Je vous lis, vous "pense", m'imagine presque à votre place, chaque jour, et depuis ce soir là, je n'arrivais plus à vous répondre.
Il me faut plusieurs jours pour encaisser le moindre événement.
comme une tortue sans sa carapace.
Mon grand fils est arrivé à la maison les bras chargés.
Ton bureau à été rangé, débarrassé, et la plaque avec ton nom sur la porte à surement été enlevé aussi.
Dans ce carton, j'ai sorti ta raquette de tennis avec la paire de basket encore rougie de terre battue.
Que tu aimais taper la balle avec ton grand et ses amis, cela fait plusieurs années que tu ne les à pas remises ces baskets.
Tu me disais, ahhhh non, je ne le laisse pas gagner hein, il attendra que je sois vieux pour me battre.
Dans ce carton, il y avait ton ancien portable, ah je me souviens bien du nombre de fois ou tu m'a demandé comment récupérer tes mails dessus, et je te disais en riant, de changer de modèle, car un blackberry c'est trop compliqué, et tu me narguais en disant que c'est parce que je ne savais pas le faire.
Il y en a de belles photos de nous dans ce téléphone.
Dans ce carton, il y avait une coque auto bébé, qui devais te servir à récupérer notre petit bout de temps en temps à la créche, et l'emmener le samedi matin avec toi pour me laisser me reposer un peu.
Je n'ai jamais eu à l'installer dans ta voiture.
Ta carte de licencié, tes blocs neufs de fiches cinéma, des documents, une doudoune de sport jamais mise, oui je l'ai longtemps respiré, et tu n'y étais pas.
Voilà, c'est un carton que j'ai déposé dans la chambre du fond, derrière la porte close.
Et pourtant il est toujours sur mes genoux, si lourd.
Une vie enfermée là, un nom, une existence, tout et rien en même temps.
Jeudi, j'ai planté quelques plants en pensant à toi , pourquoi je le précise, je ne sais pas, c'est quand je ne pense pas à toi que je devrais le noter.
J'ai sorti la veste de jardin, oui ta vieille veste blanche de survêtement.
Quand je l'ai mise, c'est toi qui à glissé sur moi.
J'avais oublié comme c'était de te sentir.
Je suis resté assise sur le banc devant le potager, et je te voyais la bêche à la main, faisant le calcul, les plans, pour agencer au mieux les trop nombreux plants que tu prenais à chaque fois.
"C'est pour faire plaisir aussi ma chérie, ça me plait de donner de belles grosses tomates, et de partager ces beaux légumes"
Je te ramenais sur terre en protestant " mais c'est trop de boulot, Darling, l'année dernière tu m'a promis de ne mettre que 20 pieds de tomates, et là, j'en compte 32..............
ahhh c'est des ananas ?, et alors c'est des tomates quand même nan
et les courgettes ? ah non pas 8, on est envahi, ça court partout, vraiment Darling, j'aurais du venir avec toi à la jardinerie pour te freiner, on va être débordé tu verras, j'aurais raison.
Que ne donnerais-je pour avoir tort, et planter 32 pieds de tes tomates, et pour te voir rire en coin en déchargeant ton coffre des cagettes.
Je ne puis rien donner, rien offrir.
Je ne peux que me souvenir, et verser des larmes pour tout ça.
J'ai quelques courbatures ce soir, j'ai fini de planter les courgettes, poivrons, aubergines, salades.
Je n'est pas remis la veste, elle est beaucoup trop grande pour moi à présent.
Il me reste une barquette de 4 tomates du marché de Guillaumes, je n'arrive pas à les mettre en terre.
C'est toi que je vois Darling.
Je vous embrasse toutes mesdames, merci d'être là.