24 juillet 2012.
Dimanche, cela a donc fait 2 ans que mon Pierre est parti.
Vous êtes nombreux à m'avoir envoyer un mot, une pensée et ce fut doux. Je vous en remercie encore du fond du coeur.
Je n’attendais rien de cette journée, ni d’être « mieux », ni plus malheureuse que la veille ou le lendemain. Mais je dois l’avouer, inconsciemment, j’ai été fébrile et à fleur de peau. Tandis que je m'y refusais énergiquement, j'ai quand même revécu ces heures épouvantables de juillet 2010. A force d'y penser, et d'y repenser, je les intègre à mon livre de souvenirs et elles me brûlent encore mais ne m'anéantissent plus.
Ce dimanche de 2012, le soleil était présent enfin, et le jardin resplendissait. J’étais contente, je sais qu’il l’est aussi quand il voit sa maison et son jardin. Je sais aussi qu’il est tout indulgence et que si je fais mal ce qu’il aurait fait bien, il me sourit en se disant, ce sera mieux la prochaine fois. Il n’était déjà qu’Amour ici bas, avec nous, alors là où il est maintenant !!!!!!!!!
Ma sœur et mon beau-frère chéris sont venus déjeuner et papoter un peu avec nous sur la terrasse. Comme d’habitude, quelques soient leurs projets, leurs obligations, je peux compter sur eux les jours où… et cela depuis que la maladie c’est glissée sournoisement et méchamment dans notre foyer.
Mais de nouvelles des autres membres de la famille, point. Mon frère et sa femme, ma nièce de 18 ans qui m’appelle sans cesse pour me demander ceci ou cela, les sœurs de Pierre et leurs filles, largement adultes, mamans et responsables… Le silence.
2 ans à peine pour « oublier » ?
Les grandes phrases au pied de son cercueil : « Nous ne t’oublierons jamais. »
Les larmes et les sanglots.
Les « Tu peux compter sur nous ».
Mais Pierre mérite bien mieux que cela, c’est un grand homme, un bel homme, une âme exceptionnelle, une bonté, une générosité, une intelligence, une sagesse, une folie, un sourire, un rire irrésistibles, il savait tout faire, il savait tout sur tout, la nature, la photo, les étoiles, les lois de la physique, les mélanges chimiques, l’architecture (son métier), il peignait des aquarelles, écrivait des poèmes … chaque jour j’apprenais quelque chose avec lui, il était modeste de ses connaissances, il était… mon Pierre. Il rendait service à tout le monde, répondait au moindre appel de détresse ou d’aide.
2 ans à peine pour « oublier ».
Dans la solitude de cette soirée du 22 juillet, la colère est montée en moi.
Alors, devant mon clavier, j’ai écrit des brefs et secs messages à tout ce « vilain » monde qui m’avait tant déçu. Pas question que j’en reste là.
Et la journée d’hier, j’ai attendu et le temps passant, la déception c’est faite encore plus grande et c’est cette attitude qui m’a fait verser le plus de larmes, pas « l’anniversaire », mais l’indifférence.
Enfin, une réponse.
La femme de mon frère s’empêtre dans des excuses et finit pas admettre qu’elle a été nulle et regrette de m’avoir fait de la peine. Mea Culpa. Je prends, car elle est sincère.
Un peu plus tard, mon frère me fait une belle déclaration pleine de tendresse et de remords et nous pleurons ensemble au téléphone. Je prends parce que je l’aime.
Ma nièce de 18 ans me fait croire qu’elle a cherché à me joindre, en vain. Comme on sait mal mentir à 18 ans !
Le pompon, la sœur ainée de Pierre : « Chère Marina, nous pensons très fort à toi en ces jours difficiles. Nous rentrons d’un voyage en Espagne, ce fut formidable… magnifique… Bien reposés… en pleine forme… En août nous comptons faire… »
Mon pauvre Pierre. Il va falloir vous contenter de peu.
Tous cela pour dire que la mémoire des « autres » a une bien faible capacité.
Alors gardons notre amour et notre tendresse pour ceux qui le méritent et méprisons les « petits » qui ne font que nous blesser un peu plus.
Marina