Kris, Claire,
Je mentirais en taisant que vos propos me touchent, parce que faire du bien à quelqu’un, l’aider un tout petit peu, c’est très égoïstement se faire du bien à soi. Soyons honnête.
En plus, écrire me fait aussi du bien.
Oui, mon Pierre, je l’aime infiniment. Je l’aurais aimé même s’il n’avait été ce qu’il était. Quelle chance, il est… quasi parfait ! Quasi, parce que parfaitement parfait aurait été insupportable ! Et autre chance inouïe, il m’aime comme je l’aime !
Il y a surtout cet Amour, ce sentiment qui débarque sans que l’on sache pourquoi, qui nous enveloppe, nous transforme, nous rend beaux, heureux, et généreux, capables de franchir des montagnes et de supporter toutes les douleurs, comme nous le faisons tous aujourd’hui, ne pas faillir comme eux, qui ont affronté tant d’épreuves et de souffrances.
Claire, tu te poses des questions sur Dieu.
J’étais croyante et Pierre aussi. Pratiquants au quotidien, mais pas à l'église.
C’est un vaste sujet.
Comme toi, dans les semaines qui ont suivi le départ de Pierre, j’ai cherché … quoi ? Je ne sais même pas, mais je suis allée dans les églises et les temples, rencontrer un pasteur … Si peu de réponses. De si mauvaises réponses.
Où était-il mon Pierre ? Pourquoi lui, qui avait encore tant d’Amour à donner, tant de bonnes et belles choses à faire ? Pouvait-il me voir, communiquer, m’entendre ? …
Comme toi, ces portes closes, ces réponses évasives, m’ont laissées frustrée et … rancunière. Ce « Bon » Dieu, s’il existe, j’espère qu’il a une bonne excuse !
Je l’ai même maudit ce Dieu qui me volait ma raison de vivre, je l’ai … envoyé au diable ! Horreur, blasphème ! Non trop de douleur de chagrin, provocation aussi, et s’il me répondait soudain ce Dieu dit de Justice ? Le fait même de le renier était reconnaitre son existence.
Bin non. Silence. Alors, je ne compte plus sur lui.
Comme toi, j’allume une bougie, petite flamme vacillante, que je souffle chaque soir par prudence, nouvelle petite mort.
Aujourd’hui, je n’ai toujours aucune réponse sur la vie après la vie.
J’ai eu des ressentis étranges tout au long de ces deux années, des impressions, ce qui me fait rêver que nos disparus ne disparaissent pas complètement, que le contact peut être possible, même infime.
Mais je sais que tant que je serais vivante, Pierre sera vivant…
Marina