Après plusieurs longues semaines à me murer dans le silence et à me bercer dans l'illusion que je suis forte et que tout va bien pour moi, je me décide à vous rejoindre ce soir. Les larmes seule la nuit ne sont plus supportables, la douleur qui m’envahis non plus et je ne supporte plus l'idée de me sentir comme un poids endeuillé pour mes amis avec qui je commence à faire semblant d'être «remise».
J'ai vécu cette année un double drame, la perte de deux de mes proches, pertes toutes deux très différentes.
Le 28 décembre dernier, alors que j'étais au travail, on m'annonçait le décès de mon oncle qui avait mis fin à ses jours. Nous étions depuis quelques temps lui et moi dans une sorte de froid et en même temps, nous avions conservé notre amour et notre respect familial après nos différents. J'ai pourtant la sensation d'avoir mal vécu nos derniers instants, de ne pas avoir suffisamment alerté ma famille des signaux que j'avais perçu et je me sens très mal à l'aise quand je pense à lui. Etions-nous encore en froid, étions nous réconcilié ? Finalement, avait-il perdu son estime pour moi ? Ne me suis-pas comportée simplement comme une égoïste avec lui et perdu notre temps ? Cela a t-il eu une influence ?
J'ai pu dire au revoir à mon oncle en me rendant aux funérailles. Le peu de soin accordé à ces dernières a été assez choquant, c'était une crémation, mais j'ai pu dire au revoir.
Pour surmonter cette épreuve, j'ai abusé de soirées festives avec de mes amis et perdu un certain contrôle sur ma vie jusqu'au jour ou il a bien fallu revenir à la réalité. Un soir, avec un ami, tout est remonté, j'ai beaucoup pleuré et c'était comme «terminé».
Quelques mois plus tard, on m’annonçait que j'allais perdre ma tata d'un cancer. Elle avait déjà été malade plusieurs fois dans sa vie, mais rien ne laissait supposer qu'elle rechuterait. Les médecins nous avait donné une sorte d’échéance en nous préparant à une séparation en juin et finalement le temps nous a accordé deux mois de «sursis».
J'ai pu avoir ma tata au téléphone quelques semaines avant qu'elle parte et nous nous sommes dits tout ce que nous avions à nous dire, de belles choses et beaucoup d'amour. Tout a été très apaisé, très serein. Les 800 km qui nous séparent ne m'ont financièrement pas permis de me rendre aux funérailles. J'ai donc entamé un deuil sans corps, il n'y a pas de tombe, ces cendres ont été dispersées dans la montagne. C'est très loin, je n'ai pas le moyen d'aller m'y recueillir pour le moment. Là encore, comme une sorte d'anesthésie j'ai assez bien encaissé les choses.
Cela fera bientôt un an que mon oncle nous a quitté et quatre mois que ma tata s'est envolée. Je ne sais pas si c'est l'approche des fêtes mais je me mets à rêver très souvent d'eux. Il y a toujours un côté très douloureux dans ces rêves mais aussi un côté apaisant puisque dans ces derniers, mon oncle me rassure souvent et ma tata me dit au revoir. Pourtant, au petit matin, j'ai la sensation de les perdre de nouveau quand je me réveille. Je pleure beaucoup, je ressens une immense douleur que je n'arrive pas à contrôler.
Je vous remercie de m'avoir lu et m'excuse pour ce long pavé… J'espère que vous pourrez m'apporter vos conseils, j'ai lu beaucoup de témoignages ici et je suis heureuse de voir que nous ne sommes pas seuls. Étant très pudique sur le deuil avec ma famille, vous écrire me réconforte.