Lettre

   Tu me fuis?

   Quand je suis dans la salle, je t'entends respirer,

   J'entends ton souffle:tu es dans la chambre.

   J'y vais, tu n'y es plus.

   Tu ne peux pas rester en place:je dois te parler,c'est urgent!

   Je n'arrive plus à te voir.

  Tu disparais dès que j'arrive.

  Arrete de me faire des farces,comme çà,c'est pas drole!

  Pas drole du tout!

  Ou es tu?  OU ES TU?


  D.

Bonsoir,
Je rejoins Christian sur le fait de n'avoir envie de rien.
En fait, j'ai pris conscience, pour ma part, que je n'ai plus aucun plaisir pour quoi que ce soit. Et que sans plaisir, on n'a pas d'envie.
J'ai mis un bon moment à comprendre ça...

Je me suis plantée un jour devant un rayon de gateaux. Comme je maigris à vue d'oeil, je me suis dit "fais toi plaisir, achète plusieurs paquets, c'est bon et tu ne grossiras pas"... Et ben je suis restée 10min et je n'ai rien acheté... Et pourtant, je sais que ça peut me faire du bien, je sais que c'est bon... mais RIEN...

Idem pour la radio, les films, les magasins, les livres.
Je vis dans le silence.
Je parcours 200km sans bruit et je me rends compte au bout de 150km que c'est long et que "ah oui, je n'ai pas mis de radio" mais voilà, je l'allume et je l'éteins, je n'y arrive pas.
Les livres ? ceux sur le deuil je peux, et dernièrement, petit espoir, un autre.

Cela va faire 5 mois que je vis comme ça.

Manger ? je mange pour vivre mais on pourrait m'acheter un superbe truc que je ne m'en rendrais pas compte, je m'en fous, ça n'a pas d'importance, ce qui compte, c'est de manger. Je n'ai aucun plaisir alors une tranche de jambon ou du foie gras, c'est pareil.


Pour ta fille, elle n'est peut-être tout simplement pas dans la même "phase" que toi. Le fait d'être "scientifique" (comme moi), ça va peut-être juste faire qu'elle ne veut pas s'apitoyer sur son sort, qu'elle sait que ça ne sert à rien. N'oublie pas aussi qu'elle vit le deuil de sa mère, pas de sa femme. Ce n'est peut-être pas la même souffrance, bien qu'elle en souffre aussi.
Mes amis qui ont perdu l'un de leur parent m'ont quasi tous dit que ça les avait fait mûrir. Ils sont passés très vite au delà du chagrin. Bizarre comme réaction mais bon, on n'est pas à leur place donc on ne peut "comprendre".

Bon courage Christian.

Christian,
Peut-être que ta fille pense (mais elle se trompe) qu'elle "doit" te secouer pour que tu t'en sortes. ( Comme les gens le pensent en cas de dépression)
Peut-être aussi qu'elle-même s'interdit la douleur et fonce tête baissée pour fuir cette douleur qui pourrait aussi l'anéantir. Elle est peut-être encore dans le déni de la perte de sa maman. Quelles étaient leurs relations mère-fille ?
Tu peux en parler à ton psy qui t'aidera sans doute à démêler cet écheveau de sentiments familiaux.
Ma fille est très proche de moi, mais me sort parfois des vérités qui font mal, même si je sais qu'elle n'a pas forcément tort.
( exemple; on n'a pas forcément envie de parler de papa et de notre douleur au même moment que toi)
ou (je ne veux pas regarder cette vidéo du voyage que vous avez fait pour son départ à la retraite (où on le voit si joyeux, détendu) parce que j'ai peur que cela interfère avec mes propres souvenirs de lui, que je les oublie . Ce voyage , c'est votre histoire à tous les deux)
C'est direct mais c'est son souvenir  de son père qu'elle protège actuellement. C'est frustrant pour moi mais je comprends ce qu'elle veut dire.
Dominique

Bonsoir Christian,

Tu sais mon fils est resté avec moi, à l'hopital les trois derniers jours de mon mari, cela a été horrible pour nous trois et pas de mots mon mari était comme ça.A matin du décés de son père lorsque j'ai appelé mon fils j'vu qu'il bne dormais pas ( mon mari est decédé a 1h40 et appel a notre fils 6h30) mon fils savait, comme moi, comme son père!
La douleur je l'ai vu dans leurs yeux.
Aujourd'hui très brutalement il m'a dit "maman arrete de ressaser" cela ma blessée a par vous sur le forum, je n'ai personne à qui parler.
je pense que ta fille,(comme mon fils) a peur pour toi et qu'elle ne veut pas en rajouter.
Meme si tu ne dis rien les enfants te connaisse, ils ont peur de te perdre aussi,surtout que tu te perde tout seul.
Ils sont là c'est la preuve de leur inquiètude, les sentiments sont parfois destructeurs et ta fille veut peut etre se préserver, pour ne pas craquer à son tour.
A quoi cela servirait-il si elle te disait"papa je suis au bord du gouffre, maman me manque terriblement", cela amoindrirait-il ta peine?
Je ne crois pas, vous etes dejà deux et comme tu le dis toi meme, ton état, n'aide pas ton fils, alors trois à quoi bon?
Je pense qu'elle t'aime et c'est sa façon à elle de te proteger.
J'espère t'avoir aidé.
Amitiés.
zabou

Notre fille a beaucoup de volonté comme sa maman, et d'esprit de décision.
Elle sait que je suis très mal, les enfants savent que nous nous entendions très bien.

Elle a peut-être peur qu'il m'arrive quelque problème.
J'ai déjà prévenu les 2 enfants que s'il m'arrivait un problème important de santé, ça ne servait à rien d'essayer de me sauver et que je reste comme un légume, (sous-entendu, je rejoindrais leur maman)

Voilà bientôt 3 mois (12/10/2012) qu'Anne-Marie est décédée.
Je dois m'y résoudre, mettre de l'ordre dans les boîtes.
En effet, nous avions déménagé en août 2011 après avoir cessé notre commerce.
1 mois après, la sentence : LE  CANCER.

Forcément, nous n'avions pas terminé de tout ranger (on conserve bien trop) et manque de place pour ranger, et avec la maladie, nous n'avions plus le coeur à ranger, les examens, la chimio, ...

Ce mercredi, rien à faire, je commence à ranger

Et je trouve des vieilles photos, ses bulletins de primaire, ...

Et toujours des larmes, des larmes et encore des larmes.

Et toujours cet envie de la rejoindre ...

Y a de trop à ranger, à trier, les affaires personnelles, les documents du commerce.

Ça va prendre du temps, et lorsque ce sera rangé, surtout les documents de comptabilité, impôts, ..., y a beaucoup à trier, je serais plus tranquille si jamais il m'arrive 1 problème de santé, ce sera plus facile pour les enfants.

Je pourrai m'en aller plus à l'aise