Bonjour, voici mon histoire...
Depuis 10 ans, un collègue que j'aimais beaucoup est aussi devenu mon meilleur ami.
Cet ami a appris qu'il avait un cancer début juillet 2012. Par pur hasard j'étais en visite dans sa chambre quand il a appris cette terrible nouvelle.
Je connaissais aussi bien sa femme, durant les 8 mois qu'il s'est battu contre son cancer je l'ai croisée pas mal de fois.
J'avais un lien très fort avec cet ami, durant tout son combat il a refusé de voir ses anciens collègues, il faut dire qu'il a eu un cancer de la veine cave supérieure et que son visage et son cou avaient gonflé de manière impressionnante.
J'étais le seul à pouvoir aller chez lui, environ 1 fois par semaine, pour lui rendre visite. J'ai fait son porte-parole durant toute sa maladie pour donner des nouvelles à ses collègues, il ne voulait pas leur répondre au téléphone ni les voir, devoir expliquer son état de santé 22 fois par jour lui faisait tomber son moral au plus bas.
Je sais je suis long dans mon texte, mais c'est pour vous expliquer que nous avions des liens d'amitié vraiment très très forts.
Quand j'allais le voir chez lui sa femme nous laissait discuter et sortait de la maison, elle en profitait pour sortir un peu car elle savait que j'étais la s'il y avait le moindre problème.
Nous parlions de tout et de rien, les 2 derniers mois on parait de sa mort, de son enterrement, des moments quasis insupportables pour moi qui croyais toujours qu'il allait guérir, il se savait condamné mais ne me l'a jamais dit, je le savais dons mon for intérieur, mais tout en moi se refusait à le croire.
Bref, 8 mois comme ça, la maladie a gagné tous les combats jusqu'au jour fatidique au mois de février ou il est parti en urgence à l'hôpital, sa femme m'a appelé pour me dire qu'il était au bout.
Je suis donc immédiatement allé aux urgences de l'hopital ou ils m'ont refusé l'entrée des visite. Je leur ai dit que c'était mon frère pour pouvoir accéder à sa chambre.
Là, triste spectacle, infection des poumons suite aux multiples chimios, le pote bourré de tranquillisants pour qu'il ne souffre pas, respiration difficile, très dur à voir. Durant tout ce temps il était toujours inconscient.
Il avait demandé à de multiples reprises de ne pas être réanimé s'il lui arrivait un truc pareil.
Je suis resté environ 6 heures avec lui et sa femme à l'hôpital. Un moment sa femme me dit qu'elle allait aller faire une course urgente, je suis donc resté seul dans la chambre avec mon pote qui respirait difficilement.
Comme j'étais seul, j'ai pu lui faire mes adieux, je lui ai pris la main droite et je lui ai parlé. Je ne sais si il m'a entendu tellement il était plombé de tranquillisants.
Plus je lui parlais, plus sa respiration se calmait, alors je lui ai dit de lâcher prise, de s'envoler, qu'il était temps de partir, de retrouver sa mère décédée..et il s'est simplement arrêté de respirer.... je suis resté avec lui encore 10 minutes dans la chambre d'hôpital avant d'appeler une infirmière, 10 minutes de silence et de méditation.
C'est moi qui ai téléphoné à sa femme pour lui annoncer la triste nouvelle, et c'est là qu'elle m'a dit que son mari lui avait promis de ne pas mourir devant elle... elle m'a aussi dit qu'elle était heureuse de savoir que j'étais avec lui pour son passage de l'autre côté.
Je sais mon texte est interminable mais c'est bientôt fini...
Pour l'enterrement de son mari, elle m'a envoyé une photo de mon ami en me demandant de l'imprimer et de la mettre dans un cadre, pour la poser sur le cercueil lors de la cérémonie.
Je me suis donc rendu à l'enterrement avec la photo de mon meilleur pote dans un sac en plastique. Je m'étais déjà fait tout un scénario, amener cette photo à l'enterrement et après la donner à sa femme me permettrait de faire le deuil de mon ami.
Après l'enterrement j'ai récupéré la photo et l'ai amené à sa femme qui m'a dit de la garder en souvenir....j'étais très fier de cette proposition mais je n'avais pas prévu ce scénario dans mon processus de deuil .
J'ai donc ramené cette photo chez moi. Petite précision, je vis seul suite à mon divorce.
Donc cette photo bien en évidence sur ma table de salon, j'ai beaucoup pleuré en la regardant, et je me suis dit qu'il fallait que je m'en débarrasse, ou tout au moins que je la cache pour enfin accepter cette disparition.
Je n'ai jamais pu faire le pas... j'avais l'impression que si je mettais cette photo aux oubliettes, j'allais le tuer une deuxième fois...
J'ai donc gardé cette photo bien en évidence dans ma bibliothèque, je ne la cache que quand je reçois des amis, j'ai peur de passer pour le fou qui ne sait pas faire son deuil.
Maintenant ça va faire bientôt 6 mois que mon ami est mort et que sa photo est encore là.
La tristesse s'est envolée avec le temps, et tous les matins quand je me lève je dis bonjour à sa photo, je lui cause, je lui raconte ma journée, le soir je lui dis bonne nuit, j'ai l'impression de garder un lien fort avec lui ou avec son esprit.
Voilà mon interrogation, est-ce "normal" ce que je fais??
Je n'ose en parler à personne de peur de passer pour un fou....je sais que je ne fais rien de mal, mais j'ai réellement l'impression de garder un lien spirituel avec lui et ça me réconforte.
J'aimerais bien avoir vos avis sur ce que je vis.
Merci par avance de vos réponses, et encore mille excuses pour ce pavé gigantesque que je vous ai fait lire.