Chère Cindy,
malheureusement oui, nous sommes plusieurs ici hommes ou femmes à avoir perdu notre papa ou notre maman et parfois même les deux de manière rapprochée. Tu trouveras de nombreux témoignages dans le module d'accompagnement "vivre le deuil". Mon papa est décédé également d'un infarctus massif le 24 octobre 2012, cela fait donc plus de 7 mois maintenant...et cela s'est produit de manière tout à fait inattendue également donc le CHOC a été énorme pour nous tous sa famille proche ou lointaine. Moi également j'étais très fusionnelle avec mon papa, très proche de lui sur le plan affectif...malgré mon âge avancé (42 ans), je n'ai finalement jamais quitté mes parents, je vivais avec eux (et vis toujours) et avec mes deux enfants. A l'annonce de son décès au téléphone, comme toi j'ai eu l'impression qu'on m'arrachait le coeur, qu'on m'amputait d'une énorme partie de moi même et que tout mon univers s'écroulait...
Tu demandes comment l'on fait pour surmonter une telle douleur...j'ai comme toi très vite pris contact avec ce forum qui est la meilleur chose que j'ai faite. Ce forum m'a apporté énormément! Sur le site lui même tu trouveras des écrits du docteur Fauré qui est psychiatre spécialiste du deuil et fondateur de ce forum. Il y a aussi de nombreuses petites vidéos qui permettent de comprendre les différentes étapes et phases du processus de deuil. Sur le forum, j'ai pu lire et partager ma douleur avec d'autres endeuillés. Certains sont devenus de véritables amis virtuels tant on peut se comprendre et se soutenir!
et puis très vite cet automne j'ai eu besoin de m'interroger sur la mort, sur une éventuelle après-vie. Je pense avoir toujours été croyante mais je bloquais pas mal sur une éventuelle survivance de l'âme, plutôt tentée de croire au néant. J'ai entamé des recherches intenses. et j'ai fait un grand chemin spirituel aidée en cela de bien des manières!
Aujourd'hui je sais que mon papa est vivant, que notre relation d'amour perdure et qu'il est près de moi très souvent. Je pourrai t'en dire plus par mp si tu le souhaites. Aujourd'hui, j'ai le sentiment d'avoir fait depuis quelques semaines un bond en avant sur le chemin de mon deuil mais je sais aussi que celui-ci est loin d'être terminé. Je me fais accompagner aussi par un psychiatre que je vois maintenant tous les 15 jours. Au début je le voyais 2 fois par semaines parce que j'étais torturée par des flashs et des idées (que je sais maintenant fausses) que mon papa n'était pas mort sur le coup et qu'il avait souffert moralement avant. Je ne peux pas trop me confier au sein de ma famille d'autant que nous devons continuer de soutenir ma maman qui est atteinte d'un cancer incurable et que l'angoisse de mort pour elle même est très présente. Mais ce ne sont pas forcément les personnes qui nous sont le plus proches qui peuvent mieux nous aider...
Je crois que chacun doit avancer à sa manière sur le douloureux chemin du deuil. Mais fais-toi confiance, tu trouveras en toi les ressources nécessaires pour te sentir un petit peu mieux jour après jour. Et même si parfois on a le sentiment qu'on ne s'en remettra jamais, même si on fait des retours en arrière, en fait on avance, tu verras...
Je t'embrasse fort!
P;S: Je viens de te relire, Cindy, et j'ai envie de rajouter quelque chose au sujet des larmes...Les deux premiers mois, j'ai pleuré tous les jours aussi
, pour moi c'était le soir le plus difficile à partir de 17h après avoir récupéré les enfants à l'école...et je n'arrivais pas toujours à me contenir devant eux, j'avais des gémissemnets presques animaux de douleur, je me sentais inconsolable et parfois j'avais des crises de larmes qui pouvaient durer des heures et des heures jusqu'à épuisement, et toujours étonnée de voir le lendemain que mon corps pouvait contenir à nouveau et encore autant de larmes...Mais c'est une bonne chose de pouvoir pleurer même si c'est tellement éprouvant, le mieux est de pouvoir toujours se laisser aller. Certaines personnes n'arrivent pas à pleurer dès le départ et ont parfois un énorme contre-coup des semaines plus tard voir des années plus tard. Les larmes sont salvatrices. Elles nous lavent de toutes nos émotions, c'est ainsi que l'on use la douleur jusqu'au soulagement et à l'apaisement. Plus tard on est parfois surpris de ne plus pleurer autant et on se sent parfois plus mal de ne pas avoir de larmes. Ce sont les phases "d'anesthésie". Maintenant que je sais que mon papa est toujours vivant et qu'il m'a parlé (j'ai eu des signes et j'ai vu une médium), il me semble que je ne peux plus pleurer. Pourtant cela m'arrive encore et cela m'arrivera encore. Je suis à la fois si fatiguée et si émotive! et bien sur la situation à la maison fait que je ne peux qu'être encore bien fragile émotionnellement. Alors ce n'est pas grâve de pleurer, pleurer ça aide à mieux repartir vers la vie...