Auteur Sujet: Racontons notre histoire...  (Lu 122493 fois)

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wn

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #90 le: 20 mars 2012 à 16:01:03 »
Comme toujours, vous lire me fait du bien...tout en suscitant de nouvelles questions en moi.
En ce moment, j'ai du mal à me situer dans le chemin du deuil. Cela fera 3 mois vendredi que Ben est décédé brutalement. Depuis quelques jours, la douleur se fait plus intense et plus continue aussi. J'ai l'impression d'entamer cette période dont vous parlez, Marina et Yohann, celle où l'on prend conscience du vide, de l'absence irrémédiable. Je pleure beaucoup plus, me répète que je ne peux pas y arriver, que j'ai mal à en mourir... J'ai l'impression que petit à petit, mon cerveau force mes émotions à accepter l'atroce réalité.
Pensez-vous que ce soit possible? Les durées évoquées habituellement pour les 2 premières étapes sont-elles parfois plus courtes? Je ne cherche pas me donner des illusions et, de toute façon, je n'ai aucune envie d'aller mieux, ni que ça prenne moins de temps. J'aimerais seulement comprendre où j'en suis.
J'ai toujours envie de parler de Ben, mais c'est moins pressant. Pour l'instant, j'ai envie d'hurler à tout le monde à quel point j'ai mal, à quel point il me manque, à quel point il définissait ma vie, mon passé, mon présent, mon futur.
Si je n'en suis pas encore à cette fameuse étape, je me demande comment on peut continuer jusque là, car c'est déjà tellement insupportable. Régulièrement, j'ai l'impression que je pourrais, consciemment ou pas, me laisser emporter par la mort. Rouler si vite que tout s'arrêterait en une fraction de seconde.
Courage à vous tous

Céline

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #91 le: 20 mars 2012 à 16:34:48 »
Céline,

Voici ce que j'écrivais dans mon journal du deuil, 3 mois après la disparition de mon Amour :

Je ne parviens pas à me faire à l’idée que « jamais, plus jamais ».
Je pense souvent à la mort, la mienne. Elle ne m’effrayait pas avant votre départ, maintenant, je l’aborderais avec une grande sérénité, voire une délivrance. Plus peur, même de souffrir car cela me mènera là où vous êtes. Bien sûr que j’ignore si je vous y retrouverais, mais je serais comme vous, en paix et plus de souffrance de ne plus vous avoir avec moi.
Si il n’y avait pas les miens que je laisserais dans une situation impossible, je crois que je franchirais le pas, avec calme et sereinement, sans passion, sans pleurs, simplement parce que c’est mon destin d’être avec vous, au même endroit que vous et que cette séparation n’est pas normale, pas acceptable. Ce ne serait pas un moment de désespoir, mais un choix réfléchi. Comment puis-je envisager de trainer des années  et des années sans vous ? C’est totalement impossible. Je dois être avec vous, ici, là-haut, sous terre, en cendres, au Paradis, en Enfer, ailleurs, n’importe où mais avec vous. C’est ensemble que nous devons continuer le chemin, dans la même urne funéraire, sous la  même dalle et après… Mais ensemble, enchainés, même pas enchainés, fusionnés, un seul être, vous et moi.
J’ai perdu le gout de la vie, j’ai l’attrait de la mort parce qu’elle vous a volé à moi, et sans doute savait elle combien je souffrirais et teste t’elle ma force à lui résister. La folle ! Qu’elle vienne me prendre, je m’en moque, bien au contraire, elle m’épargnera de devoir rester en vie pour accomplir ma mission auprès des miens. Qu’elle vienne, je ne lutterais pas. Mais elle préfère me voir souffrir et me débattre dans un monde qui n’est plus le mien puisque vous n’y êtes plus. La garce, la méchante, la mauvaise, elle brise, elle vole, elle saccage et elle rit du mal qu’elle a pu faire.
Et les mois s’écoulent, bientôt trois et je suis toujours aussi brisée.


Et voici ce que j'ai écris ce matin :

7 :30. Très beau levé de soleil sur l’herbe givrée. Un soleil en flamme qui hésite encore à réchauffer notre terre ; le printemps, ce n’est que demain !
Je pense à vous encore et encore, mais en souriant. Tout ce qui est beau me fait penser à vous. Mais à présent, je ressens du bonheur en pensant à vous. Exit cet uppercut en plein estomac, cette montée de sanglots qui me broie la gorge, cet afflux de larmes qui trouble jusqu’à mon cerveau, noyée dans le chagrin. Non, je ne sais pas depuis quand, je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas jusqu’à quand, mais je suis bien. Je pense à vous en souriant.
S’il me faut analyser, je dirais que le manque reste intact : comment m’habituer à ne pas vous toucher, vous caresser, vous étreindre, vous embrasser ? Comment ne pas ressentir un vide dans notre grand lit quand je cherche vos pieds avec le mien, votre main pour y glisser la mienne ? Non, l’absence physique reste insupportable. Mais dans ma tête… je crois que j’ai admis que je ne vous reverrais pas ici, sur cette terre, et j’ai établis une nouvelle relation avec vous. Cela a muri, lentement et difficilement, mais cela en valait la peine. Et ce qui me fait du bien, c’est que dans ce nouvel état, vous êtes omniprésent, là à chaque instant, à chaque seconde, dans ma vie, dans mes pensées. Je ne serais plus jamais seule.


Céline, j'ai perdu Pierre il y a 20 mois.
C'était hier.
Et si pendant ces mois j'ai eu de très mauvais moments, des passages plus que difficiles, j'ai aussi réappris à sourire et à rire. Il m'arrive de chanter et d'apprécier les couleurs du monde.
Le temps fait son oeuvre et ne plus pleurer ne veut pas dire ne plus aimer.
Je suis toujours profondément amoureuse de mon mari, éternellement amoureuse de lui, mais j'ai admis qu'il ne serait plus à mes cotés sur le reste du chemin. Il est dans mon coeur, il est avec moi.

Entre le 3ème et le 6ème mois, la période a été dure, très dure. Après j'ai eu un mieux très net. J'ai passé le cap de la première année plutôt calmement et puis l'automne m'a vu replonger encore plus profondément.
Un matin,, un peu avant noêl, je me suis éveillée avec le sentiment que j'allais bien. Et c'est vrai, j'ai passé Noêl et janvier paisiblement.
Et tout dernièrement, j'ai vraiment eu la sensation de franchir une grand étape. La résilience? Peut-être, je ne sais pas et ne veux pas savoir.

Le chemin est difficile, mais cela vaut la peine de continuer avec acharnement, Céline, ne baisse pas les bras. On ressort de cette terrible épreuve bien plus riche, car nous avons eu la chance de le vivre ce grand Amour.

Viens nous parler, viens nous écouter, viens hurler et pleurer, viens,  viens apaiser tes craintes et ne te laisse pas aller à divaguer sur une route "où tout pourrait s'arrêter en une fraction de seconde". Il ne le voudrait pas... et nous non plus.

Viens prendre un peu de douceur avec nous.

 :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

wn

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #92 le: 21 mars 2012 à 10:54:42 »
Marina...tu viens de me faire pleurer. Un sanglot d'émotions tant ce que tu m'écris me parle et me touche. Comme tant d'autres l'ont déjà exprimé sur le forum, je te suis reconnaissante pour tes mots si justes et ta capacité à réconforter.
Je perçois combien ta relation avec Pierre était intense et donnait sens à ta vie, je sais aussi que tu n'as pas eu d'enfant de lui...tout cela me fait me sentir encore plus proche de toi.
Pour l'instant, je ne suis pas prête à croire en la possibilité de reprendre goût à la vie, mais déjà, te lire, me redonne un peu espoir en l'humain. Et de ça aussi, j'ai besoin en ce moment.
Merci

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #93 le: 21 mars 2012 à 11:00:15 »
Céline...

 :-* :-* :-* :-*

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

ALGANHECSEN

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #94 le: 21 mars 2012 à 23:59:19 »
histoires d'hôpital,histoire des derniers jours, des derniers instants...et on ne savait pas...je faisais comme si ...à l'infirmière qui, en changeant mollement les perfusions m'a demandé: "Et maintenant, vous vous attendez à quoi...?" j'ai répondu "A CE QU'IL GUERISSE!!!"

Elle m'a dit de venir dans le couloir pour me parler...elle m'a dit "Il est possible qu'il guérisse, il est aussi possible qu'il ne guérisse pas..."
et elle m'a dit d'autres choses, impossibles à écrire, impossibles à entendre, impossibles à comprendre...pour finir, elle m'a dit "parlez-lui, dites -lui que vous l'aimez..."

Je suis retournée dans la chambre, brisée...il dormait, masque à oxygène, tuyaux, machines clignotantes...je lui ai dit que je l'avais toujours aimé et que je l'aimerai toujours, et que le plus grand bonheur de ma vie avait été de le rencontrer et de vivre avec lui ...il me répondait par des mouvements imperceptibles de son corps, il ponctuait mes phrases par des soupirs...on a conversé comme ça un bon moment...

C'était le dernier soir, et je ne savais pas...vers 21h, il s'est réveillé,il voulait se lever, il voulait rentrer à la maison, il voulait enlever les tuyaux...l'infirmier et l'infirmière sont venus,  ils m'ont dit d'aller me promener en  bas..quand je suis revenue, il était calme...ils m'ont dit "On l'a changé, on a augmenté la morphine, ou l'hypnovel..." J'ai eu mal au ventre, aussi mal que pour un accouchement...je suis allée dans la salle de bains pour qu'il ne me voit pas souffrir, j'ai cru que j'allais crever par terre comme une bête avec mon mal au ventre...et la douleur est passée...quand je suis revenue, il dormait,sa respiration était paisible, régulière...j'ai déplié mon lit, dans le noir, je l'ai écouté respirer, rassurée...il ne souffrait pas, il était paisible...

le lendemain, à 6h, j'ai été réveillée par une voix qui disait "madame, madame..."  j'ai ouvert les yeux, l'infirmière était debout devant moi, blanche, visage de cire, le regard fixe...elle m'a dit "c'est terminé"...je me suis enfoncée dans le lit..je ne voulais pas comprendre...
"qu'est ce qui est terminé?..."Je me suis levée d'un coup pour le voir...il dormait..."c'est sa vie qui est terminée..." Je me suis approchée de lui, je me suis couchée sur lui, comme tant de fois...et j'ai pleuré comme je n'ai jamais pleuré...c'est pas possible que des choses comme ça arrivent...pas lui...pas moi...pas nous...

Venant de très loin, j'ai entendu une question stupide"Vous voulez voir un docteur?"
-ça ne sert à rien les docteurs!
et j'ai encore pleuré longtemps....

Ils m'ont envoyé en bas, c'était le premier matin d'un monde vide, d'un monde minéral...le ciel est mort, les rues sont mortes, les arbres sont morts,les trams, les gens , les voitures, tout est mort...tout, sauf moi pauvre conne...pourquoi je suis là? mais qu'est ce que je fais encore là ?

Le robot que je suis devenue téléphone à des vivants insouciants, qui deviennent brusquement moins insouciants lorsqu'ils apprennent la nouvelle...il y en a qui pleurent, il y en a qui crient, il y en a qui se taisent...

Il faut que j'aille dire à ma fille de 14 ans que son papa adoré est mort ce matin...

C'était il y a 15 mois...comment on fait pour survivre à ça?

QUENOUILLE87

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #95 le: 24 avril 2012 à 11:21:03 »
J'ai voulu me soulager, reconstituer notre vie. J'ai l'impression que ça m'a fait du bien, et en même temps tellement de mal d'évoquer tout ce bonheur brisé d'un seul coup.


Notre rencontre :

Je venais de passer mon Bac et ai été embauchée à La Poste le 1er juillet pour un job d’été. Dès le premier jour, j’ai remarqué un grand brun, mince, hâlé, moustachu (j’ai toujours eu horreur de la moustache !!), ayant beaucoup d’humour. Dans les jours qui ont suivi, j’ai bien vu que je ne lui étais pas indifférente. Ce fût un vrai coup de foudre. J’avais 17 ans, lui 25. Le seul hic était qu’il était déjà marié, un mariage chaotique m’avait-il dit. J’avais toujours en tête les phrases type « méfie-toi des hommes mariés », mais il était trop tard, j’étais amoureuse et lui aussi.

Dès le mois de septembre, il s’est séparé de sa femme et notre histoire a vraiment débuté, malgré l’hostilité de mes parents qui n’y croyaient pas du tout. Je venais d’avoir 18 ans, commençait mes études, et étais obligée de rester chez mes parents par manque de revenus. Nous avons patienté deux ans, afin que j’ai mon BTS. J’ai eu mon diplôme au mois de juin, ai commencé à travailler le 1er juillet, et le 1er août nous avions enfin notre appartement ensemble. C’était le grand amour. Chaque jour, quand il commençait à travailler à midi, il me laissait un petit mot pour quand je rentrerais déjeuner. Il y avait à manger dans le frigo, la maison était rangée. Notre vie a continué, notre première fille est née deux ans plus tard. C’était le bonheur parfait.

La première dure épreuve a été le suicide de ma mère. Heureusement, j’avais notre fille qui avait 3 ans, et lui a mes côtés  qui m’a soutenue, qui ne m’a pas lâchée.

Nous avons acheté une maison, décidé d’avoir un deuxième enfant. Alexis est né quand Julie avait 6 ans. Un garçon, Fabrice en était fou. Il faisait déjà des projets d’avenir avec lui, rêvait de lui apprendre à pêcher, à faire de la moto. Malheureusement, nous avons retrouvé Alexis mort dans son lit quand il avait deux mois et demi. Mort subite. Nous avons cru mourir à notre tour. Notre petite fille a vu son petit frère mort, un choc pour elle. J’ai tenu, tenu, pour elle, pour lui qui s’enfonçait. Nous avons vécu des années très difficiles, mais nous étions malgré tout tous les deux, je devais gérer notre fille qui entrait en CP, mon travail, mon doudou qui coulait doucement. Bref, j’étais « forte » comme on dit, et j’ai mieux réussi à m’en sortir que Fabrice. Deux ans après le décès d’Alexis est née Anouck, et nous avons retrouvé peu à peu notre joie de vivre.

Il a fallu 10 longues années pour que Fabrice remonte enfin à la surface, évacue la perte de notre fils. Nous faisions des projets, et avons décidé d’acheter une maison de « famille », un endroit où nous retrouver tous ensemble. Nous avons trouvé une toute petite maison dans un village perdu, loin de tout, mais proche d’une rivière où aller à la pêche, des forêts pleines de châtaignes, de champignons, d’un lac où nous nous baignions l’été, avec des habitants adorables, qui nous ont tout de suite intégré. C’était le bonheur. Nous avons retapé petit à petit cette maison, Fabrice n’a gardé que les murs en pierre et a tout refait du sol à la toiture. C’était notre refuge, et celui de nos enfants, même si elle râlaient un peu tant il n’y avait « rien à faire ».

La perte du fils de 16 ans de nos meilleurs amis a été de nouveau un choc important, mais de nouveau nous avons fait face ensemble.

L’année dernière, Fabrice a décidé d’agrandir la maison, pour recevoir notre famille et nos amis. Il y a travaillé un an d’affilé, sans compter son temps et sa peine. Il y avait toujours quelqu’un pour venir l’aider, mais ce fut un travail de titan, dalle sur pilotis à couler, toiture à faire, etc… Je lui disais qu’il se fatiguait trop.

Notre petite maison a été presque finie l’été dernier. Nous y avons fêté le nouvel-an avec des amis. Comme on était heureux. Nous nous sommes souhaité la nouvelle année en nous embrassant fougueusement. Nous étions enfin tellement bien.

Et puis, le lundi 26 mars dernier, nous avons passé sans le savoir notre dernière soirée ensemble. Je suis revenue de la piscine vers 21 h, il m’avait préparé à manger. Notre fille nous a adressé par mail une photo d’elle mangeant sur son balcon, car il faisait très beau. Nous avons ri, nous avons plaisanté, nous sommes montés nous coucher, câlins dans les bras l’un de l’autre. Vers minuit, il s’est levé en ma disant « j’ai des coliques ». Il est descendu aux toilettes au rez-de-chaussée et je ne l’ai plus revu. Je me suis rendormie, et ne me suis pas inquiétée de ne pas le voir remonter. J’aurais dû, je m’en veux, je n’en vis plus. Il s’est couché dans la chambre du bas, et il s’est endormi pour toujours. Ne le voyant pas se lever à 5 h 30, je suis descendue pour le réveiller. Et voilà, vision d’horreur, hurlements, samu et plus rien. Plus rien que le chagrin qui m’empêche de respirer, le chagrin de mes enfants que je n’arrive même plus à rassurer, à aider. Je fais d’immenses efforts pour elles, mais j’aimais tellement leur père…

Il y a tant de couples qui se déchirent, nous nous étions fusionnels. Même après 30 ans de vie commune, nous nous téléphonions tous les matins, souvent l’après-midi pour prendre des nouvelles. Dès que je sortais un peu tard du bureau, il s’inquiétait. C’était quelqu’un de bon, de généreux, qui pensait toujours aux autres avant lui, qui s’inquiétait toujours de notre bien-être avant le sien.

Je n’imagine même plus ma vie sans lui. Je tiens pour mes filles, mais n’ai qu’une envie : le rejoindre là où il est

Voilà notre histoire. Banale certes, mais tellement belle pour nous. Je souhaite à tout le monde de vivre une vie aussi riche, malgré les drames qui l’ont jalonnée.

Nathalie

wn

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #96 le: 25 avril 2012 à 00:42:41 »
Ton histoire est bouleversante Nathalie...et tout sauf banale. Tu vivais manifestement quelques chose de magnifique et rare. Je ne trouve pas les mots...mais tu m'as vraiment émue avec le récit de cette vie si pleine d'amour malgré les épreuves que vous avez rencontrées.


lolo62

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #97 le: 25 avril 2012 à 01:02:58 »
Bonsoir ou bonjour enfin je ne sais plus ...........cela fait dix neuf mois que je ne dors plus j'entends 2heures l'heure ou mon mari PATPAT est partis rejoindre mon père partis 4ans avant et il nous a raconter le chemin noir et blanc la lumiere et meme l'heure ou mon papa viendrais chercher PATPAT...........il est partis il y a 1ans et demi 3mois après avoir retrouvè mon meilleur ami sauver d'un cancer du poumon pendu le 13juin 2010 dur et les cartes de ma vie n'ont jamais ètait bonne mon cancer à 39ans na jamais permis de construire une famille...............jour après jours,heure après heures je me demande comment faire je m'interdit de voir ma vie avec une lueur d'espoir,je souhaite à toute les personnes de ce forum que vos chemin sont etinceler despoir et de joie............bonne nuit à tous

Caroline3

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #98 le: 25 avril 2012 à 04:14:42 »
Yohann, il y a plein d'hôpitaux où on a aucun, mais aucun soutien, au contraire: on embête les infirmiers et les médecins. Ils sont si occupés...

Ce que j'ai vécu, c'est de l'ignorance, de l'indifférence. C'était "un mort de plus" simplement.

Tu as été chanceux :)

---

Nathalie... banale votre histoire? Non!!! Elle est magique, de toute beauté. Malgré les décès, tu as eu tellement de beaux moments, de douces joies, des appels téléphoniques chaque jour... personne ne m'a donné autant d'amour que tu en as reçu... bien sûr, le manque est grand maintenant, mais DIEU que tu es chanceuse!

Ton deuil sera particulier. Le tien sera tout aussi difficile que le nôtre, chacun sa douleur... reste un peu avec nous encore, viens nous voir, viens lire, partager si tu en ressens le besoin.

Ce sera bénéfique. Ici, plusieurs sont capables d'un soutien intelligent, subtile, sauveteur.

Ils ont le vécu du décès et les bons mots de ceux qui comprennent. Ils connaissent la mort, il peuvent en parler et ça, c'est un cadeau de la vie.

Tout le courage pour toi aujourd'hui, Nathalie.

Kiss, Caroline xx




yanso

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #99 le: 25 avril 2012 à 11:14:18 »
Pour en revenir aux médecins...Mon Amour est parti le 17 mars 2012 sans moi car l'on m'avait dit le soir que je pouvais rentrer sans soucis chez moi et revenir le lendemain matin alors qu'il avait passé son IRM l'après midi.Et à 2h43 le téléphone a sonné et une voix m'a dit "Madame,j'ai une mauvais nouvelle à vous annoncer...."Même si on s'y attend depuis des mois cet appel a été une Horreur,Je n'étais pas là et entre nous il y a 125Km .

A ce jour je n'ai eu aucun message du cancérologue qui le suivait depuis 15 mois et demi de sa tumeur cérébrale ,l'interne qui gère le service ou il a été hospitalisé pendant 5 jours non plus.
J'ai appelé au bout de 3 jours n'y tenant plus pour avoir le "Crabologue"comme l'appelais Yves j'ai attendu longtemps au fil et j'ai eu la jeune infirmière qui était présente la nuit ou il est décédé et elle m'a donné les résultats de l'IRM  me disant que la tumeur avait énormément grossie et qu'il allait voir pour un 3ème traitement voir une nouvelle opération.Si j'avais su cela je serai restée à ses cotés.....
Je tente de me résigner en me disant c'est mieux ainsi il aurait encore souffert pour rien car on connaissait l'issue dès l'annonce du diagnostique.
Mais j'en veux à l'hopital Monom n'est pas qu'une statistique !!!!!
Notre médecin traitant a eu les compte rendus au fur et à mesure des tratements mais le dernier RIEN Il m'a dit que dans cette maladie les patients ne sont malheureusement que des COBAYES(il est vrai qu'il en faut pour faire avancer les traitements!!!!

J'attend les documents à faire remplir pour les assurances ,en éspérant ,qu'il me reçoive et là je lui dirait ce que je pense calmement ,même s'il n'en a rien à faire au moins je l'aurais fait

Je lis vos témoignages et cela me fait du bien car à ce jour je ne vois pas non plus comment je pourrais retrouver le sourire et ma joie de vivre antérieure.Ne ne me voit pas rire comme nous le faisions si souvent
Merci à tous je me sens moins seule.....même si ces échanges sont la suite d'évenements douloureux
Françoise
« Modifié: 25 avril 2012 à 11:25:24 par yanso »

Caroline3

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #100 le: 27 avril 2012 à 06:03:08 »
Bonjour à vous,

Je vais y aller par petit bout, juste pour moi, pour avancer.

---

Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu partir. À 5 ans, je flottais juste à me promener dans la rue. Depuis mes 15 ans, les départs ont fait partie de ma vie constamment.

Je passe l'enfance, l'adolescence et l'histoire de la famille au 3/5 vivant avec des troubles psychiatriques. Mais c'est le fondement de ma personnalité: la peur de devenir psychotique, maniaco-dépressive ou autre trouble de l'humeur. Finalement, je ne suis pas PMD, mais ça m'a fait peur toute ma petite vie. Très certainement plus anxieuse que la moyenne, mais c'est un prix à payer qui est raisonnable, vu les circonstances.

Après ma licence (Bac + 4 pour la France, Université pour le Qc) en Eaux et Forêts (ingénieur forestier du Québec), j'ai réalisé un certificat en coopération internationale et suis partie quelques mois à Djenné, au Mali. C'était en 1992.

Ce n'était pas facile, j'ai dû attraper une dysenterie ou autre - non diagnostiquée. En tout cas, j'ai perdu 10 kg en 1 semaine et me suis retrouvée malade comme un chien, seule dans un village où il n'y avait pas grand chose. Sauf la chaleur. Je n'ai retrouvé mon poids qu'au Québec, 1 an plus tard, mais 1 mois après mon retour, je perdais la moitié de mes cheveux.

L'expérience était difficile, la chaleur intense.  Mais je peux vous dire que plus jamais je ne verrai une ville aussi magnifique, et j'ai dû voir 15 pays d'Afrique: tout y est construit sur le sable et sa beauté vaut le détour.

De retour au Québec, j'ai décidé de faire une maîtrise en agroforesterie. Donc, retour en 1993 à Djenné, pour présenter mon questionnaire aux paysans qui réalisaient des activités en agroforesterie. Cette deuxième partie a été plus facile, mon logement était beaucoup plus propre, j'avais un four, une chambre presque normale. Une coopérante américaine m'avait passé sa magnifique maison le temps de ses vacances et j'ai pu lire une bonne partie de ses livres. C'est là que j'ai découvert Jacques Higelin et son Tom Bonbadilom.

En tout, je suis restée 6 mois à Djenné. J'en garde un souvenir à la fois dur et doux. Dur parce que même trouver à manger était difficile. Je me souviens d'un enfant courant après moi pour me vendre trois pauvres petites aubergines (que je déteste), sachant que je cherchais toujours des légumes. Je les ai dégustées avec plein d'ail et c'était délicieux.

L'habitat était minimaliste: un appartement minable, un lit en bambou, un drap acheté dans la rue, une ou deux souris qui m'ont accompagnée tout le long du séjour. Et moi, qui pesait 42 kg.

J'y ai pourtant trouvé une de mes voies, celle de la coopération, de la rencontre avec l'autre. La découverte d'un monde à la fois différent et pourtant pareil au nôtre. Doux parce qu'un des souvenirs que qui me reste, lorsque j'habite un endroit différent, c'est un goût particulier dans ma bouche. Celui de Djenné est lié à l'ail (!), à l'odeur de la viande grillée. Doux parce que j'y ai découvert un nouvel état: je suis une habitante de l'Afrique vraie, celle habitée par les hommes, les femmes, les enfants ordinaires.

La pauvreté est tout de même assez poussée et m'a vraiment touchée. La population vit au rythme de la journée, pour trouver à manger. Et les enfants ne font pas grand chose de leur journée. La lenteur est compréhensible, mais l'inaction est déprimante, tout de même.

---

Après ma maîtrise, j'ai réussi à me trouver un poste au Sénégal, pour deux ans. J'ai logé à Keur Momar Sarr, au Nord du pays. J'y étais mieux logée, mieux équipée, mieux entourée (par des Sénégalais). Mon travail consistait à gérer un projet environnemental: gestion des ressources naturelles dans une vingtaine de villages divisés en deux terroirs:  pépinières villageoises et centrales, plantation, alphabétisation fonctionnelle, gestion...

Et c'est là que j'ai rencontré mon futur mari, Lowell. Américain arrivé au Nigeria à l'âge de 8 ans, avec ses parents et ses deux frères. Les parents voulaient un avenir meilleur pour leur 3 enfants -- meilleur salaire qu'au nord du Minnesota, à cette époque.

Quand j'ai commencé à sortir avec Lowell, il était en instance de séparation. Il avait été marié avec une Américaine et ça ne fonctionnait pas du tout. Il était sous le choc, parce que "Dans ma famille, on ne se sépare pas". Il avait honte, mais en même temps, il se sentait libéré.

Lui travaillait à Dakar comme directeur régional d'une ONG américaine et il gérait des projets agroforestiers et d'alphabétisation dans 12 pays d'Afrique de l'Ouest.

C'était un pro de l'Afrique et il la connaissait mieux que quiconque. Il avait passé 8 ans au Nigeria, 1 an au Kénya, 3 ans au Congo-Kinshasa, 2 ans au Niger, et quand je l'ai rencontré, il était rendu à 10ème année au Sénégal. Ça me plaisait énormément. Et comme il était brillant, avait une culture générale très poussée, j'ai été séduite assez rapidement.

---

Voilà pour le début.


Claudahoa

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #101 le: 27 avril 2012 à 07:20:28 »
BonjourCaroline,

Je viens de lire ton récit d'une passionnante en Afrique qui m'a permis de m'évader quelques instants sur ce continent qui m'a toujours fascinée.Je comprends qu'une vie aussi intense avec un deuil éprouvant t'oblige à prendre soin de toi et accepter de t'accorder du temps pour cela.J'espère que ce récit t'auras permis d'avancer davantage.

Ces jours-ci j'ai du mal à écrire mais régulièrement je viens tous vous retrouver car je me sens isolée dans mon deuil,mon compagnon ayant depuis longtemps tourner la pagel,mes enfants ayant davantage besoin d'aide de ma part désormais ;ils m'ont énormément donné mais sont très meurtris.

Te souhaitant jour après jour plus de sérénité,je me permets de t'embrasser tendrement
Claudia

Hors ligne Marina Saboya

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Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #102 le: 27 avril 2012 à 08:41:58 »
Bonjour Caroline,

Mais c’est un beau roman que tu nous livres là ! Nous voilà partis en Afrique en quelques lignes et pour ceux qui ont la chance d’y avoir mit les pieds, le sable qui s’infiltre partout, l’odeur forte et les doux parfums, le soleil écrasant…

Racontes Caroline, racontes et fais mieux, prends le temps d’écrire pour toi, cette vie qui t’a menée ici aujourd’hui, mets sur le papier ces souvenirs, ces anecdotes, délies, décris, fait sortir de tes tripes tes joies, tes peurs, tes bonheurs, l’Afrique et sa terrible attraction… Le voilà ton projet pour cette période de repos que, enfin, tu t’accordes. Le livre de ta vie, de votre vie, avec Lowell.
Racontes pour ta Lou aussi.

Et puis Suzy et toi, vous aurez surement des choses à vous dire.

Moi, j’attends la suite, si tu le veux…

Marina
PiMa

Mieux vaut souffrir d'avoir aimé que de souffrir de n'avoir jamais aimé.

suzy

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #103 le: 27 avril 2012 à 08:59:58 »
Oh oui Caroline! Ton histoire me passionne...Quand je lis les descriptions que tu fais de l'Afrique, sa pauvreté et à la fois sa chaleur, je m'y vois déjà...Je sais, en te lisant , que j'ai fait le bon choix... :)
C'est doux de te lire et de me dire que dans 2 mois et demi, c'est le grand départ pour moi...
Je t'embrasse et attend impatiemment la suite de ton histoire...
Suzy

elo73

  • Invité
Re : Racontons notre histoire...
« Réponse #104 le: 27 avril 2012 à 11:20:17 »
J'ai hâte de lire la suite Caroline

Bises
Elodie