Bonjour.
C'est à se demander si "deuil" n'a pas son autonomie propre en nous. Le 61+4 = 65. "L'autonomie du complexe", ce sujet qui différenciait les pensées de Freud et de Jung.
ça peut être méchant un +4, quand il est aux commandes. le +4 est chargé de colère, de vengeance, de souffrance. L'injustice est telle face à ruinification de vie. L'isolement dans la douleur, le lâchage général de la famille et/ou des amis, du social est si brutal. Suis-je condamné à gérer ad libitum cette personnalité dissociative qui fait se côtoyer un lucide et un embrouillé? Plus deuil sera apaisé, plus +4,+5,+6...sera transformé comme le tout, j'espère, en pacifique solide.
Il est certain qu'avec ce peu de recul du trauma, 3ans, 8 mois et 17 jours, il faut encore bien du temps pour sortir de cette condition qui rejoint un peu celle des enfants battus : Dolto ne disait-elle pas que ces enfants qui sont les plus forts car ils ont survécu, "choisi" de vivre?
Il y a bien des années (40 ans, maintenant), j'ai eu dans un des groupes d'enfants dont je m'occupais un enfant battu. Il, c'était un garçon, ne cessait de chercher ce lien qui était sien de se faire battre. a l'époque, j'étais novice et peu formé, mais je me souviens très bien que ce qu'il activait en moi m'inquiétait...je résistais à l'envie de lui foutre une baffe, tellement il foutait "la zone" dans le groupe, les activités ou le quotidien à gérer. Bien plus tard, fortuitement, en allant à la plage, 2 ans environ avant que ma fille décède, j'ai observé un enfant et sa maman se rendant à la plage, maman quasi-obèse qui lui distribuait des claques à tour de bras, comme seul (?) lien maternel possible qu'elle et lui avait construit. Lien mis en scène, en tout cas. J'avais été "frappé" par la réaction de cet enfant qui venait de "s'en prendre une de plus, ça devait être la troisième sur 100 mètres", ressentant cette réaction comme un autre enfant "lambda" aurait apprécié une marque de tendresse de sa maman. La "baffe" reçue était solution et non punition mais presque une attention avec une sorte d'affection. Le systémicien toujours un peu présent dans ma tête avait "remonté" le courant mais abstenu de tous commentaires...Juste observé. Le gamin ne cessait de réclamer ces marques, visiblement si fréquentes qu'il avait le cuir si endurci que ce n'était plus douleur pour lui que de se faire ainsi "baffer". Il ne me semblait pas non plus "Sylverman à signaler ", un cran en-dessous, juste à cet étage inférieur des perversions du lien humain : la baffe comme seule marque d'amour, baffe réclamée, donnée et sans non plus d'escalade symétrique, tout au moins dans ce que j'ai alors vu.
ça fait question, non? Ce +', des fois il en reçoit, des baffes, et des fois il en donne. Je m'en méfie, puisque cette "schizophrénie guérisseuse" doit rester à sa place et ne pas prendre pouvoir sur le lucide. C'est un combat rude, je trouve, Grand En-deuillé, de ne pas se venger...Mais j'admets que cela m'est plus facile avec d'autres "grands endeuillé(e)s qu'avec des non-endeuillés. Avec les non-endeuillés, je supporte mal qu'il/elles fuient leurs vérités, leurs failles, ça peut même me rendre inflexible. Ce n'est pas une "frontière" facile à assouplir, ce sujet : il reste un peu "patate chaude", parfois, de moins en moins fréquent, heureusement.
Tchao.
Pascal.
PS : finalement, accepter sans comprendre ne m'est pas accessible. Je vais chercher des solutions de mon "ici et maintenant" dans mon passé professionnel. Et là, surgit ceci : quand je bossais avec des personnes dites "handicapées mentales", j'avais remarqué qu'un de ces personnes, extrêmement éprouvée dans sa vie, rigolait quand elle me voyait en difficulté, soit "trébuchant", soit simplement "empatouillé" dans X-situations assez banales. ça la soulageait de voir au-dehors d'elle en autrui ce qui la rongeait en son intérieur. Un fonctionnement projectif à accepter, ça faisait partie du boulot. Cette "contenance" si difficile d'en-deuillé n'est pas sans résonances avec cet état qui était le sien, alors.
Et en-deuillé, c'est un "job" à plein temps. Même pas payé, en plus.
En fait, cette frontière à identifier est assez simple. Elle se résume pour moi ainsi : si, intentionnellement, je mets quelqu'un en difficulté pour me soulager, c'est de la perversion, et ça NIET, absolument NIET. Si par contre, c'est douleur intérieure qui saisit occasion non-intentionnelle et se résout ainsi, involontairement, c'est de la régulation. Et là pas du tout du même tonneau que de la perversion, un toxique que je rejette aux poubelles "recyclage, triage, et sans le moindre ambage". Pour la régulation, je reste dans le camp solidarité.
Bizs
Re- Pascal.