Merci de ton message. J’ai juste peur que mon « rétablissement » soit trop rapide, en décalage avec des « normes » beaucoup plus longues, mais aller mieux ne veut pas dire aller bien. Je pleure moins, j’ai moins de moments de désespoir, mais pas moins de sensation de vivre dans une réalité parallèle à ce qui était notre vie avant. Nous étions ensemble depuis 37 ans, mariés depuis 34 ans. Nos 2 enfants sont mariés, un petit bout est venu il y a 4 ans agrandir notre famille. Nous étions plein de projets, la vie nous souriait, nous nous aimions tant et le 2 septembre, il y a aujourd’hui 8 semaines, après un bisou, « à tout à l’heure », « cet après-midi on se fait une plage », j’ai encore traîné un peu au lit après son départ et puis il y a eu son pote Laurent, « Val, il faut que tu viennes, Fred à fait un malaise, viens, je t’emmène »... C’etait déjà fini, ils m’ont dit qu’il était parti très vite, pas plus de 2 mn, pas de signes avant coureurs, aucune chance de pouvoir le sauver. Une crise cardiaque foudroyante. Il était en pleine forme, 56 ans et puis plus rien. Le vide total, le cauchemar, l’absurdite de la vie. Je n’ai « que » 54 ans mais j’ai l’impression d’etre passée de l’autre côté, d’avoir basculé dans cette partie, cette dernière partie de vie qu’on entame vers 70 ans, quand on se dit que le meilleur, toutes les belles choses de la vie sont un peu derrière nous et qu’on regarde grandir ses petits enfants voire ses arrière petits enfants. L’impression d’avoir raté un gros épisode de notre vie de couple, celui où on pense beaucoup à nous, en retraite pour faire tout ce qu’on aime, réaliser nos derniers projets, vivre libérés des contraintes de travail et autres.... Je vais un peu mieux oui, mais à l’interieur c’est un désastre, c’est tout vide et aussi rempli avec des angoisses, du chagrin, des regrets, des manques affreux. Tes enfants te donnent de la force mais ça doit aussi être difficile car tu dois être en même temps forte pour eux car ce sont encore des enfants qui dépendent de toi. J’ai moi la chance d’avoir de grands enfants (30 et 33 ans) qui s’occupent très bien de moi, je sais que c’est une chance, d’autant que je n’ai pas toujours la force de les consoler car eux ont perdu un papa qu’ils aimaient plus que tout. Il y a pire que moi, je le le dis de temps en temps, je relativise un peu. En fai, je crois qu’on fait ce qu’on peut pour rester debout, quelle qu’en soit la raison et qu’on est tous méritants d’au moins essayer.... Je te souhaite une douce journée, Muriel.