Auteur Sujet: Appel à la prudence dans nos jugement  (Lu 6360 fois)

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Hors ligne Méduse

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Appel à la prudence dans nos jugement
« le: 19 mars 2015 à 12:30:47 »
Chère Fabisa, tu as écrit :

Une collègue de travail m'a dit que son mari allait faire Le parcours de Compostel, car il a besoin de se retrouver, il n'est pas bien. Le con, vraiment un con ce mec, il a une femme, deux enfants, ses parents, un boulot, deux maisons, quel est son problème?
Donc ,je me suis fait violence pour ne pas dire à ma collègue que son mari se créait des soucis là où il n'y en a pas.
Il ne savent pas la chance qu'ils ont ces gens là.......


Fabisa, je comprends ta réaction par rapport au mari de ta collègue et sans doute j'aurais eu la même réaction sans avoir connu la souffrance de ma fille.  Peut-être cet homme souffre d’une maladie psychiatrique. Pour ma fille, on aurait pu dire la même chose. Tout le monde lui disait qu’elle avait tout pour être heureuse et personne ne pouvait la comprendre. Combien de fois, je lui avais énuméré tout ce qui aurait dû la rendre heureuse !!

Elle souffrait du syndrome Borderline ou état limite (je raccourcis un peu) comme 1 à 3 % de la population, ce qui l’a entraîné vers l’anorexie suite à un « petit » régime – elle avait même pris la précaution de se renseigner comment elle pouvait maigrir sans prendre de risque !!!

Ce syndrome est peu connu et étudié encore. Selon une étude, en cas de problèmes, la chimie du cerveau ne fonctionne pas comme pour quelqu’un en bonne santé. Les mécanismes de défense ne se mettent pas en place pour aider à gérer de telles situations. Les malades sont sans protection face à leurs sentiments.
Aussi, ils ont la double-peine : Ils en souffrent énormément et comme personne ne peut les comprendre, ils sont jugés. Si quelqu’un souffre d’une maladie physique, on le plaint et il trouve du soutien. La plupart du temps, le syndrome Borderline ou état limite n’est même pas diagnostiquée et donc reconnue.

Ma fille se sentait malade depuis longtemps et je mettais tout sur sa jeunesse. Quand elle était devenue anorexique, elle me disait qu’on pouvait voir maintenant qu’elle était malade. Au moins une maladie qui était reconnue.
C’est seulement après son suicide que la psychothérapeute nous donnait ce diagnostique et seulement parce que nous avions demandé s’il y avait autre chose que l’anorexie. Ma fille n’a jamais eu ce diagnostique.

J’ai appris à mes dépends la prudence dans mes jugements.