Bonsoir Véro,
Philippe a appris qu'il avait un tout petit nodule cancéreux au poumon en mai 2011, beaucoup d'espoir , en juillet opération ,puis les chimios ont commencé et ça a été une course contre la montre, les métastases et en mai 2012, le cancérologue nous a dit qu'il n'y avait plus rien à faire, et il est parti le 31 mai. Nous nous sommes battus ensemble, il s'est battu de toutes ses forces, avec humour et une telle foi en la médecine ! La maladie a été la plus forte...
J'ai refusé de croire en l'inéluctable même lorsque le docteur nous l'a dit, mon cerveau refusait la vérité, ensuite j'ai été dans le déni pendant quelques mois.
Et puis petit à petit la réalité s'installe. Alors on oscille entre la grande souffrance, le cauchemar, et l'envie de vivre quand même, cette pulsion de vie . Voir du monde, sortir quand même,avoir des activités, meubler ce grand vide existentiel, je parle de lui, beaucoup, c'est un besoin, Philippe aurait aimé ça ou pas etc ... et autour de moi on m'en parle aussi simplement, voyant que je le fais aussi.
Mais je ne montre pas mon chagrin, je crains de faire fuir les gens.( tous ici ne sont pas de cet avis) Certains ont déjà changé à mon égard, certains se sont rapprochés, me soutiennent alors que d'autres , au contraire s'éloignent comme s'ils craignaient la contagion, cela fait mal aussi.
Je passe par des phases de dynamisme et des creux de vagues, où j'ai envie de rester sous la couette et pleurer. J'essaie de lutter contre ces creux, de peur de sombrer trop profondément et ne plus remonter à la surface. Je me fais aider par un psy, me retrouver; savoir qui je suis après tant d'années en osmose avec Philippe.
Voilà pour mon vécu, chacun réagit différemment, selon son tempérament, son vécu, il n'y a pas de règles, certains sur ce forum ont retrouvé un compagnon ou une compagne quelques mois après, d'autres ne peuvent pas même y penser une seconde. Il n'y a pas de tabou ici et une grande liberté d'expression, qu'elle soit dans la douleur ou dans le mieux-être.
Parle-nous, si tu le souhaites, de toi et Thierry, ce que tu ressens, tes colères , tes détresses; as-tu des enfants ? et au travail ( si tu travailles ) es-tu soutenue ?
Je t'envoie tout mon soutien pour avancer dans cette épreuve.
je t'embrasse, Véro
Dominique