Auteur Sujet: Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !  (Lu 990759 fois)

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #225 le: 25 mai 2016 à 23:13:25 »

 Déclarations d'amour

Je vous aime, vous... pour l'amour de Dieu, parce que vous êtes mon prochain, parce que vous êtes l'un de mes proches. Sans l'amour de Dieu, je ne vous aimerais pas, vous ne m'êtes pas sympathique.

Je vous aime, vous... parce que vous êtes bon, parce que vous êtes sage, parce que vous agissez bien..., parce que... parce que... parce que...

Je vous aime, vous... parce que vous êtes malheureux. Si vous ne l'étiez pas, je ne songerais pas à vous, et quand vous ne le serez plus, je vous oublierai.

Je vous aime, vous... parce que vous pensez où je pense, voulez où je veux, aimez où j'aime et qu'il y a entre nous deux cette merveilleuse harmonie.

Je vous aime, vous... parce que ça me fait plaisir.

Et vous, je vous ai aimé, vous seul, parce que je ne pouvais pas m'en empêcher malgré le mal que vous aimer m'a fait. Je vous ai aimé sans voir, sans savoir, sans vouloir, sans pouvoir...

Marie Noël
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #226 le: 26 mai 2016 à 01:45:00 »


" Baiser "  Joachim Du Bellay

Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,

Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?

As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?

Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.

JOACHIM DU BELLAY (1542)
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #227 le: 26 mai 2016 à 18:57:12 »
Encore de très beaux textes Frederico  ;) :)

Bon courage pour ta nouvelles vie!  :) ça peux faire du bien de bouger un peu, de s'occuper les mains et l'esprit, surtout lorsque c'est de manière constructive.
*Où que tu sois, ne m'oublie pas. Ici, ta voix résonnera encore et toujours. C'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi; mais c'est un monde où je ne suis pas...* (Dark Sanctuary)

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #228 le: 27 mai 2016 à 00:56:23 »

Je traverse des moments de "Grande Solitude"... une traversée du "Désert" qui m'entraine irrésistiblement vers mon Petit Monastère où je me sens "bien" et "en confiance" avec vous mes amiEs.
J'imagine ce lieu "Mon Petit Monastère" paisible, calme, espace privilégié, paysagé et fleuri où règne une belle solitude et un profond silence... je vous croise... un mot, un sourire, un geste, un regard... l'air serein ... parfois grave ...
Nous sommes ensemble... nous nous écoutons... franchement... respectueusement... solidairement.
OUI, nous sommes ensemble et nous ne sommes pas "seul"... "seule"... une main tendue, une oreille attentive, un signe attendu, un mot espéré... une larme versée et notre souffrance qui nous sublime à être ce que et qui nous sommes... des êtres humains ... fiers, humbles.

Une simple et douce pensée pour vous tous et vous toutes...

Federico
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #229 le: 27 mai 2016 à 03:08:19 »
C'est... bizarre et ... étrange et... mystérieux... je vois  TOUT EN GRAND...

"Grand Déménagement...Grande Solitude... Grand Désespoir... Grande Espérance... Grand Amour !"

C'est vrai que La vie est constituée de plusieurs vies ou plus simplement plusieurs phases colorées...
L' Enfance...L' Adolescence... La Jeunesse... La Jouvence

Puis... L' Adultespérance... puis encore L' Adultesouffrance... puis enfin La mort...

La mort est insupportable... la douleur reste... mais ce qui m'attriste encore plus profondément ...
c'est quand la mort frappe tout spécialement l'enfance, l'adolescence, la jeunesse !

Cela semble plus injuste car "ils "elles" ont peu vécu... et n'ont pas pu suffisamment jouir de la vie !

Ne dit-on pas que la vie est belle et colorée...???????

FEDERICO



« Modifié: 27 mai 2016 à 03:18:20 par Federico »
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #230 le: 27 mai 2016 à 09:25:49 »
Mon Petit Monastère" paisible, calme, espace privilégié, paysagé et fleuri où règne une belle solitude et un profond silence... je vous croise... un mot, un sourire, un geste, un regard... l'air serein ... parfois grave ...

 je voudrai le même ...... du calme du calme .........

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #231 le: 27 mai 2016 à 16:08:17 »



                                                          A MORT LE SUICIDE !


Papa de Raphaël
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #232 le: 27 mai 2016 à 17:39:21 »


Oui, je veux saigner pour toi... mon sang doit couler noir de chagrin, de douleur, de souffrance !

Oui, je veux aimer pour toi... mon amour doit pardonner et ouvrir un arc en ciel de couleur sur la vie !

Paloma...Paloma...

Mon fils Raphaël, je t'aime !

Papa
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #233 le: 27 mai 2016 à 23:24:28 »
Rouge contre nuit (6), Tout ce qui manque, avec Jean-Baptiste Pedini
 
par : Isabelle Lévesque


Indice de neige ou danger, le titre se prolonge dans le premier poème du recueil où la neige noircie de la nuit le rappelle.

Tout débute confusément :

« Quelqu’un secoue des ombres à la fenêtre. »

Quel fantôme ? Quelle couleur trouver où tout semble sombre ?

Quelqu’un ou personne, en ce début murmuré en prose, tout incline vers l’absence ou ce qui s’altère : poussières dispersées, « pages cornées », l’obscurité sourde et lourde de minuit, l’hiver. En « éclaireurs », les « peurs et les mots », associés, sont gagnés par la saison. Ici les poussières et la ville sont personnifiées, placées au premier plan, devenues matière de la nuit d’hiver alors que le poète hésite dans le « on » brumeux de l’indéfini.

La perception est orientée vers ce qui est au diapason de ces premiers indices : glaçon, « l’horloge » qui « a basculé », « la roue tourne ». L’air lui-même ressenti comme « compact », les autres signes qui pourraient percer « pour desceller les souches noires de la nuit » sont atténués. Sans vigueur suffisante, ils ne peuvent éclairer ni le climat ni la couleur. La neige noire est souillée d’empreintes. Impossible de les arrêter, les signes noirs gagnent leur territoire, la maison. Perspective fragile contre laquelle apparaissent des obstacles pour qui veut la retrouver, porte « gelée » qui nécessite d’attendre avant de rejoindre. C’est que l’immobilité gagne les lieux et ceux qui pourraient les parcourir, l’être perçoit ce morcellement qui s’exprime aussi dans la perception de la neige. Elle n’est pas immaculée dans le recueil de Jean-Baptiste Pedini, elle est noircie par la nuit et souillée par tout ce que l’hiver transporte, hiver à peine réchauffé par le chocolat fumant qui rassemble autour d’une table. Les êtres ne sont pas nommés, pas identifiés, toujours ce « on » et la privation : redondante et révélatrice de l’hiver, la préposition « sans » est déclinée, collée aux groupes nominaux pour une énumération morcelée (elle revient par intervalle) de tout ce qui manque.

Les infinitifs complètent la toile d’un univers saisi dans ce qui échappe, le retour de l’hiver et l’arrêt de ce qui vit et vibre.

A plusieurs reprises, en fin de poème, une tentative, une amorce de vie : on est « attelé à la luge de l’aube » ou l’on veut « attiser le feu du jour », ce commencement cependant s’éteint dans le début du poème suivant :

« Rien ne va ce matin. »

Tout concourt, tout va vers la tristesse qu’exprime la neige mêlée de sel, confondue aux larmes. Ce qui apparaît : tout ce qui manque sans être précisément nommé (rien n’existe plus de cela qui éclairait).

A la fin, dernier écho à la neige, « l’angoisse » « trop blanche » venue clore le livre pour attendre.

 Demain peut-être, la saison des possibles.
« Modifié: 27 mai 2016 à 23:30:14 par Federico »
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #234 le: 29 mai 2016 à 02:41:25 »


Souvenir
 

J’espérais bien pleurer, mais je croyais souffrir
 En osant te revoir, place à jamais sacrée,
 O la plus chère tombe et la plus ignorée
 Où dorme un souvenir !

Que redoutiez-vous donc de cette solitude,
 Et pourquoi, mes amis, me preniez-vous la main,
 Alors qu’une si douce et si vieille habitude
 Me montrait ce chemin ?

Les voilà, ces coteaux, ces bruyères fleuries,
 Et ces pas argentins sur le sable muet,
 Ces sentiers amoureux, remplis de causeries,
 Où son bras m’enlaçait.

Les voilà, ces sapins à la sombre verdure,
 Cette gorge profonde aux nonchalants détours,
 Ces sauvages amis, dont l’antique murmure
 A bercé mes beaux jours.

Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse,
 Comme un essaim d’oiseaux, chante au bruit de mes pas.
 Lieux charmants, beau désert où passa ma maîtresse,
 Ne m’attendiez-vous pas ?

Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
 Ces larmes que soulève un coeur encor blessé !
 Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières
 Ce voile du passé !

Je ne viens point jeter un regret inutile
 Dans l’écho de ces bois témoins de mon bonheur.
 Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille,
 Et fier aussi mon coeur.

Que celui-là se livre à des plaintes amères,
 Qui s’agenouille et prie au tombeau d’un ami.
 Tout respire en ces lieux ; les fleurs des cimetières
 Ne poussent point ici.

Voyez ! la lune monte à travers ces ombrages.
 Ton regard tremble encor, belle reine des nuits ;
 Mais du sombre horizon déjà tu te dégages,
 Et tu t’épanouis.

Ainsi de cette terre, humide encor de pluie,
 Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour :
 Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie
 Sort mon ancien amour.

Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie ?
 Tout ce qui m’a fait vieux est bien loin maintenant ;
 Et rien qu’en regardant cette vallée amie
 Je redeviens enfant.

O puissance du temps ! ô légères années !
 Vous emportez nos pleurs, nos cris et nos regrets ;
 Mais la pitié vous prend, et sur nos fleurs fanées
 Vous ne marchez jamais.

Tout mon coeur te bénit, bonté consolatrice !
 Je n’aurais jamais cru que l’on pût tant souffrir
 D’une telle blessure, et que sa cicatrice
 Fût si douce à sentir.

Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées,
 Des vulgaires douleurs linceul accoutumé,
 Que viennent étaler sur leurs amours passées
 Ceux qui n’ont point aimé !

Dante, pourquoi dis-tu qu’il n’est pire misère
 Qu’un souvenir heureux dans les jours de douleur ?
 Quel chagrin t’a dicté cette parole amère,
 Cette offense au malheur ?

En est-il donc moins vrai que la lumière existe,
 Et faut-il l’oublier du moment qu’il fait nuit ?
 Est-ce bien toi, grande âme immortellement triste,
 Est-ce toi qui l’as dit ?

Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m’éclaire,
 Ce blasphème vanté ne vient pas de ton coeur.
 Un souvenir heureux est peut-être sur terre
 Plus vrai que le bonheur.

Eh quoi ! l’infortuné qui trouve une étincelle
 Dans la cendre brûlante où dorment ses ennuis,
 Qui saisit cette flamme et qui fixe sur elle
 Ses regards éblouis ;

Dans ce passé perdu quand son âme se noie,
 Sur ce miroir brisé lorsqu’il rêve en pleurant,
 Tu lui dis qu’il se trompe, et que sa faible joie
 N’est qu’un affreux tourment !

Et c’est à ta Françoise, à ton ange de gloire,
 Que tu pouvais donner ces mots à prononcer,
 Elle qui s’interrompt, pour conter son histoire,
 D’un éternel baiser !

Qu’est-ce donc, juste Dieu, que la pensée humaine,
 Et qui pourra jamais aimer la vérité,
 S’il n’est joie ou douleur si juste et si certaine
 Dont quelqu’un n’ait douté ?

Comment vivez-vous donc, étranges créatures ?
 Vous riez, vous chantez, vous marchez à grands pas ;
 Le ciel et sa beauté, le monde et ses souillures
 Ne vous dérangent pas ;

Mais, lorsque par hasard le destin vous ramène
 Vers quelque monument d’un amour oublié,
 Ce caillou vous arrête, et cela vous fait peine
 Qu’il vous heurte le pied.

Et vous criez alors que la vie est un songe ;
 Vous vous tordez les bras comme en vous réveillant,
 Et vous trouvez fâcheux qu’un si joyeux mensonge
 Ne dure qu’un instant.

Malheureux ! cet instant où votre âme engourdie
 A secoué les fers qu’elle traîne ici-bas,
 Ce fugitif instant fut toute votre vie ;
 Ne le regrettez pas !

Regrettez la torpeur qui vous cloue à la terre,
 Vos agitations dans la fange et le sang,
 Vos nuits sans espérance et vos jours sans lumière :
 C’est là qu’est le néant !

Mais que vous revient-il de vos froides doctrines ?
 Que demandent au ciel ces regrets inconstants
 Que vous allez semant sur vos propres ruines,
 A chaque pas du Temps ?

Oui, sans doute, tout meurt ; ce monde est un grand rêve,
 Et le peu de bonheur qui nous vient en chemin,
 Nous n’avons pas plus tôt ce roseau dans la main,
 Que le vent nous l’enlève.

Oui, les premiers baisers, oui, les premiers serments
 Que deux êtres mortels échangèrent sur terre,
 Ce fut au pied d’un arbre effeuillé par les vents,
 Sur un roc en poussière.

Ils prirent à témoin de leur joie éphémère
 Un ciel toujours voilé qui change à tout moment,
 Et des astres sans nom que leur propre lumière
 Dévore incessamment.

Tout mourait autour d’eux, l’oiseau dans le feuillage,
 La fleur entre leurs mains, l’insecte sous leurs pieds,
 La source desséchée où vacillait l’image
 De leurs traits oubliés ;

Et sur tous ces débris joignant leurs mains d’argile,
 Etourdis des éclairs d’un instant de plaisir,
 Ils croyaient échapper à cet être immobile

Qui regarde mourir !
 Insensés ! dit le sage. Heureux dit le poète.
 Et quels tristes amours as-tu donc dans le coeur,
 Si le bruit du torrent te trouble et t’inquiète,
 Si le vent te fait peur?

J’ai vu sous le soleil tomber bien d’autres choses
 Que les feuilles des bois et l’écume des eaux,
 Bien d’autres s’en aller que le parfum des roses
 Et le chant des oiseaux.

Mes yeux ont contemplé des objets plus funèbres
 Que Juliette morte au fond de son tombeau,
 Plus affreux que le toast à l’ange des ténèbres
 Porté par Roméo.

J’ai vu ma seule amie, à jamais la plus chère,
 Devenue elle-même un sépulcre blanchi,
 Une tombe vivante où flottait la poussière
 De notre mort chéri,

De notre pauvre amour, que, dans la nuit profonde,
 Nous avions sur nos coeurs si doucement bercé !
 C’était plus qu’une vie, hélas ! c’était un monde
 Qui s’était effacé !

Oui, jeune et belle encor, plus belle, osait-on dire,
 Je l’ai vue, et ses yeux brillaient comme autrefois.
 Ses lèvres s’entr’ouvraient, et c’était un sourire,
 Et c’était une voix ;

Mais non plus cette voix, non plus ce doux langage,
 Ces regards adorés dans les miens confondus ;
 Mon coeur, encor plein d’elle, errait sur son visage,
 Et ne la trouvait plus.

Et pourtant j’aurais pu marcher alors vers elle,
 Entourer de mes bras ce sein vide et glacé,
 Et j’aurais pu crier :  » Qu’as-tu fait, infidèle,
 Qu’as-tu fait du passé?  »

Mais non : il me semblait qu’une femme inconnue
 Avait pris par hasard cette voix et ces yeux ;
 Et je laissai passer cette froide statue
 En regardant les cieux.

Eh bien ! ce fut sans doute une horrible misère
 Que ce riant adieu d’un être inanimé.
 Eh bien ! qu’importe encore ? O nature! ô ma mère !
 En ai-je moins aimé?

La foudre maintenant peut tomber sur ma tête :
 Jamais ce souvenir ne peut m’être arraché !
 Comme le matelot brisé par la tempête,
 Je m’y tiens attaché.

Je ne veux rien savoir, ni si les champs fleurissent;
 Ni ce qu’il adviendra du simulacre humain,
 Ni si ces vastes cieux éclaireront demain
 Ce qu’ils ensevelissent.

Je me dis seulement :  » À cette heure, en ce lieu,
 Un jour, je fus aimé, j’aimais, elle était belle.  »
J’enfouis ce trésor dans mon âme immortelle,
 Et je l’emporte à Dieu !

Alfred de Musset, Poésies nouvelles
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #235 le: 29 mai 2016 à 03:21:55 »
Dimanche 29 mai 2016 : Fête des mères.

Je ne l'oublierai jamais, ma petite Maman. Je pense souvent à ELLE malgré son décès il y a maintenant 16 ans !  En toute humilité, je pense que parler d'AMOUR même au travers de la mort... c'est important pour VIVRE LA VIE.

***********************************************************************

 Tu es morte d'un cancer généralisé à l'âge de 63 ans et on m'a annoncé ton décès le 25 mai 2000, le jour anniversaire des 4 ans de ton petit-fils A...(mon fils cadet). Ce jour là, j'ai eu droit ou plutôt l'obligation d'avoir aussi une part de gâteau et de chanter ... de murmurer "Joyeux Anniversaire" tout en versant de grosses larmes de chagrin. Quelle douleur, je pensais à toi, petite Maman, et j'avais tellement mal !!!

 Début de soirée et après mon travail et l'anniversaire, je prenais la voiture pour aller te rejoindre en Espagne et rouler ainsi 900 km toute la nuit, tout seul, dans un état émotionnel très fragile.
 L'enterrement était déjà programmé pour le lendemain c-à-d le 26 mai 2000 dans l'après-midi.
 
 J'ai pu te voir au funérarium pour te dire "Au Revoir". Tu m'a attendu une dernière fois. Tu étais belle, calme, sereine, apaisée....tu souriais presque...
Cérémonie religieuse ... puis l'inhumation auprès de tes parents dans le caveau familial... ton dernier souhait !

 Tu vivais en France mais 2 ans avant ta mort, tu as décidé "d'aller vivre pour mourir" en Espagne, pour être sûre d'être enterrée à côté de tes parents dans un cimetière entouré uniquement par des champs d'orangers.

 Une autre raison de ton départ pour l'Espagne c'est qu'on dit bien que "les oiseaux se cachent pour mourir".
 Je pense que tu as voulu faire pareil et agir ainsi dans l'espoir de nous soulager et de t'éviter de nous voir beaucoup souffrir et physiquement et moralement . Pour ma part, j'aurais mille fois préféré être près de toi. Tu n'a pas voulu qu'on te voit dépérir et mourir lentement et doucement...CRUELLEMENT.

 Aujourd'hui, je respecte et j'accepte mieux ta décision personnelle de t'isoler, de vivre dans le silence et la solitude.
 je pense que tu as traversé cette période juste avant ta mort avec c'est sûr d'atroces douleurs physiques mais
 dans la paix...une force intérieure incroyable ...une formidable quiétude et la... lumière dans ton coeur.
 Je comprends, petite Maman, que tu aies eu besoin de cet isolement... moments paisibles... je sais que tu étais sereine et que tu as été heureuse pendant cette terrible période. Tu nous avez déjà tant donné...merci pour tout.

 Il est vrai que ton chirurgien nous avait très brutalement et froidement annoncé que "c'était fini", qu'il ne pouvait plus rien faire pour toi. Pas un seul espoir de guérison, aucun traitement possible, ni même de la chimio.. Ton corps était sans ressources mais pas ton INTELLIGENCE, ni ton esprit, ni ton humour, ni ton amour.
 " Pauvre con de chirurgien ", il nous a même annoncé avant de partir "bon courage" et "bon appétit" puisque c'était l'heure  d'aller...bouffer à midi pile heure française !!!

 Tu as donc "profité" de tes derniers mois pour rependre ta liberté, totale et absolue, ton indépendance. Tu savais bien que tu avais plus que remplie ton rôle de FEMME et de MERE. Tu t'es toujours sacrifiée pour nous, ta famille.

 Je te rends hommage à genoux, à tes pieds, merci...merci...merci !!! Je t'aime, ma petite Maman.

 Heureusement qu'un mois avant ta mort, j'ai pu aller te rendre visite et rester toute une semaine avec toi.
 Nous savions que tu étais en phase terminale de ton cancer généralisé et que les jours étaient comptés.
 Tu souffrais atrocement par moment ( tu allais souvent seule à l'hôpital et tu ressortais aussitôt avec de la morphine ).

 Tu m'as encore attendu : quel dernier magnifique cadeau que tu m'a donné là : le plus important.
 Nous nous sommes promenés en voiture, manger au resto, profiter de la plage, du soleil, nous parlions peu, beaucoup de regards, rire et souvenirs de bonheur, sourires tristes et mélancoliques.
 La nuit, je pleurais tout seul dans ma chambre et je me levais pour aller te voir et t'entendre respirer.
 Je pense que tu étais très calme et que cette petite merde qu'on appelle la mort ne te faisait nullement peur.

 Pendant ces quelques jours passés ensemble, je t'ai lavé tes pieds, je t'ai massé tes mains, j'ai touché tes cheveux, ton visage. Je m'approchais de toi et tu me murmurais "des choses". Je tendais mes joues pour que tes lèvres puissent les embrasser.

 Ta mort a été terrible pour moi. Même si je savais que je ne pouvais personnellement rien faire pour te sauver, j'ai très longtemps éprouvé un cruel et injuste sentiment de culpabilité. La distance...certainement.

16 ans ! que la maladie t'a emportée mais, petite Maman, aujourd'hui quant je pense à toi, je souris et mon visage s'illumine de bonheur. J'éprouve un profond apaisement.... tu es celle qui calme ma douleur et mes souffrances.

 C'est vrai que je sais depuis longtemps que nous sommes toujours ensemble et que notre lien d'amour est éternel.
 Tu es toujours avec moi et à mes côtés.

  Je t'aime, Maman, petite maman...
.
 Federico
« Modifié: 29 mai 2016 à 22:50:58 par Federico »
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #236 le: 29 mai 2016 à 04:48:54 »
Ta maman était une belle personne.

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #237 le: 29 mai 2016 à 07:52:10 »
Quel beau texte a ta maman
J'ai ce lien d'Amour avec mon père parti il y a 4ans d'un cancer du pancréas
Merci Frederick
Quant à Musset il est plus gris que le temps d'aujourd'hui :)

Hors ligne Federico

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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #238 le: 30 mai 2016 à 00:18:14 »


"- Ah ! laissez-les couler, elles me sont bien chères,
 Ces larmes que soulève un coeur encor blessé !
 Ne les essuyez pas, laissez sur mes paupières
 Ce voile du passé ! "
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Re : Mon Petit Monastère... mon paradis blanc !
« Réponse #239 le: 30 mai 2016 à 13:29:30 »

Aujourd'hui, je ressens un Grand Mal-être... une immense solitude interne, je crains qu'elle ne devienne éternelle !

Pourtant, je vous assure... je suis très actif, efficace et j'ai une belle volonté d'avancer et de me battre... pour moi !

Malgré tous mes efforts quotidiens... j'éprouve beaucoup de frustration, d'insatisfaction, d'incompréhension d'où beaucoup de colère face à un ennemi invisible qu'est la vie !

Je suis en manque en permanence, je crains qu'il ne devienne perpétuel !

Je suis un Papa endeuillé... un mari séparé... un père éloigné...
Et... je n'ai absolument rien voulu, ni désiré, ni recherché, ni souhaité...
Tout ça...ça m'est tombé dessus... sans le vouloir... comme ça !

C'est CRUEL ET INJUSTE !

Bien Amicalement.
Bien Solidairement.
Federico
- Espérer, c'est avoir la force de sourire avec un cœur qui ne cesse de pleurer
- Qui pourrait me dire maintenant ce que je dois dire, écrire, croire, penser ou faire ? Personne ! je suis LIBRE !