Auteur Sujet: culpabilié  (Lu 10074 fois)

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nicole

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culpabilié
« le: 19 février 2012 à 17:48:48 »
Bonjour à tous
Je vous lis tj mais il y a longtemps que je n'ai pas partagé.
J'en suis à mon 14 mois.....très difficile mon énergie ne reviens pas au contraire j'ai l'impression que pour m'être rendu au bout de ces long mois j'ai épuisé toutes mes réserves !! Je vois mon médecin cette semaine, je ne veux pas rester comme ça et ne sais pas quoi faire. Bc de changements s'en vienne j'ai vendu la maison et je viens tout juste d'en acheter une autre juste pour moi et notre  petit chien mais voila je me sent  COUPABLE  j'ai l'impression déffacer notre histoire de 34 ans !!! de le laisser en arrière. Je me sent  COUPABLE de rire je me sent COUPBLE de lui survivre et de profiter seule de ce qu'on a construit ensemble.Les rares moments oû je me sent bien je me sent COUPABLE. Je suis vide au fond de moi j'y arrive difficilement :'(

J'anticipe tout ces changements avec angoise même si c'est moi qui les a voulu pour m'aider à avancer car ds notre maison sans lui je tourne en rond et je le cherche encore partout. Il me manque tellement !!!!!

Comment ont fait pour aller mieux sans tout le temps se sentir COUPABLE de vivre  ???

Merci de me lire ça m'aide bc et de vs lires aussi, vs êtes formidable ;)

Hors ligne Marina Saboya

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Re : culpabilié
« Réponse #1 le: 19 février 2012 à 18:12:56 »
Vite, je m'empresse de te répondre car cette culpabilité, il faut ABSOLUMENT que tu t'en débarrasse.
Je t'entends dire : plus facile à dire qu'à faire.
Bien sûr.

Et je n'ai pas les compétences pour la comprendre et te faire admettre qu'elle n'a pas lieu d'être.
Alors, simplement, je vais te dire que ce sentiment est destructeur, comme la jalousie ou l'envie, qu'il ne peut rien apporter de bon.

14 mois. J'en suis à 19 dans 3 jours.
Depuis noêl, je suis presque sereine. Des moments durs, c'est normal, mais pas de "creux de vague"... ou alors tout petit. Et je ne culpabilise pas de vivre.
Les mois les plus durs ont été du 13ème au 16ème. Une terrible envie de rien, une force qui m'appuyait sur la tête quand je tentais de la relever, un poids sur la poitrine qui m'empêchait de respirer. J'ai vraiment cru que ma vie allait être comme cela, définitivement.
Et puis, un matin vers le 22, 23 décembre, tandis que tous nous redoutions les fêtes, je me suis sentie apaisée.

Dans cette terrible épreuve, il y a tant de paramètres qui interviennent. Les sentiments se bousculent dans nos têtes, avenir et passé, envie de mourir, envie de passer à autre chose de vivant, besoin de solitude et nécessité d'avoir une épaule pour poser sa tête...
Non, il ne faut pas te culpabiliser.

Ton mari est parti et tu dois te reconstruire. Sans lui. Tu ne renie rien en te donnant les chances d'avancer. Tu ne le trahis pas. Sans doute aurait il fait la même chose si la situation avait été inversée.

Tout ce que vous avez construit ensemble restera, quoiqu'il arrive, dans ton coeur, dans ta mémoire, dans des albums photos...

Nous avons presque tous éprouvés le besoin de changement. Les plus radicaux déménagent, les autres changent les meubles de place.

Tu dois au contraire être fière de toi, de ne pas te laisser aller à regarder ton passé, mais à mettre en place les premières pierres de tes lendemains. Et il doit, ton Amour, être fier de toi aussi, crois moi.
Ils sont si malheureux de nous voir nous morfondre sans pouvoir nous aider.

Bon, çà, c'est si on part du principe qu'ils nous voient!

Voilà ma pensée, Nicole, cette culpabilité doit te quitter, et tu pourras continuer à avancer.

Je t'embrasse.

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : culpabilié
« Réponse #2 le: 19 février 2012 à 19:01:22 »
Yohann, ce message me plait bien.  :)
Comme j'y vois une grande avancée sur ton chemin!
Te voilà en train d'épauler, de soutenir, de rassurer Nicole sur ce problème de culpabilité que tu connais trop bien.
Et les arguments que tu utilises pour la convaincre... Je suis vraiment heureuse de les lire dans ton message.  :)
Oui, je suis vraiment heureuse.

Bien sûr, tout cela va et vient, mais l'essentiel est de faire plus de pas en avant qu'en arrière, et de savoir profiter de ces moments de pause-chagrin pour se ressourcer et prendre des forces.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

Hors ligne Marina Saboya

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Re : culpabilié
« Réponse #3 le: 19 février 2012 à 19:43:50 »
C'est trop bon de rêver!
Bon, moi, le vélo, cela ne me fait pas trop rêver mais je me réjouis que cela marche pour toi.

Dans une autre vie, si je peux, je serais magicienne, ou fée (pas Dieu, non, trop de responsabilités!), juste pouvoir faire le bonheur autour de moi d'un coup de baguette magique.
Quand je vais mal, je songe à ce que je ferais en premier: Reprendre l'humain des mains de Dieu et le refaire complètement.
Supprimer la douleur, la peur, la haine, l'envie, la jalousie, l'orgueil, le besoin de posséder ou de détruire, la fragilité, la faiblesse, et la maladie, surtout.
Beaucoup de chomage en prévision!
Mais trop top quand même!

Baguette magique... bien cuite, Pascale!

Non, pas bue, mais bien moi aussi.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

suzy

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Re : culpabilié
« Réponse #4 le: 19 février 2012 à 21:10:18 »
Nicole, non , Marina et Yohann ont raison; non, tu n'as rien à culpabiliser de vivre, d'oser continuer ta vie sans ton amour...
Tu as raison de faire ce que le coeur te dicte. Si tu as eu envie de vendre ta maison, c'est parce que tu ne supportais plus de vivre en permanence au milieu de tes souvenirs. Vivre avec ses souvenirs, c'est une chose, vivre au milieu de ses souvenirs, c'est rassurant au début, mais à la longue cela peut devenir oppressant. Je te le dis parce que je le vis. Je suis en plein dedans. Ma maison ( trop grande, trop vide et trop silencieuse) est vendue pour fin juin. J'ai racheté un appart que ma fille occupera pendant au moins une année, parce que j'ai décidé de partir d'abord au moins une année en Afrique dans l'humanitaire. Vais-je avoir envie de revenir au bout d'une année ? Je crois que je ne peux tout simplement pas le savoir. Je n'ai absolument aucune idée de ce qui m'attend. Je peux trouver des ouvertures dont je n'ai pas la moindre idée pour l'instant. Tout simplement, je ressens comme une sorte d'appel en moi...
Le compte à rebours a commencé. J'ai commencé les démarches administratives , je commence les tris, je débarrasse, je donne, je jette...Ca fait bizarre, mais étrangement, je ne ressens pas une once de culpabilité. Je sais que mon amour m'approuve; je sais qu'il est content pour moi que je puisse refaire des projets constructifs pour redonner un nouveau sens à ma vie. Cela a fait 26 mois hier qu'il est parti brutalement et aujourd'hui, si je regarde en arrière, je peux mesurer le chemin parcouru.
Bien sûr, je n'aurais jamais pu imaginer que ma vie se terminerait ainsi. Si j'avais pu choisir, qu'est ce que j'aurais été heureuse d'avancer encore quelques années , la main dans la main avec mon Jean-Da, avec nos cheveux qui seraient devenus de plus en plus blancs.Mais je n'ai pas eu le choix et la vie en a décidé autrement! Je sais que les 24 ans de bonheur que j'ai vécus avec mon amour resteront gravés au fond de mon coeur jusqu'à ma mort. Mais je sais aussi que j'ai encore trop d'années à vivre pour me contenter de ne vivre que dans mes souvenirs. Aujourd'hui, ma maison n'est plus que la carcasse de mon bonheur; c'est-à-dire qu'elle me rappelle en permanence le bonheur passé et qui ne reviendra plus jamais. Alors, je crois qu'il est temps de clore ce chapître, même s'il restera sans aucun doute le plus merveilleux de ma vie. Et je sais, je sens que c'est mon amour qui me donne la force, l'énergie nécessaire pour concrétiser mon projet.
Alors, tu vois Nicole, tu n'es pas la seule à aspirer à une autre vie et c'est courageux d'oser!
Je t'embrasse très fort
Suzy

nicole

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Re : culpabilié
« Réponse #5 le: 20 février 2012 à 00:51:58 »
Merci et encore merci.
 Comme ça fait du bien de discuter avec des gens qui comprennent vraiment.
En  vous lisant j'ai pleurer  :'( étrangement après je me suis senti apaisé et fait comprendre que c'est probablement toute cette culpabilté qui prend autant mon énergie.Lorsqu'on a le nez sur l'arbre on ne vois pas la forest....
Ça me rassure bc et je me sent moins seule de savoir que plusieurs d'entre vs avez ressenti ce sentiment et avez réussi à le surmonté.Je vais être plus attentive lorsqu'il émergera de nouveau pour me permettre de m'en libérer ,Car oui je sais très bien que mon AMOUR ne veux que mon bonheur en ce moment c'est peut-être la seule certitude que je possède.

Votre partage me touche beaucoup  :-*
Nicole 

BB33

  • Invité
Re : culpabilié
« Réponse #6 le: 20 février 2012 à 02:24:39 »
Je viens de m'inscrire ici et je n'ai pas encore tout lu, pas toute imprégnée de vos messages. Culpabilité, le titre m'a fait tilt. Mon doux mari vient de mourir, le 9 février, à 49 ans. Nous avons 4 enfants de 17 à 25 ans. Après une maladie fulgurante (un mélanome) qui nous a fait vivre un enfer depuis 16 mois pendant lesquels j'ai déjà beaucoup pleuré, me voilà seule. il m'avait promis d'être encore là cet été , je ne pouvais imaginer qu'il parte et pourtant me voilà seule. Depuis son décès, je n'ai plus pleuré. Lors de ses obsèques le 15, j'ai été super digne et forte pour mes enfants. J'ai même réussi à lire un texte pour eux, devant environ 500 personnes venues assister aux obsèques, moi qui ai du mal à prendre la parole devant un groupe. Je me sens anesthésiée (je suis sous anti dépresseurs depuis 1 an à cause de la maladie de mon mari). Je culpabilise de ne plus pleurer même si l'absence se fait cruellement sentir notamment lors des repas. Je gratte, je regarde des photos, et rien. Je gère trop bien, cela m'inquiète. La descente risque d'être rude. Est-ce que quelqu'un a vécu cela, cette période après la mort, aussi stoïque?
Ma seule "satisfaction" est de l'avoir accompagné jusqu'au bout, de l'avoir tenu dans les bras quand il est parti et ce , malgré l'horreur de sa mort difficile, d'avoir affronté cela avec mes enfants qui tenaient la main de leur papa; Est-ce que ce sentiment de ne pas avoir "failli" peut entrer dans ce processus de deuil et me fait zapper une étape: celle des pleurs?
Merci de vos réponses
Brigitte

koala

  • Invité
Re : culpabilié
« Réponse #7 le: 20 février 2012 à 03:53:16 »
Ha mon dieu!! Je me revois a ma 2e séance chez ma psy!!!! :)

Je me sentais coupable de changer mes meubles de places.... et encore plus d'avoir peinturer ma cuisine.... je me sentais coupable et je me demandais ce que ma belle-famille allait dire... Inquiete au maximum!!! Maintenant... il y a 3 pieces + le sous-sol de changer de bord!
Et si quelqu'un n'est pas contente... ils savent par ou ils ont entrer... ils ont juste a ressortir. On doit pouvoir organiser de nouveau notre maison... de s'approprié notre maison autrement!

BB33: Il y a des phases qu'on ne comprend pas! Tu vois depuis 2 semaines, il y a comme une indifférence a la mort de mon conjoint. Oui, je trouve cela triste... mais il y a une indifférence... Je vois que je peux continuer de vivre... Je vis a 100%  dans le moment présent... Des fois, j'anticipe le futur surtout pour mes enfants... mais non Vivre le moment présent... peu importe ce qu'il se passe. Il y a 1 mois j'étais en panique et angoisse totale... Et la semaine prochaine je serais ??? Mais je devrais m'adapter a ce moment la!

Nos amour n'aurait pas voulu qu'on reste a rien faire dans notre coin... surtout pas mon conjoint ! Alors Vivez! (Survivez!!) :)
Annie

suzy

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Re : culpabilié
« Réponse #8 le: 20 février 2012 à 07:44:25 »
Koala,
Ce que tu racontes, cette absence de pleurs, cette force que tu montres à ton entourage, je l'ai vécue. Mon amour est décédé en 2009, une semaine avant Noël, d'un infarctus. Et comme toi, je n'ai pas réussi à pleurer...J'étais là, un peu hagarde, hébétée... Les gens qui venaient me voir à la maison pleuraient, et moi, je restais là, les yeux secs, capable de parler de lui, de regarder des photos. Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à pleurer...j'avais pourtant mal, tellement mal au fond de mon coeur, une douleur lancinante qui me tordait le ventre... Mais, sans pouvoir l'exprimer, j'avais le sentiment que mon amour était là, tout à côté de moi et que c'est lui qui me donnait cette force. J'ai parfaitement géré la préparation de la cérémonie. Comme toi, j'ai lu un texte devant 500 personnes venues lui rendre hommage. Ma voix n'a même pas tremblé. Pourtant, je n'ai pas pleuré durant la période qui a précédé son décès qui a été brutal et imprévisible. J'ai bien sûr pleuré, par la suite, mais jamais devant les autres. Je pleurais  ( et je pleure encore parfois) lorsque je suis seule chez moi, en écoutant certaines chansons, en revoyant certaines photos. J'ai aussi pleuré en me séparant de ses vêtements, en triant les affaires de son bureau, mais à chaque fois, j'étais seule. Mon thérapeute m'a dit que cela provenait de mon éducation, que je venais d'un milieu où il était " interdit" de pleurer. Mais il m'a dit également qu'il ne fallait pas culpabiliser. Pourtant, j'avoue que quelquefois, je me fais peur...Et puis, je me dis que finalement, même si je ne montre pas mes larmes, ma souffrance est là, cachée au fond de moi, et personne ne peut savoir ce que j'endure...
Courage chère BB33, tout est tellement récent pour toi. Je pense très fort à toi et t'embrasse
Suzy

sofyoan

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Re : culpabilié
« Réponse #9 le: 20 février 2012 à 09:58:30 »
Brigitte,

je me souviens avoir tenu a peu pres les meme propos que toi, dans les tous premiers temps. cette absence de pleurs m'inquietait enormement. mais les premieres semaines on est sous le choc et puis il y a, les demarches a faire, on est entouré par les proches.

moi je crois que c'est sur ce forum que j'ai appris a pleurer :'(....c'est arrivé a peu pret 1 mois , 1 mois et 1/2 apres. et maintenant je ne me retiens plus....au contraire de Suzy, moi, je ne me retiens meme pas devant les autres. si ça les derange, ils n'ont qu'a detourner le regards, mais je crois que certains au contraire , ça les libere eux meme.
Enfin chacun fait comme il le sent, iln' y a pas UNE bonne facon de procédé.

courage , le chemin sera long et dure, mais c'est ineluctable.

sofi

Ghislide

  • Invité
Re : culpabilié
« Réponse #10 le: 20 février 2012 à 12:10:04 »
Bonjour Brigitte,

Beaucoup d'entre nous ont cette première réaction après le choc d'un décès. Je dirais même qu'elle entre presque dans la "normalité" dans ce sens où nous ne pouvons pas y croire, nous ne l'envisageons même pas...

J'ai été comme toi au décès de Gilles, très peu de pleurs, comme si je n'étais pas "concernée" par cette perte, ce n'était pas à "moi" que cela arrivait...

Dans les étapes du deuil, cette attitude est la première : le refus, le dénie...
Personnellement, cette phase a duré plusieurs mois.
Gilles est parti en juillet de l'année dernière et les premiers temps il y a beaucoup de démarches à faire, nous sommes pris dans une espèce de tourbillon où il faut tout gérer. Je me souviens qu'à cette période je me refusais de penser à autre chose qu'à  l'organisation des funérailles puis ensuite les papiers administratifs à fournir, les appels téléphoniques à passer, les courriers à faire, les dossiers à remplir... je fonctionnais comme un automate : plus de cerveau, plus de cœur...
Quand l'image de Gilles refaisait surface par moments, je la repoussais avec force, me disant "non, pas maintenant..."

Mais ce "non, pas maintenant" ne peut pas durer éternellement, il y a un moment où la réalité nous rattrape immanquablement...
Et elle a finit par me rattraper 3 mois plus tard...

Pendant ces 3 mois, j'oscillais entre la réalité de son absence qui s'imposait de plus en plus et le refus de cette certitude...
Ce n'est qu'en octobre, l'année dernière, que j'ai laissé "enfin" cette souffrance s'exprimer... je ne pouvais plus faire "comme si" ou attendre le bruit de ses clés dans la serrure...
J'avais franchi le seuil de l'acceptation de mon chagrin.
Il avait toujours été là, dès le départ de Gilles, mais je n'en  voulais pas, probablement parce que je savais "inconsciemment" les ravages qu'il allait provoquer.

J'ai fini par baisser la garde et le laisser se manifester...
Alors toutes les larmes que j'avais contenues ont coulé par flots. Bien qu'épuisantes, elles ont été libératrices...
Aujourd'hui, la violence des sanglots a laissé place à des pleurs plus douces parce que la douleur elle-même s'adoucit un peu...

Alors ne soit pas inquiète quant à la "culpabilité" de ne pas pouvoir pleurer... cela viendra en son temps, quant tu auras accepté que ta douleur s'exprime... ce qui arrivera inévitablement.

Prends soin de toi...
Je t'embrasse.

Ghislaine


suzy

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Re : culpabilié
« Réponse #11 le: 20 février 2012 à 13:26:19 »
Quand je vous lis , chers frère et soeurs de souffrance, je me dis que je dois vraiment avoir un problème! Depuis le début de mon deuil, il y a 26 mois, je n'ai jamais CRAQUE devant les autres, même pas, je crois , devant mes enfants. Mes larmes, je les laissais couler lorsque je me retrouvais seule chez moi. Certaines fois, je me souviens que je faisais exprès d'écouter certaines chansons, qui , je le savais, allaient me faire pleurer. Ou j'allais ouvrir l'armoire qui contenait les vêtements de mon amour et je fondais en larme en m'accrochant à l'une de ses vestes. A ces moments-là, je sentais bien que mes pleurs m'apaisaient, mais cela ne durait jamais très longtemps. Je ne me suis jamais réveillée avec le visage bouffi d'avoir pleuré toute la nuit. Je me rappelle aussi qu'une fois où j'étais entrain de pleurer en écoutant une chanson, j'ai entendu ma fille qui rentrait et j'ai immédiatement arrêté de pleurer et ai réussi à me donner une contenance. Pourtant , mon coeur a toujours saigné abondamment. Il y avait en moi une douleur atroce, insupportable que j'aurais tellement aimé exprimer par les larmes... Je sais , chacun vit son deuil à sa façon, mais là, moi sincèrement je suis consciente qu'il y a un blocage en moi. Et que si j'arrivais à me libérer, cela me ferait un bien immense.Qu'est-ce que je vous envie quand vous dites qu'à force de pleurer, pleurer, vous vous sentez apaisés. Je sais que les pleurs sont libératrices. Ce n'est pas pour rien que lorsque je suis seule chez moi, je cherche à provoquer mes pleurs en écoutant certaines musiques qui, je le sais, vont déclencher mes larmes
D'après mon thérapeute, la cause de cette incapacité de pleurer est à chercher dans ma petite enfance. En effet, j'ai été élevée à la dure par une mère autoritaire qui n'admettait pas les pleurs. Pour elle, le fait de pleurer était un signe de faiblesse. Et j'ai grandi avec cette image, cette idée que les pleurs étaient un moyen de s'apitoyer sur son sort...
Je ne sais pas comment on peut lutter contre cela. Moi, disons que je vis avec. J'avance malgré tout sur mon parcours et je donne à mon entourage l'impression d'avoir une force énorme. Pourtant...s'ils savaient...la plaie béante au fond de mon coeur...
J'aimerais savoir s'il y a dans ce forum une personne qui a passé par le même parcours que moi...Juste pour m'assurer que je ne suis pas "anormale"...
Je vous embrasse
Suzy

mc59

  • Invité
Re : culpabilié
« Réponse #12 le: 20 février 2012 à 14:36:32 »
bonjour Suzy ;
non  ton comportement n'a rien d'anormal !
moi aussi je pleure quand je suis seule ; même s'il m'est arrivé d'avoir des larmes qui montent, en famille ou avec des amis proches , j'évite de 'craquer' en public.
alors les gens imaginent que je suis 'forte' !
ils n'imaginent pas la souffrance de cette abscence au quotidien
de ce désarroi lorsque l'on rentre chez soi , seul(e) , qu'il n'y a plus personne pour partager le vécu de la journée, des rencontres , ou des soucis...
je ne sais pas si les larmes apaisent..
je me sens tellement fatiguée après ces crises de larmes !
Jusqu'à la mort de Maman , 11 mois avant celle de JM, je pleurais très rarement ; et je trouvais indécents ces gens qui se disaient hypersensibles , et pleuraient pour un oui , ou un non. je me souviens de l'enterrement du mari d'une collègue , décédé à 40 ans , tout le monde était en larmes , et moi je n'exprimais rien ; je me suis sentie aussi 'anormale'; je compatissais au chagrin , mais mes larmes m'auraient semblées 'déplacées'.  aujourd'hui je suis moins catégorique ! mais les larmes restent quelquechose 'd'intime' que je peux difficilement partager.
amitiés et courage à tou(te)s
marie-claire

Ghislide

  • Invité
Re : culpabilié
« Réponse #13 le: 20 février 2012 à 15:14:49 »
Chère Suzy,

"Il est des douleurs que ne pleurent qu'à l'intérieur"... cette petite phrase tirée d'une chanson de J.J. Goldman semble te correspondre  :)

Ce que tu nommes ton "problème" à mes yeux n'en est pas un,  même si c'est comme cela que tu le ressens. Tu le dis toi-même, chacun vit son chagrin à sa façon, il n'en est pas moins grand, ni moins sincère pour autant.

Comme toi, mes larmes, je ne les montre pas. Je les laisse couler quand je suis seule parce que je sais que cela peut mettre mal à l'aise ou, comme le dit Marie-Claire, cela peut paraitre indécent... je le comprends aussi.
Je pense que c'est une certaine forme de réserve, une intimité avec soi-même que l'on a pas forcément envie de partager, par pudeur peut-être ou bien pour ne pas montrer notre vulnérabilité... (à contrario, nous avons besoin de parler...)

Nous sommes dans un monde où l'on se doit d'être fort... la faiblesse n'a pas droit de cité et la société nous formate dans ce sens pour entrer dans ce moule étroit...
C'est peut-être aussi pour cette raison que nous voulons donner cette image "positive", même si à l'intérieur c'est le chaos !

Je ne crois pas qu'il y aie une "normalité" dans ce domaine, nous sommes simplement humains et cela comporte toute une palette de comportements, avec une multitude de différences, mais avec des ressentis tellement proches !
Nous n'avons pas le même vécu, tant de choses, depuis notre enfance, font nos différences... mais nos souffrances se ressemblent, notre désarroi est le même devant les épreuves... cachés ou non...

Vis ta peine comme bon te semble, sans te demander si cette façon de la vivre est "normale"... c'est TON vécu, TA peine et TA façon de l'aborder...

Je t'embrasse bien fort
Ghislaine

Hors ligne Marina Saboya

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Re : culpabilié
« Réponse #14 le: 20 février 2012 à 15:21:58 »
"Il est des douleurs que ne pleurent qu'à l'intérieur"

Je trouve cette phrase magnifique.

PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.