Bonjour Karo,

Je ne sais pas quel age ont tes enfants. Je ne sais pas si depuis ce drame tu leur parles.
Je pense que le principal est de leur dire ce que tu ressens, comment tu te trouves, ce que tu espères pour l'avenir et ton incapacité à le faire pour l'instant.
Pour ce qui est de se sentir mauvaise mère, j'ai aussi eu cette impression quand, dès le matin, je ne souhaitais qu'une chose, être le soir pour être dans mon lit, tranquille, sans notre fille à gérer.
Quand je rentrais du travail, je ne me disais jamais (et toujours pas...) "chouette, je vais retrouver notre fille", je me disais plutôt "vite, il faut que j'aille la chercher et ensuite, il faut que je me mette en mode conchita jusqu'à 21h, vivement qu'elle se couche !"
Bref, ça m'a fait culpabiliser.

Et puis, aujourd'hui, avec un peu plus de recul, bien que je pense toujours la même chose, je la regarde, elle grandit bien, elle a l'air "joyeuse" (ce n'est qu'un bébé) et je fais ce qu'il faut pour elle.

Alors oui, je ne suis pas joyeuse avec elle, je ne fais pas de grandes balades avec elle parce que j'en ai aucune envie, je ne suis pas "ravie" de la retrouver le soir, même si j'aime un peu ce moment quand même... MAIS, je suis toujours là pour elle, je l'aime de tout mon coeur, je fais ce qu'il faut pour elle.
J'aurais pu vouloir le rejoindre, je ne l'ai pas fait pour notre fille.
J'aurais pu me laisser aller totalement, je ne m'y résout pas pour elle.
Par contre, elle m'épuise, sans elle je me reposerais + mais sans elle, je tiendrai moins également, sans doute...

Mais je suis là pour elle. Grâce à moi elle vit, elle grandit, elle s'épanouit (et dieu sait que c'est dur de la voir faire des sourires car à chaque fois, ça me renvoie l'absence de tristesse de sa part (ce qui est bien normal vu son age !!)) et ça, c'est tout ce qui compte, malgré tout le reste qui n'est pas là.

Je lui parle beaucoup quand je pleure, je lui explique et continuerai de le faire tant que ça m'arrivera. Je pense que c'est surtout ça le principal, pour ne pas les laisser sans explications.

Bon, ce message est un peu brouillon mais je tenais juste à te dire que le fait que tu sois là pour tes enfants, c'est déjà beaucoup pour eux, même si à tes yeux ce n'est pas grand chose car tu aimerais être celle que tu étais avant.
ça reviendra, j'en suis sûre.

Bon courage à toi.

*

Caro,
Pas de conseils à asséner, juste partager mon expérience.
J'ai 2 filles de 8 et 4 ans, leur maman nous a quitté en juillet. Mes premières pensées ont été pour elles : tenir pour elles, ne pas craquer, être fort comme vous dites. Au début, ça allait, compliqué de gérer sa propre souffrance et la leur, mais je tenais. Et puis, au bout de quelques mois, je ne les supportais plus, j'étais tjs en colère, irritable. Je me suis rendu compte que j'avais trop pris sur moi. J'ai décide de clés confier quelques heures, par ci par la, a des amis chers, pour pouvoir souffler, prendre du temps pour moi. Vivre le deuil nous pompe une énergie folle, nos enfants nous en pompent encore plus : nous ne sommes pas surhumains, nous devons souffler!
Aujourd'hui, ces petits breaks m'ont fait du bien, et je suis beaucoup plus disponible pour mes filles.
Donc, avec mon recul, le seul petit conseil que je peux vous donner : prenez du temps pour vous, quelques heures, faite quelque chose qui vous fait du bien (sport, écouter un disque, lire, dormir...), quand vous retrouverez vos enfants, vous serez plus disponibles, à leur ecoute. Et n'hésitez pas à leur montrer votre peine, ils en ont besoin. Être forte pour eux, c'est aussi leur montrer que vous avez de la peine, qu'ils ont le droit d'avoir de la peine, mais que vous êtes la. Exprimer vos sentiments ensemble : ça fait un bien fou!
Je ne serais pas sur ce forum aujourd'hui, mais n'hésitez pas à échanger ici, j'essaierai de vous aider avec ma propre expérience.
Sincèrement,
Fathio