Bonjour,
Je suis de tout coeur avec toi dans ce moment de découragement, moments qui reviennent inévitablement, malheureusement.
Comme toi, ça fait bientôt 4 ans que mon amour est parti, et je suis encore dans la lutte quotidienne pour trouver un sens et une motivation.
Pour ton fils, j'ai envie de te partager un échec scolaire qu'a traversé le mien. Bon, c'était avant l'accident ... donc ce n'est bien sûr pas la même chose, pour vous, le deuil ajoute évidemment une dimension bien plus difficile, autant pour toi que pour lui. Enfin, peut-être que l'image pourra quand même donner des idées. Mon fils avait râté un examen super important pour lui ( râté 2 fois sa première année à l'école polytechnique en Suisse, donc il était exclu définitivement de l'école dont il rêvait depuis tout petit). Super dur pour lui. J'ai passé beaucoup, beaucoup de temps avec lui, à parler, à le pousser à exprimer ce qui l'avait bloqué, en douceur, fermement, sur plusieurs jours (pas trop longtemps chaque fois, par petits pas). Et je ne l'ai pas laissé s'apitoyer sur son sort : 2 semaines de vacances, puis ensuite boulot du matin au soir, 8 heures par jour, soit pour s'occuper de la maison, soit pour faire des recherches de stage. Je lui ai dit qu'il pouvait choisir, c'est sa vie, sa responsabilité : se laisser aller, ou alors profiter de l'échec pour mieux rebondir. Il a eu de la peine, il a traversé ses doutes, trouvé un stage et bien rebondi. J'ai beaucoup insisté sur cette image de "rebondir", profiter de l'échec pour comprendre et grandir, faire encore mieux après.
Je crois qu'on n'est pas vraiment impuissant, quand il s'agit d'autre chose que la mort. Enfin, en tout cas beaucoup moins. En montrant à nos enfants qu'on les aime quoi qu'il arrive, qu'on ne les juge pas, qu'on les soutiendra toujours et qu'on fait notre boulot de parent même s'il n'est pas toujours agréable (c'est souvent pénible et un effort pour nous) : c'est-à-dire essayer de toujours pousser nos enfants à réaliser leur potentiel, à aller encore plus loin, mais bien sûr sans les pousser trop loin. Equilibre délicat, énergie à dépenser. Mais ça en vaut sacrément la peine, je crois. En restant toujours à l'écoute et disponible. On ne peut évidemment pas faire un examen pour eux ou annuler un résultat, mais on peut leur montrer que les échecs peuvent être des tremplins qui peuvent leur permettre d'aller encore plus loin, et que nous serons toujours là pour les soutenir, quoi qu'il arrive, et ça c'est énorme.
C'est vrai que quand on est désespérés, on n'a même plus la force de faire ça, mais parfois la vie nous propose ces moments de "crise", je crois que ça vaut la peine de les saisir, parce que même si on en sort encore plus éreintés, au fond, on peut enfin y discerner un semblant de sens, de raison d'être. Notre amour n'est plus là, mais nos enfants ont besoin de nous, nous avons encore un rôle essentiel à jouer, voire un "double rôle", le nôtre + celui de l'autre
Je t'envoie tout plein de courage