20 jours sans t'écrire Darling, déjà...........
J'ai eu tellement mal.
Atteinte dans la plus profonde lucidité.
C'était un soir, le paysage était comme ma vie, ou plutôt ce qu'il restait de la nôtre.
De la roche blanchie par le soleil brûlant, des massifs verdoyants, parsemés de fleurs sauvages, de touffe de genets.
Qui des deux dominait l'autre? le végétal se disputait au minéral, le vivant à l'inerte.
La route qui la traversait y coulait en vagues ondulantes, découvrant à chaque nouvelle courbe, un relief différent.
Si j'avais pu, je me serais arrêté à chaque virage pour mieux la garder en mémoire.
Et ce silence..............
Le petit dormait, didi somnolait, j'étais seule.
Aucune sollicitation extérieure possible. Il n'y avait plus que toi et moi, le minéral et le végétal.
Dernier virage, vue unique sur le village, sa citadelle, son port, sa foule, sa vie.
A l'horizon le soleil se couche et irradie la mer de ses derniers feux, soulignant la masse sombre de la falaise qui le surplombe.
C'était trop pour moi seule, personne avec qui le partager.
Personne peu importe, surtout toi, Tu ne verras Jamais plus toutes les beautés de la nature réunies ici.
J'ai réussi à les voir alors que je croyais naviguer en plein brouillard depuis ton départ...........alors c'est ça avancer ? et ben ça fait mal.
J'ai entendu ma voix dire " mais merde t'es mort, t'es mort, putain c'est vrai, t'es mort"
Et de nouveau le silence.
J'ai coupé le moteur, arrêtée dans ce dernier virage, ma vie s'arrêtait là.
Seule et c'est tout.
Je pensais m'effondrer en larmes, mais non, juste une poussière qui passait par là et m'a fait un clin d'oeil.
J'avais cette force de vie qui me tenait debout, si lucide, je ne l'avais pourtant pas invité.
Je ne sais comment je suis arrivée là.
C'était un dimanche, je tournais en rond au milieu de mon bazar de papiers, de linge, le petit à la sieste, le chien qui somnolait sur le carreau frais du salon en plein milieu et m'obligeait à l'enjamber à chaque passage................
il était 16h, magie d'internet, une heure après j'avais des billets pour un départ en Corse à 23h de Nice, et une location pour une semaine dans un petit appart en résidence.
Cela ressemblerait à une fuite vue de l'extérieur, mais quelque chose m'a pousser à partir.
Les bagages ont vite été bouclés, le petit au réveil tout excité de prendre un Gros bateau, et mon brave didi rassuré quand il a vu que je prenais sa gamelle dans un sac, il s'inquiétait de voir les bagages s'empiler n'importe comment dans la voiture, et de devoir rester sur le carreau....................!
La traversée s'est bien passée, une première pour didi qui a suivi et dormi avec nous en cabine, avec une grande joie.
Les premiers jours j'étais presque perdue, cherchant pourquoi j'étais là.
Et la nature m'a apprivoisée.
Et là, magie d'internet encore une fois, j'ai rencontré Un ange, Monange, avec des yeux bleus de douceurs, bleus de mer.
Toi qui à traversé des drames, des peines, tu as su garder ce regard plein de vie.
Ce sont des mots que je n'aurais pas pu te dire en face, je me permets de les écrire.
Tu nous à reçu tout les trois, chez toi, dans la grande ville, et là haut dans ce charmant village à la vue unique.
Merci Gero pour ces repas partagés, ces paroles échangés, ces instants précieux.
Cela fait une semaine que je suis rentrée, et je n'arrive à poser les mots que maintenant.
Cette terre, la Corse, "cette île entourée d'eau", ce "pays sans frontières" m'a permis de réaliser que j'étais aussi une île entourée d'eau à présent, détachée de mon continent.
Je devais puiser en moi les ressources pour continuer de vivre.
Trouver un équilibre serein entre minéral et végétal.
A jamais isolée mais plus jamais seule.
Darling, Tu es partout avec moi mais nul part réellement, je n'ai plus à te chercher, je n'ai qu'a fermer les yeux.
Tu es là.
Je vous embrasse compagnons.