Voilà maintenant 3 ans que j'ai, pardon que nous avons perdue notre fille unique âgée de 20 ans. Je l'ai accompagnée durant les années de sa maladie (épilepsie) jusqu'à mettre entre parenthèse ma vie professionnelle et notre vie de couple en à particulièrement souffert. Aujourd'hui après trois longues années, rien n'est fait, rien n'est évident encore. J'ai fait le choix récent de changer de vie professionnelle, de perdre la liberté que m'offrait ma vie d'avant. Par sécurité d'abord et pour rompre avec une forme de solitude.
Le chemin vers cette décision à pris du temps, mais il me devenait impossible de continuer comme avant.
Après quelques mois de cette nouvelle activité salarié cette fois, mille questions surgissent ou resurgissent.
Sans de ma vie, comment être moi, le couple etc ... J'ai besoin de vivre énormément de choses seul, de parler, d'écrire.
Avec mon épouse, le dialogue n'existait presque plus ces dernières années, et en essayant de renouer avec ce dialogue, la maladresse de la douleur aidant, je ne fais à mon sens qu'empirer les choses. Mots parfois trop dur, ou pas assez. Bien que ne cherchant qu'à exprimer à ma femme ce que je ressent. Je ne déballe pas une liste de reproches, d'ailleurs je n'ai de reproche à faire à personne sauf peut être à moi.
J'ai tant bien que mal essayé d'accompagner ma fille le mieux possible, être présent le plus possible tout au long des années de souffrance. De souffrance oui, l'épilepsie est une maladie invisible sauf au moment des crises. La peur rivée au ventre sans cesse, le cerveau en perpétuelle action, la fatigue de ma fille, la prise des traitements.
Aujourd'hui j’oscille entre la culpabilité de n'avoir su préserver mon enfant, et le mal que je fais à ma femme en étant distant, et voulant juste vivre.
Aujourd'hui je suis perdu, je ne sais plus ou j'en suis, je perds doucement l'envie de me battre, bien que parfaitement entouré d'amis et surtout de ma meilleure amie qui porte cette charge énorme, d'être non seulement ma meilleure amie, mais l'amie de ma femme et qui était très très proche de ma fille.
Trois ans et l'on crois que ça va s’arranger, se calmer, s'adoucir. Mais non la douleur est bien présente au jour le jour, et quand l'exprimer deviens un enfer alors là, je ne sais plus comment avancer.
Ma tête en perpétuelle ébullition, mon cœur qui résonne d'amour et de chagrin agrémenté de douleurs affreuses.
J'ai comme chaque parent qui perd un enfant souvent pensé la rejoindre, mais la vie reste à vivre pour elle, pour parler d'elle. Sauf que je ne sais plus comment. Tellement démuni, vide, sans la conviction certaine de faire les choses bien.
C'est un moment difficile que celui qui va suivre, celui de livrer mes pensées ou une partie de celles ci à des inconnus.
Merci
Ma fille je t'aime ...