pas en doute les choix que j'ai fait, je me rends compte que je n'aime pas ma vie. Je n'ai plus d'énergie, plus d'envies., j'ai mal, je suis brisée.
En cette période de fêtes, je ressens plus vivement encore son absence. J'ai tellement de peine pour lui, qu'il ne puisse voir nos petites filles grandir, s'émerveiller de Noël... Nous avions encore tant de choses à vivre ensemble.
Cela me fait du bien d'écrire tout ce que je ne peux dire à personne et de lire les témoignages de frères et sœurs de chagrin.