Myriam,
Ne te décrourage pas, c'est une épreuve terrible et qui arrive en plus après de longs mois de souffrance, pour toi comme pour ton compagnon.
Comme toi, je n'ai pas voulu y croire, comme toi je suis restée près de lui au maximum, mais comme toi, je l'ai vu partir.
J'ai dit, à cette époque : Je vis un cauchemar, c'est apocalyptique, comment vais je survivre?
C'est difficile de survivre, de continuer à respirer alors que l'on voudrait que le corps, le notre, lâche pour le rejoindre et trouver la paix, même si on sait que l'on a pas le droit de partir, que d'autres, bien vivants, ont besoin de nous.
C'est atrocement difficile, mais pas à pas, on apprivoise tout doucement la douleur. Les larmes semblent inépuisables, les tripes qui se tordent, le besoin de se recroqueviller et parfois de hurler.
Je ne me suis pas retenue, je n'ai pas fait semblant devant les autres, famille, amis ou étrangers. Mon chagrin dérange? Je m'en moque.
Je n'ai pas eu la force de me séparer de toutes ses affaires. J'ai dû fouiller dans son bureau, pour chercher des papiers administratifs, j'ai trouvé des brouillons de lettres d'amour qu'il m'avait écrites et pas données
, des photos de moi qu'il avait gardées
, des petits souvenirs... Et cela a été terrible.
Après, j'ai rangé et donné, et gardé, mais contrairement à Yohann, j'éprouve une vraie douceur à cotoyer ses objets et porter certains de ses vêtements.
Peu à peu, la vie continue autour de nous, même si on en n'a pas envie. Les objets se cassent et il faut les remplacer par d'autres qu'il n'aura pas connu, nécessité de modifier telle ou telle pièce, pour x raison, il ne l'aura pas vu, et te voilà contrainte de recréer un monde sans lui, ton monde mais toujours avec lui, car il est avec toi.
Toutes tes idées, tes pensées, tes choix, vous vous connaissez si bien, que même si tu dois prendre la décision finale, c'est ensemble que vous y réfléchissez.
Tes enfants, c'est lui.
Lentement, doucement, avec milles précautions, avec patience, avec des moments de répit, avec des tempêtes, avec de l'amour tu réaliseras qu'il n'est pas vraiment parti et que tu peux continuer à vivre, différement, mais vivre quand même.
Je t'embrasse fort.
Marina