Bonsoir JaB,
Tout d'abord, je te demande pardon JaB, pour les mots que je vais employer. Pardon de ma virulence, pardon de ma colère, pardon du choix des mots mais c'est avec sincérité que je vais prolonger ce courrier... Je ne vais pas être diplomate et je ne vais pas aller dans la complainte, ce n'est pas mon style, pas ma personnalité. Je suis capable d'empathie mais là, trop c'est trop.
Les derniers jours en te lisant, j'ai été terriblement en colère contre toi... Peut-être ne devrais-je pas te le dire pour ne pas risquer de te faire culpabiliser davantage. Mais voilà, la colère que j'ai souvent évoquée dans mon fil de discussion est revenue au galop quand j'ai lu et compris à travers tes mots, ton souhait de mourir, ton futur passage à l'acte. Soyons francs, appelons un chat un chat. Je ne suis pas psy, je ne suis qu'une personne doublement meurtrie, abimée, cassée par le choix égoïste de ses proches. Ces choix de mourir me sont intolérables mais en même temps, étonnement je les comprends. J'ai envie de t'envelopper de douceur mais c'est la colère qui jaillit de moi... J'ai envie de te dire que même si tu te sens seule, tu n'es pas seule (tes enfants). J'ai envie de te dire que rien que pour eux, tu te dois de continuer. Malgré de grands moments de dépression, j'ai réussi à puiser de l'énergie chez mes proches, chez mes enfants et il m'était, il m'est intolérable de les faire souffrir plus que ce qu'ils souffrent déjà. Alors, pardon, si mes propos te choquent, pardon si tu pensais qu'ici sur le forum, tu n'aurais affaire qu'à des caresses dans le sens du poil mais moi, tu m'as mise en colère...
Quand je lis ce que tu écris sur tes enfants, je te cite : "Mes enfants ont leur père sur qui compter, oh il est loin d'être parfait mais je crois leur avoir donné de quoi rebondir, j'ai tellement confiance en eux, ils on toutes les ressources et moi plus aucune. Mes finances ne me permette plus de les faire vivre même une semaine sur deux."
Tu crois qu'ils ont vraiment toutes les ressources
Tu crois leur avoir donné de quoi rebondir ? Ils ont toutes les ressources ? Et toi aucune ?
Viens voir mes trois enfants. Viens voir le chagrin incommensurable dans lequel ils sont plongés depuis bientôt 9 mois. Viens consoler mon petit dernier qui a fini à l'hôpital avant les fêtes de fin d'année parce que ses intestins sont noués depuis le décès de son papa et qui a loupé 1 mois et demi d'école. Viens voir ma puce qui a hurlé, hurlé et encore hurlé pendant des mois. Viens voir mon aîné qui fout sa vie en l'air à coup d'alcool. Viens. Viens voir mon beau-frère qui a continuer à envoyer pendant des mois des SMS à son frère mort... Viens voir comment on vit quand un de nous choisit de mourir. Viens me voir. Je suis une personne reconnue handicapée, qui gagne 900 euros / mois et qui élève seule ses trois enfants... Viens !
Mais pourtant, tu sais. Oui, tu sais combien c'est difficile de vivre sans l'autre... Alors, par pitié n'inflige pas ça à tes propres enfants. C'est aujourd'hui, en étant présente auprès d'eux que tu leur donnes les moyens d'être forts. Même en étant au 36ème en-dessous, ta présence les rassure. Vous êtes des vases communicants. Tu dois puiser ta force en eux et ils puisent la leur en toi... Visualises ça et respire calmement...
Encore pardon pour les propos dénués de sentiment mais ton geste a réveillé une colère monstrueuse chez moi...
Je comprendrais que certains se sentent offusqués par mes propos. Pardon à ceux-là également mais merde à la fin, vivez la vie que je suis obligée de vivre à cause de la décision égoïste de mon frère et du papa de mes enfants et que je subis de plein fouet. Vivez la vie de mes enfants orphelins de père. Oui, vraiment, vivez nos vies !
Muriel.