Oh comment je te comprends...
J'ai perdu mon père il y a 4 mois et mon grand frère il y a 6 ans.
Comme toi, je suis très connectée à eux.
La fille, c'est le papa. Le papa, c'est la fille. C'est un lien très fort quand en plus, les deux s'aiment inconditionnellement.
De même, la maman, c'est le fils. Ils sont très fusionnels.
Et non, ne cherche pas à retrouver cette relation. Tu as un seul père, un seul amour de ce type, ce qui fait que tu ne le retrouveras pas en quelqu'un d'autre. Mais ce n'est pas une fatalité, car de l'amour, il y en a de toutes sortes, en tout temps. Et tu apprendras à les reconnaître, peut-être pas aujourd'hui, ni demain. Juste une chose, laisse-toi porter. Si tu veux pleurer, vas-y. Si tu veux t'énerver, vas-y. Si tu veux parler, même juste un mot, vas-y. Ne t'en veux pas de "devoir" dégrader cette image de fille forte et rieuse que tu dégages. Ne t'en veux pas parce que ceux qui te disent cela ne savent pas réellement le fond de tes émotions. Ce n'est pas qu'ils le font exprès, leur intention est toujours bonne, ils ne savent juste pas comment se comporter quand ils n'ont pas connu ça.
Quand on me dit ce genre de choses, je ne réponds pas. Je me contentais d'hocher la tête ou de sourire parce que je sais... ils peuvent dire ce qu'ils veulent tant que ça ne leur arrive pas (et je ne leur souhaite surtout pas !).
Regarde nous, on ne te dit pas que tu es forte, juste... on te souhaite de l'être pour la vie d'après, comme j'aime à le dire.
Là maintenant, tu es en plein dedans, tu n'as pas encore franchi cette porte de la vie d'après, après Papa, alors de temps en temps, autorise-toi à être faible. C'est la société qui te dit d'être comme ci, d'être comme ça si tu traverses tel ou tel événement. Non et non ! Chacun son rythme, chacun sa douleur. Lâche prise sur ce qui te retient, que tu sois seule ou en présence d'une personne. Lâche prise.
Pour ma part, cela fait 4 mois et je suis déjà arrivée à cet état de conscience. Mais je pense que la disparition de mon frère il y a 6 ans a beaucoup déteint sur ma vision des choses. J'ai plus relativisé, comme si j'avais l'impression que je ne pouvais résolument pas souffrir plus que ça. Je ne sais pas comment expliquer... Il manque à ma vie, énormément !
Pour ce qui est de ne plus vouloir de présence masculine, je te comprends totalement.
Non ce n'est pas étrange, ce n'est pas bête de ne vouloir aucun homme, de vouloir être seule. Pendant un moment, tu seras seule, tu en auras besoin.
J'ai perdu mes seuls hommes et j'ai pensé comme toi et à un moment aussi, j'ai pensé : "mais... je n'ai rien à offrir. Mon coeur est complètement crevé".
Et tu sais quoi... Dis-toi, avant de partager de bons sentiments à autrui, recharge-toi d'abord : ton être intérieur, ton âme, ton coeur... Il te faut du temps, d'un tout et d'un rien. Et tu verras, je suis certaine, tu verras cette petite lumière en toi, tu t'aimeras.
Et alors, tu seras capable de faire un pas en avant. D'ailleurs, tu en as déjà fait un bien grand. Regarde, tu nous écris.
Continue de marcher, tu seras capable de ressentir de l'amour et tu seras capable de l'offrir à qui le veut.
Un pas à la fois, c'est tout ce qui compte.