Bonjour,
On s'est croisés ici quelques fois... Je lisais tous tes posts.
Il m'arrive d'y passer encore, et d'y écrire bien que j'ai eu souvent l'impression de rabâcher sans cesse. "L'aquabonite" telle qu'Eva Luna l'a exprimée m'a souvent retenue d'en dire plus.
Je dirais qu'après toutes ces annés j'ai certainement avancé sur ce chemin de deuil, bien que je n'en sois pas moi-même persuadée ! Il ne s'agit pas d'une posture, mais je suis aujourd'hui convaincue qu'on ne fait jamais son deuil, mais que c'est bien lui qui vous fait, de jour en jour, jusqu'au dernier...
Une fois j'ai écrit que j'étais devenue ce que j'étais...
Certains se sont abusés je pense en croyant que j'avais peut-être développé une résilience particulière ou des qualités cachées. J'ai par ailleurs toujours eu du mal avec cette notion de résilience, que j'ai parfois revêtue d'une injonction au bonheur. Je suis plus à l'aise avec la concilience : concilier ce que j'étais avec ce que je suis devenue...
Peut-être aurai-je dû être plus claire.
J'ai développé un TAG qui me pourrit bien la vie, et dont je peine à me défaire. C'est une conséquence de tous ces traumatismes accumulés je pense (psychologie de comptoir
?).
Ma barque était déjà bien chargée quand elle a échoué dans ma corbeille de deuil. Une barque plus une corbeille, ça fait beaucoup à avaler et la digestion est longue !
C'est une vraie pathologie pour laquelle j'ai accepté d'être suivie. Après beaucoup d'années d'errance. J'espère pouvoir sortir de ça un jour.
Pour ce qui concerne le deuil, c'est étrange. Je crois que je suis, comme le disait certain galérien d'avant, une mauvaise élève.
Pas d'intronisation pour moi de la personne disparue.
Je ne me sens ni accompagnée, ni veillée. Je me débrouille avec ça dans un monologue perpétuel avec ceux que j'aimais. C'est ma manière d'être avec eux... Tous les jours.
Je me sens souvent plus ou moins en décalage avec les autres. Comme avant, je ne souhaite ni me sens l'aptitude à mettre un masque de sociabilité. Il y a bien longtemps que ceux que cela pouvait déranger sont partis, les autres qui me connaissent mieux le savent et l'acceptent.
Je ne suis pas non plus la revêche qui pourrit l'atmosphère, je suis sincère avec ce que je suis profondément je crois. Je reste souvent dans l'ironie, qui me permet d'être en retrait et qui ne bouscule pas trop les autres. Voilà
Ceux qui me liront ne doivent pas se méprendre : il ne s'agit ici que de mon propre chemin, et il n'est pas celui qu'ils prendront nécessairement.
Malgré la tristesse et des moments de profond désespoir je partage des jours heureux avec ceux qui m'entourent, et comme le disait Nora : "Le deuil, c'est en prendre pour perpète, mais il y aura des aménagements de
peine...
Bien à toi, bien à vous,
Faïk