C'est si joliment dit !

Darling, ton sourire m'attendait, et il m'a fait du mal.

Les Jeudis sont des jours difficiles à passer, 21 Jeudis depuis ton départ, et ce Lundi de Pâques sera le 5 éme mois.

Je suis arrivée de bonne heure en ville, d'abord au marché pour te trouver des fleurs.
J'ai emmené le labrador.
Pour ne pas être seule ? ou pour avoir quelqu'un à qui parler, et qui ne pourrais me répondre autrement que par des caresses du museau, et des coups de patounes.
J'ai étiré le temps comme j'ai pu, déambulé sans but sur cette grande avenue.

Je me suis assise sur un banc, sur cette grande place animée, pleine de vie, moi qui étais pleine de rien.
Des couples, des familles, des touristes profitant de cette belle journée, des gens seuls aussi.

Surement quelques personnes dans la même détresse que moi, mais je ne les ai pas remarqué.
Alors que j'avais l'impression que c'était écrit sur mon front :
ici est assise une femme qui vit dans son passé, et connaît d'avance son  avenir de souffrances et de regrets.

A mes oreilles, la musique qui m'accompagne désormais dans mes sorties solitaires.
Oh ce soleil, terrible rappel des brulures de la chair.

Je suis arrivée enfin, après avoir mangé un sandwich chaud dans la voiture, pour reprendre des forces, quand je suis seule, l'appétit aussi me laisse tranquille.

Ton sourire m'attendait, recouvert d'une fine poussière jaune...........le printemps t'as caressé tu vois.
Ce coeur géant battait pour moi.
Et ton nom, Darling, gravé ainsi dans le marbre, pour l'éternité.
Tu as existé durant 55 ans, et c'est la seule chose qui le prouve
Repos éternel, regrets éternels, toutes ces épitaphes prennent un sens à présent.
"Souffrance éternelle" devrions nous rajouter.

J'ai enlevé les vasques de plantes qui ont souffert des premières chaleurs, je les ai amené à la maison pour leur refaire une beauté.

Pendant le trajet retour, mon corps, lentement, s'est décomposé.
Mes jambes en compote, mon dos s'arrondi, supportant mal le poids de cette vie.
Je somatise n'est ce pas.
Comment pourrais je me plaindre de douleurs virtuelles, alors que tu as tant souffert dans tout ton corps pendant si longtemps.
Je n'ai pas le droit de me laisser aller, je te promets d'être forte.
Oh je ne le fais pas pour moi, mais pour toi, comme tu m'aimais, combattante et ne lâchant rien.

J'ai trouvé un bel hibiscus orangé, toi qui les aimais tant, je te rapporte tes vasques demain, et laverai le marbre poussiéreux pour le garder éclatant, comme mes souvenirs.

Qu'ils sont beaux nos souvenirs.

autrefois et encore à certains endroits les vêtements marquaient le deuil ... cela avait un côté pratique ...
oui ça peut se lire dans nos regards si on veut bien s'en donner la peine ...
 

Bonsoir à vous,
Merci à toi Lana,
Oui, il te faut sortir les mots, tu vas revivre des instants difficiles en les écrivant, mais cela te fera du bien.



Je vous écris avec un petit lapin sur la table, il lui manque les oreilles.
Je déguste ce lapinou en chocolat que Darling m'aurait offert.
Lui qui adorait le chocolat, il se croquait un rocher Suchard au lait, chaque soir devant un film.
je lui transmet cette sensation gourmande, je n'ai pas acheté de rochers, je peux plus les voir.

Je n'ai pas fait de chasse aux oeufs dans les parcs, ah non, trop dur de voir toutes ces familles réunies.
C'est de ne pouvoir partager ces joies avec toi Darling qui me fait du mal, pas le bonheur des autres, il ne me m'atteint pas.


Ce week end est enfin fini, sans larmes, mais le manque était là.
Ahhh hier, le 6, comme j'ai pensé à toi.
5 mois.
A 18h j'étais sous ton cerisier, tout en fleurs blanches, majestueux.
J'ai pris une photo dans ce  ciel azur, tu étais là prés de nous.

Tu vois j'ai passé la tondeuse, ahhh je me suis accroché, l'herbe est si haute, il me reste la moitié du jardin à faire.
Cette conversation que j'ai eue avec toi tout à l'heure, m'a allégée le coeur.
Le rossignol me répondait, tu l'entends comme chaque soir il nous souhaite une bonne nuit ?
Il nous fait rire aussi le matin, quand le soleil traverse la haie de bambous, et le réveille dans son nid.
Son chant résonne jusque dans la cuisine, et le petit l'imite, la bouche pleine de biscuits, d'un rire d'oiseau !

Notre petit bout à bien grandit aussi, il commence à articuler les mots.
Ris tu aussi quand il relate une histoire vécue, en faisant claquer sa langue sur le palais, tsssss, entre chaque phrase, car il réfléchit ?
Tu vois c'est un message léger que je t'envoie, sur chaque chose que je vois, que je touche, je ne veux que le vivre pleinement, avec légèreté, pour toi qui as tant souffert.
Dans ma douleur, je perçois la valeur de tout ces riens, qui font une vie.
Mon sourire est tien, ma vie est tienne, et tu aurais aimé déguster un rocher praliné, allongé sous le cerisier fleuri, dans le parfum de l'herbe fraichement coupée.
Cette saison qui commence et que l'on nomme Printemps, porte ton nom et tes couleurs.
A toi Darling.

Merci Myla,
Comme ton mari, le mien tenait beaucoup à son jardin, et de l'entretenir nous permets je crois de leur faire encore plaisir à travers nos yeux.


Darling, c'est encore moi,
il paraît que je ne dois te parler que positivement, ne pas te transmettre d'ondes tristes, pour te permettre de te libérer, et rester un être de lumière.
Mais à qui vais je me plaindre ?
Toi qui aimais plaisanter, me comprends tu ? moi la susceptible comme tu disais.


Ton grand à fait sa première séance avec une psychothérapeute.
Elle lui a demandé de t'écrire, car il n'arrive pas à sortir les maux, de monter sur ta tombe, de lire la lettre à haute voix et de la bruler sur place.
J'espère qu'il y arrivera, il ne dors plus depuis 3 nuits, je m'inquiète pour lui, d'autant plus que ton 1er petit fils va naître le mois prochain.
Donne lui la force de tenir, et de transformer le lien que vous aviez, pour lui permettre d'être père, et de se laisser atteindre par le bonheur, de s'autoriser à être de nouveau heureux, de croire en un bonheur possible sans ta présence physique.

Je me suis rendu compte aujourd'hui, que depuis ton départ, j'avais oublié le 4, jour de naissance de notre petit bonhomme.
Je ne pense qu'au 6, il faut que je me ressaisisse, pour lui re-souhaiter ses "4" avec un mini millefeuille, comme nous le faisions tout les 3.
Il à eu 32 mois samedi et je n'y ai pensé que tout à l'heure, en le regardant au parc, grimper plus agilement que d'habitude. J'ai eu de la peine tu sais.
Et les petites descentes en tricycle ne lui font plus peur, hop hop, il se lance,  et se retourne une fois au bout en levant les bras pour me dire "je suis grand hein maman".

Moi qui aurait aimé que le temps s'arrête, que le soleil reste à jamais couché, que la lune reste à jamais pleine pour m'éclairer dans la nuit de mon coeur, je n'ai pas besoin de ce soleil qui me brûle, qui éclaire ce vide qui m'entoure.
Dans la pénombre, je ne vois pas ton absence, je ne sens que ta présence.
Mais le temps passe sur nous, malgré moi.

Ce temps est encore plus cruel, je crois qu'il m'éloigne de toi.
Je ne peux pas encore réécouter ta voix, cela me briserai une nouvelle fois, et pourtant il ne reste que des petits morceaux de moi éparpillés, j'ai du même en perdre.
Si un jour je recolle ces morceaux de moi, il en manquera pas mal.


Qui de nous deux est resté à quai, à attendre en fixant l'horizon ?
Qui de nous deux à prit le large, et vogue vers un ailleurs inconnu ?

Je me sens figée et ballottée à la fois, mon corps est à quai, et mon âme est brossée par des vagues.

Me voila à présent, à me féliciter d'avoir mis la table, fait un vrai repas, pris du pain frais.
Plié et rangé le linge sur les étagères, rangé les chaussures et trié les poubelles.
Juste à vivre normalement, alors que je n'ai plus de repère de normalité.
C'est si dur de vivre comme avant, alors que tout est différent.

Je m'accroche à notre petit bonhomme, je ne veux pas me réveiller trop tard, et risquer de passer à coté de sa vie.

A tout à l'heure peut être dans mes rêves, moi qui ne rêve plus.

"Juste à vivre normalement, alors que je n'ai plus de repère de normalité."
moi aussi je me suis auto félicitée d'avoir eu l'énergie de sortir la poubelle..on a les petites victoires qu'on peut..des victoires du quotidien...et c'est déjà pas mal!

Dans la lignée du positivisme.................


Je découvre la jalousie de notre labrador Didi, faut dire que j'ai tapé fort !
Depuis quelques temps, je songeais à prendre des petites poules, avec un beau poulailler, l'enclos et tout le tra la la !
Quand je t'en avais parlé, l'année dernière, l'idée te paraissait tenir la route, toi mon prévoyant qui réfléchit avant d'agir, et tu avais fini pas trouver ça même chouette.

Samedi il y avait la foire à la basse cour à Guillaumes, un charmant village aux portes du parc du Mercantour, à 100 km de chez nous, en montagne, c'est 1h30 / 2h de route.
Nous avons traversés les "roches rouges", une douce route de montagne, à travers les gorges du Daluis,
ce contraste entre les roches cuivrées, les sapins brillants au soleil, les sommets sombres aux pointes enneigées au loin qui se découpaient sur le ciel azur, c'est comme si cette route menait à ton propre ciel, tout là haut.
Cette route, je ne l'aurais jamais quittée.

Le petit s'est réveillé en pleurant à quelques kilomètres de l'arrivée, l'aire suivante ou j'ai pu m'arrêter portait le doux nom de "Amen".......
En descendant, j'ai senti ce puissant soleil d'altitude, quand le vent est absent.
j'ai vu un paysage comme figé.
Le silence, parmi ces puissances de la nature, les roches rouges, les sommets sombres, les pins gigantesques, paraissait surréaliste.
Etonnamment, quand on s'est approché du point de vue, un grondement montait, c'était là en bas, sous nos yeux la cascade "Amen".
Avec ce bruit d'eau, montait le chant des oiseaux, et plus prés encore, au bord du rocher, le vent nous a fait signe, en  faisant vivre les genêts fleuris et les petits sapins accrochés à son flanc, trouvant vie dans la pierre rouge.
Je peux appeler cela un instant d'éternité.
Nous n'étions ensemble à ce moment là.


A notre arrivée au village, nous avons flâné parmi les cots cots, et les bééé bééé, le petit était ravi est effrayé par cet énorme dindon noir à la tête rouge et bleue, et n'a pas voulu approcher cet âne si poilu, à la voix de baryton!
Après un déjeuner de qualité dans une auberge du village, je suis reparti avec des plants de courgettes jaunes, tes préférées, des tomates prunes rouge, et 2 framboisiers.
A l'arrière dans un grand carton, nous avons ramenés à la maison 2 mignonnes lapines de 2 mois!
Oui je sais, je parlais de poules, d'oeufs frais....mais comme tu le sais bien, je fonctionne au coup de coeur.....
Et je n'avais pas préparé de poulailler, c'est un gros morceau çà !

Me voilà hier soir à faire les petites annonces de clapiers, de cages, de poulailler...oui oui, je les mettrai ensemble avec les 2 futures poulettes !
Car c'est des vrais lapins pas des nains ! ils vont vite grossir m'a t'on dit........ouchhhh !

Une très grande cage à rongeur m'attendait au vide grenier ce matin, 20€, avec le "kit de départ" laissé dedans
C'était prévu comme ça non ?

Merci Darling, ce week end à été le premier ou je n'ai pas eu d'instant de tristesse en pensant à toi, à nous.
Que des beaux moments partagés avec notre petit et toi en spectateur, à nos cotés.

Je te parlais de Didi le jaloux..il couigne quand on parle aux lapines..........il leur à piqué leur pain sec, et à tenter de grappiller une carotte qui dépassait, et leur mets un coup de langue quand il peut!
Elles ont l'air bien, là sous mes yeux, je vous écris et je vois leurs museaux frémir, elles se font la toilette.
Comme le petit n'a pas trouvé de nom compréhensible à mes oreilles, à part  "bébé ahein" "bébé lapin ", nous allons les appeler comme nous les avons connu sur la liste de leur naissance.
5 et 8.
Cinq et Huit nous tiennent compagnie, et comptent sur moi pour leur construire une vrai maison dans le jardin.

Bébé et moi on compte sur toi pour veiller sur nous.
A toi Darling.