Je voudrais vous raconter mon histoire en vous faisant partager le message d'adieu que j'avais lu lors de la cérémonie. Rien de secret puisque j'ai réussi à le lire devant plusieurs centaines de personnes :
"Mon Amour,
J'ai été à tes côtés jusqu'à ton dernier souffle. J'ai du mal à réaliser que tu nous a quitté et pourtant, tu me manques déjà tellement.
Le 8 décembre, fête des lumières, date de notre mariage et déjà 22 ans que nous nous connaissions. Nous avons été tellement heureux : notre jeunesse entre sorties, concerts reggae puis notre voyage de 2 ans à travers le monde. Cette évasion dont tu avais tant besoin pour sortir du quotidien et être libre a été notre plus belle expérience, ton plus grand bonheur. C'est lors de notre séjour à Goa que tu m'a annoncé que tu souhaitais fonder une famille, avoir des enfants. Puis, le retour au quotidien, nos deux magnifiques petites filles Lisa & Emma que tu as aimé de tout ton cœur, tu as été un si merveilleux papa pour elles.
Tu voulais repartir sur les routes, moi non, alors tu essayais de combler ton besoin d'adrénaline, de nouveautés, par de nouvelles expériences, par des voyages un peu plus courts qui t'ont rendu heureux malgré tout.
Je t'aime tant mon amour.
Tu me disais en plaisantant "qu'est-ce tu deviendrais sans moi ?", aujourd'hui, je me pose sérieusement la question. Tu as été si présent pour l'éducation des filles qu'il va être difficile d'assumer seule le quotidien mais j'y parviendrais, je te le promets, pour toi, pour elles.
Tu répétais sans cesse que tu travaillais trop, qu'on ne prend pas assez le temps, qu'à quoi sert-il de courir ? Après quoi ? La question "L'abondance de biens offre-t-elle le bonheur ?" était devenue ta réflexion favorite.
L'annonce de ta maladie a été difficile mais a changé en toi la perception de la vie. Tu voulais essayer d'en faire moins, de lever le pied. Tu n'as pas eu le temps d'y parvenir et j'en suis si malheureuse.
Merci pour tout mon Amour, merci d'avoir été si affectueux, si aimant, avec moi et les filles. Ta maman, ton papa, ton frère t'aimaient tellement. Tes amis aimaient ta compagnie, tes clients t'appréciaient.
Tu vas tant nous manquer.
Je t'aime de tout mon cœur."
Voila notre histoire. Je ne vous l'avais pas encore entièrement dévoilé, notamment que Christophe avait un cancer du colon, rare à son âge, et annoncé mi novembre 2011. Cette annonce brutale et les examens qui ont suivi l'ont profondément affecté. Il fallait aller vite, il était jeune, très vite traitement chimiothérapique par cachets et radiothérapie. Il ne les aura suivi qu'une seule semaine ! Quelques jours seulement après le début de son traitement, il avait ressenti des douleurs thoraciques, son médecin alerté l'avait envoyé d'urgence voir un cardiologue, qui lui même n'y a vu aucune anomalie (angor spastique peut-être ...) tout va bien Monsieur, vous pouvez rentrer chez vous et continuons ce satané traitement ... Le lendemain matin, à 5H45 , il décédait d'un arrêt cardiaque (cardiopathie selon les conclusions de l'autopsie). Alors, oui, j'en veux à ce cardiologue qui n'a peut-être pas fait tous les examens nécessaires, qui n'a pas arrêté son traitement (peut-être n'aurait-il pas pris sa dose du soir, ça aurait suffi pour qu'il soit encore avec nous aujourd'hui), j'en veux au laboratoire qui commercialise ce médicament (nous retrouvons dans le Vidal des effets secondaires de cardiotoxicité tels que mort subite, arrêt cardiaque, etc), j'en veux au médecin légiste qui m'a dit (madame, tous médicaments ont des effets secondaires, s'ils n'en avaient pas, c'est qu'ils ne seraient pas efficaces, mais des effets secondaires jusqu'à la mort

). Mais comment prouver que Christophe est décédé à cause de ce traitement ? Je n'ai aucune preuve écrite ... Se battre contre un laboratoire ? Se battre contre un cardiologue ? Je ne sais pas si j'en aurais le courage car je sais que ce genre de combat prend beaucoup d'énergie et d'argent.
Si on me disait aujourd'hui que son cancer aurait eu une issue fatale, alors je serais "soulagée" car je sais que Christophe aurait souffert et beaucoup d'entre vous ont vu la personne aimée souffrir d'une longue maladie. Alors autant partir avant, sans souffrance... Mais je n'en suis pas sure, ils avaient bon espoir de le guérir, il n'y avait pas de métastases, il aurait du se faire opérer début février. Et beaucoup de gens arrivent à se sortir de ce maudit cancer.
OUF ...... CA FAIT DU BIEN .........
Merci de m'écouter. Merci pour votre présence.
Karine