Bonsoir Laurent, Je ne viens pas tous les soirs sur le forum, mais de loin, je suis le parcours de chacun. je me suis inscrite en novembre, je l'aurai fait avant si j'avais vu ce forum plus tôt. Ca m'aurait aidée.
Cela fait 20 mois que Christophe est parti après 11 ans et demi de combat contre la maladie, avec une force hors du commun et un courage immense. Les gens disaient que nous étions fusionnels. C'était un grand homme (avec un fichu caractère mais qui me manque tant).
Je rêve de lui, pas souvent. Le premier rêve, nous étions en voiture, j'avais ma tête sur son épaule, comme quand nous étions jeunes, il me disait que ça allait aller. les rêves suivants étaient bizarres car je savais que c'était lui et je ne voyais que ses jambes, je ne comprenais pas. depuis, deux autres rêves, et là, je le vois bien. ce sont des rêves apaisants où je suis dans ses bras. Quand je me réveille, je suis bien, sereine.
Je sens qu'il est là, près de moi mais qu'il me pousse à aller plus loin maintenant. Je ne vais pas te dire que je ne pleure plus, car ça m'arrive. Comme toi, je montre un autre visage à mon travail. J'ai toujours besoin de parler de lui, chaque jour, mais moins qu'avant.
J'ai deux grands garçons, plus à la maison. Le plus jeune, qui était très proche de son père, veut que je refasse ma vie. L'idée me passe par la tête quelquefois, mais je sais que je ne suis pas prête. Ni l'un , ni l'autre ne m'ont interdit d'avoir quelqu'un, et je dirai même que ma vie ne les regarderait pas. je fais ce que je veux. Ca, c'est le point positif d'être maintenant seule. Je fais ce que je veux sans rendre de compte.
Laurent, imagine qu'un jour, alors que tu ne t'y attends pas, tu rencontres une femme, qui te plaise (mais qui ne remplacera jamais celle qui est dans ton coeur à tout jamais), que feras-tu? Pour ma part, je sais que Christophe aura toujours cette place importante qui comble tout mon coeur.
S'il y a des jours où je me dis que je ferai mieux de le rejoindre car ma vie sans lui n'a pas de goût, la plupart du temps, je regarde un peu plus loin. J'essaie de sortir, je dis bien j'essaie. Je rentre vite chez moi. Dans mon antre, à l'abri des autres.
Je me rends compte que je ne veux pas finir ma vie seule. J'avoue que j'ai peur de cette solitude, j'ai peur de tomber malade et que personne ne soit là pour prendre soin de moi. déjà là, je ne veux pas être malade, car j'habite un hameau et s'il m'arrive quelque chose, les voisins ne s'en rendront pas compte tout de suite. Si, s'ils voient que les volets ne sont pas ouverts alors qu'ils savent que je vais travailler.
Je suis entourée de veuves dans ma famille. mes tantes et cousines qui se sont retrouvées seules, mais qui n'ont jamais refait leur vie. Elles me disent toutes la même chose, "ne reste pas seule, c'est trop difficile", maintenant elles sont agées et pas la même génération, de celle où la femme veuve restait seule.
Maintenant ce n'est que mon avis. J'ai 53 ans passés, je sais que je ne veux pas rester seule, que je ne veux pas d'un homme dans ma maison, dans notre maison, mais surtout que je ne suis pas encore prête.
Ma peine est plus supportable, j'ai retrouvé le sourire, je ris à nouveau, mais c'est encore trop frais.
Courage à toi, Laurent. A chaque jour suffit sa peine. Tu verras quand tu seras prêt, que tu te sentiras mieux. mais une chose est sûre, ton épouse sera à jamais dans ton coeur.
Douce nuit, et profite de chaque instant qui passe.
Affectueusement.
Béatrice