Mon compagnon est parti le 21 décembre 2012 à 18h05 dans mes bras après un an de souffrances dues à un mélanome, il avait 40 ans depuis 2 mois... Nous avons découvert son mélanome en octobre 2011, d'abord on nous a dit qu'il s'agissait d'un lymphome, puis une semaine après un coup de fil nous a annoncé que le diagnostic était celui d'un mélanome métastatique... Le ciel s'est écroulé... Une séance de chimio en février, pour s'entendre dire que ça ne servirait à rien et qu'aucune chance de survie n'était possible ni rémission... Que tu n'avais plus que 3 mois à vivre... Tu as donc refusé tout autre forme de médecine agressive et tu as choisi les thérapies alternatives, tu as tenu 10 mois... en te battant jusqu'au bout en gardant l'espoir de t'en sortir, et moi aussi, je n'y ai pas cru longtemps à ce mélanome... jusqu'au jour où j'ai senti les métastases le long de ta colonne vertébrale et dans ton cou c'était en octobre... Mes mains en ont le souvenir tactile... Tu étais ma vie, mon avenir, mon arbre, mon soutien, mon amour... Le 21 décembre 2012, ça faisait quelques temps que tu m'en parlais, tu étais persuadé et certain que quelque chose arriverait, et cela depuis bien avant l'annonce de ta maladie... A chaque fois, je rigolais et te disais d'arrêter de croire à ce genre de prédictions, qu'il n'y avait rien de scientifique et que tout cela était faux... Mais voilà, dans la nuit du 20 au 21 décembre, tu m'as appelé, j'étais à 500km, je t'ai entendu dans ma tête, tu étais hospitalisé depuis le lundi et... J'ai pris ma voiture et j'ai foncé jusqu'à ce que je sois à 50km de Lyon, là ta soeur m'a appelé en me disant que tu étais parti... J'ai explosé en larme mais j'ai continué... et lorsque je suis arrivée, tu étais là encore, tu n'étais pas parti... Les médecins avaient seulement dit que tu ne t'étais pas réveillé et donc tes proches ont conclu à ton départ... Mais tu étais là, je suis entrée dans la chambre, tu respirais, tu étais dans le coma mais tu m'entendais j'en suis sure, ils sont tous venus te dire au-revoir et je suis restée seule avec toi... Jusqu'au bout, quand le moment est arrivé, je l'ai senti, je t'ai enlacé, j'ai arrêté de pleurer, et je t'ai parlé calmement, pour t'aider à passer la frontière, tu as souri, j'ai vu le masque de la souffrance disparaître... et tu es parti... Mais depuis j'en peux plus... La mort ne me fait plus peur, et je me dis que tu m'attends pas loin, et que nous serons ensemble quand ce sera mon heure... J'ai fait un tableau représentant l'endroit où tu m'attends, et je sais que tu es là avec moi encore... Je sens ta présence lorsque la souffrance est trop intense... Tu étais fort et tu t'es battu jusqu'au bout, c'est pourquoi je me bats pour ne pas me laisser aller, il y a mes filles qui t'aimaient vraiment et qui m'ont dit que tu étais leur beau-père... pour elles aussi je lutte, mais pas pour moi... L'avenir est tout noir, sans issu, sans lumière, sans ton amour, sans nos discussions, sans nos échanges silencieux mais réels, sans les moments que l'on a passé ensemble, chez toi, chez moi, dans la maison que nous construisions... dans cette caravane où nous dormions lorsque nous étions sur le chantier au début... sans ton sourire, ton rire qui explose, tes yeux qui pétillent... tes mots qui soulagent, qui bousculent, qui aiment, qui aident... Ton odeur, tes gestes, ta voix...
C'est injuste...