Merci pour vos messages et votre soutien, Carole, Qiguan, Dji

J'écris grâce à mon Amour qui me tiens la plume.
Je tenais à vous faire partager la nouvelle du soir:
Après 17 jours d'avion, (

c'te blague ! ) mes parents sont arrivés........
La voix de reproche de ma mère, cette façon de prononcer "Allo" qui fait regretter d'avoir décrocher.
Non, je n'ai pas appelé pour prendre de leurs nouvelles, ohh fille ingrate qui ne respecte pas les convenances.Vais je devoir prendre sur moi, respecter ces faux semblants qu'ils m'imposent, ne pas franchir leurs limites de zone de confort.
Aurais je le tact, ou plutôt la tactique, de parvenir à ce qu'elle soulève elle même le voile sur ses yeux, son âme, et qu'elle voit MA réalité ?
Leurs attitudes ont pesés dans mon état de ces derniers jours, et alourdi ma solitude. Je vais devoir apprendre à ne pas leurs en vouloir, pour me libérer de mauvais sentiments, qui ne changeront rien à leurs attitudes de toute façon, pourquoi gaspiller de l'énergie émotionnelle à essayer de les comprendre ? je zappe.
En italique, ce que j'aurais préféré ( ou dut ? )répondre:
Oui, ma voix est bizarre car j'ai une bronchite,
oui le petit va bien, ah non là il dort, il est déjà 21h oui
de toute façon, ne compte pas te la jouer gazou gazou avec lui il était malade la semaine dernière avec de la fiévre, et ça va mieux.
"si le petit comptait un peu plus à tes yeux tu aurais appelé bien avant"Oui j'ai vu le docteur, en pleine nuit,
et j'ai cru ma dernière heure sonner
Pour le petit ? non pour moi, lundi.
j'existe encoreAhh tu étais pas bien alors pour appeler la nuit, j'espère que ça ira mieux avec les médicaments ?
c'est sûre, c'est pas grâce à votre soutienVous avez quel temps? ici il fait froid et beaucoup de pluie, on ne peux rien faire
moi c'est dans mon coeur et mon âme que j'ai froid, et tant mieux si vos vacances tombent à l'eau---Au Fait, la semaine dernière, on a enterré son oncle.......
Oh, quelle tristesse, je me souviens de lui à l'enterrement, il était si fatigué le pauvre mais il était venu quand même trés malade.
Ca doit être dur pour Pépé tout ça ?
---Oui c'est difficile pour tout le monde.........
et c'est plus facile pour vous non ?Dieu est grand, et ils nous aident tous me rajoute t'elle
-----Alors je vais téléphoner à Dieu pour qu'il m'aide (c'est sorti tout seul, j'en pouvais plus)
Elle à repris sa respiration, en me disant " prends soin de toi et du petit"
-------De toute façon il n'y a que moi pour m'aider à prendre soin de moi et du petit, personne d'autre.
tu aimes bien retourner le couteau dans la plaie ?Destabilisée, génée, elle à répéter prends soin de toi, j'ai répondu "oui oui, au revoir"
Adieu, vous êtes pas prêt de nous revoirPas un mot du père, rien.
Bref.
Qiguan, ce printemps éveille tant de douleurs.
Ici, les arbres fruitiers ont les bourgeons gonflés de séve.
J'appréhende aussi le spectacle de leurs floraisons.
C'était Ses arbres, il les a choisi grands pour ne pas perdre de temps, et en savourer les fruits la première année.
Pardon Darling de t'avoir reprocher d'avoir choisi des "vieux" arbres, très haut, car c'est moi qui faisait les traitements perchée sur l'échelle et que c'était fastidieux,
Je ne savais pas que le temps nous étais compté. Je sais maintenant que tu avais raison.
Tu comptais le nombre de figues sur les arbres, en surveillant les pies qui arrivaient à les déguster avant toi.
Tu vois ce printemps qui arrive sera toujours comme le dernier passé ensemble, sans début ni fin.
Tu as passé le mois d'Avril dernier en chambre stérile pour ta greffe de cellules, je t'apportai sur ta demande, les photos du verger fleuri, et tu me demandais si j'avais bien fait les traitements adéquats, et bien arrosé.
C'était un mois difficile pour toi, vivre au rythme des examens, enfermé, en voyant la vie dehors qui continue malgré tout. En te demandant si ça aller marcher, et si tu sortirais de cette chambre un jour.
Et ce plateau repas de Pâques; la cantine avait fourni un sachet de chocolat ! dans un service d'oncologie isolé ! toi qui ne pouvait rien avaler, et qui adorais le chocolat..........c'est cruel.
Al'instant où je t'écris en te parlant, je me revois à moitié allongé prés de toi, tenant ta main, la tête sur l'épaule libre, et ton attitude mi génée, mi heureuse quand l'infirmiére rentrait et nous trouvait ainsi.
Je t'ai revu tout à l'heure à table, mangeant un morceau de pain avec du parmesan, ton péché mignon, tu le découpais en petites tranches pour en avoir plus, car le régime en prenait un coup à chaque fois.
Hier soir, j'ai entendu le claquement du journal quand tu tournais la page du journal après de longues minutes de lecture, et que tu me faisais sursauter et raler aussitôt !
Pardon Darling, je ne savais pas que le temps nous étais compté.
C'était un symbole pour toi de le lire chaque matin, alors que depuis plusieurs jours, tu ne tenais plus les bras ni l'attention nécessaire pour aucune chose.
J'ai retrouvé en dépoussiérant le coin salon, le dernier journal du 3 Novembre que tu as parcouru à la maison, plié à la dernière page que tu as lu,.
Je l'ai rangé dans ton "bureau" ou plutôt cette pièce morte qui contient les lambeaux de notre vie.
Il y à là tes livres, tes films, tes fiches cinéma, tout ce que tu aimais.
Ces petits objets glanés ça et là, chacun avec son histoire, un morceau de ta vie dont ils gardent l'empreinte en silence.
Toutes ces clefs qui n'ouvriront plus jamais aucun tiroir, ni aucune porte.
Il y a là ce sac de voyage contenant tes effets de l'hôpital, les boites de conserves de fruits que je t'apportais, ta maigre trousse de toilette, ton portefeuille.
Il y a ces boites de documents avec ton nom partout, ton écriture partout, ta vie étalée là, arrêtée là.
Il y a surtout cette porte fermée, que je n'arrive plus à ouvrir, et ces volets clos.
Aucune lumière ne l'atteint, une partie de la maison s'est éteint avec toi.
Son deuil m'accompagne.