C'était juste pour situer :(les "petites phrases dont on se passerait bien", en voici en voilà (je vous préviens que ce que je vais ècrire doit être aussi dur à lire qu'à transcire; merci d'avance à ceux qui auront le courage de me lire jusqu'au bout. Je n'exagère rien hélas):
Le 12 mai, jour de l'enterrement de Pierre, était arrivé. Je savais ce matin-là que j'allais devoir affronter la pire journée de toute ma vie, je puisais mes forces dans ma foi personnelle, et dans ma volonté d'être forte et digne pour lui, en sa mémoire, en son honneur. Je voulais qu'il soit fier de moi de là où il est. C'et cette certitude qui m'a aidé à tenir ce coup, en dépit de ma douleur presque insoutenable-et qui a encore augmenté de par l'attitude de certains.
Lorsque je suis arrivé au cimetière, je suis heureusement tombé sur une vieille amie de Pierre, une femme adorable envers qui je serai éternellement reconnaissante. Sans elle, je n'aurais eu aucune présence physique pour me réconforter au cœur de la tempète.
Je dis toujours: "Il faut savoir reconnaître les anges qui croisent notre route." Cette femme fait partie de ces "anges"
je commençais à être (encore plus) effondrée parce-qu'on venait de me dire qu'on allait enterrer son corps dans la fosse commune, et-étant croyante elle aussi, sans prosélytisme, elle est d'ailleurs connue pour ça-elle m'a dit: "Ca n'a aucune importance. CE qui compte, c'est son âme. De là où il est, il se moque bien que sa dépouille mortelle soit dans un tombeau egyptien ou une fosse commune. " "J'ai la conviction qu'il est là", ai-je répondu. "Il est là, m'a-t-elle dit gravement. Et il peux être fier de vous. Vous avez beaucoup de dignité pour une femme qui vient de perdre son compagnon." Ca m'a fait chaud au cœur!
J'en avais bien besoin: parce-qu'après tout le voisinage de Pierre est arrivé, ainsi que ses sœurs. Malveillants et manifestement détachés :opas une larme, rien. Des regards durs...
Alors que je ne pouvais pas m'empêcher de sanglotter doucement, et c'est alors qu'une bonne femme m'a lancé d'un ton bourru, totalement dépourvu de compassion-comme si elle n'avait aucune conscience de mon effroyable souffrance: "Oh, c'est pas la peine de pleurer, hein!" Ca commence...
Après une parodie de 10 minutes de "cérémonie" religieuse (qui pourtant m'a mis du baume au cœur), le moment est vennu de jeter de l'eau bénite sur le cerceuil (dont la vue a été l'un des moments les plus durs, que j'aurais dû avoir le droit de vivre sollenelement et entourée de respect). Une femme a voulu commencer; étant la prsonne qu'il a le plus aimée, je lui ai pris (doucement, je tiens à le préciser), le goupillon des mains en disant, tout aussi doucement: "C'est à moi de le faire en premier." Une femme a gloussé derrière moi: "Elle est pas bien..." N'est-ce pas monstrueux?...Souffrance supplémentaire.
Alors que deux employés de cimetière descendaient le cerceuil dans la tombe (je devais faire appel à toute ma foi pour ne pas penser à ce qui se trouvait dedans, avoir conscience que ce n'était que sa dépouille), la première bonne femme a recommencé à me torturer-le mot n'est pas trop fort-en paroles: "C'était pas à toi de jeter de l'eau bénite en premier! Ce que tu as dis...ça m'a choquée! Nous, on était ses voisins depuis 10 ans, 20 ans, on le connaissais depuis toujours! Toi, tu ne le connaissais que depuis un an!" Ces terribles paroles me poignardaient en plein cœur. J'étais sa compagne, son amie, son amie, ceux qui nous connaissent vraiment savent à quel point nous nous aimions!...Pierre m'avait bien dit qu'ils ne pouvaient pas nous voire, sous leurs mines mielleuses, j'en ai seulement pris conscience ce jour-là.
NadoouGuanaco: je viens de découvrir ton message, il s'est croisé avec le mien
merci pour tes paroles. Je te répondrai quand j'aurai fini, dans le prochain post, de me délivrer de ce vécu.