Bonjour,
Je suis désolée pour ton mari...
Ton post m'a interpellée étant donné que malgré mes seulement 21 ans, les antidépresseurs (et d'autres psychotropes) ont fait partie d'une grande partie de ma vie...
Si tu veux connaître mon histoire entièrement et que tu aimes lire, tu peux aller sur ici :
http://forumdeuil.comemo.org/vivre-le-deuil/pourquoi-le-sort-s'acharne-sur-certains/Sinon, je vais te faire un résumé : après avoir été victime de plusieurs années de harcèlement scolaire et de violences verbales dans mon enfance, j'ai sombré dans la dépendance affective, la mutilation, un début d'anorexie, des envies suicidaires et un très profond mal-être. J'avais 13 ans.
Suite à tout ça, j'avais dû me faire hospitaliser (j'en garde un mauvais souvenir) et dès 13 ans, on me donnait des antidépresseurs et des neuroleptiques (du Zoloft chaque matin et du Tercian, matin, midi et soir).
Le Tercian, c'est vraiment une horreur (de toute façon, les neuroleptiques sont pour moi les pires médicaments qui puissent exister). Cela m'assommait, me shootait, à tel point que je m'étais d'ailleurs endormie sur mon épreuve de Brevet Blanc !
Sans entrer dans les détails, par la suite, de mes 13 à mes 19 ans inclus, j'ai été droguée d'innombrables antidépresseurs, anxiolytiques et neuroleptiques (Tercian, Risperdal, Atarax, Zoloft, Norset, Prozac, Citalopram, Seroplex, Abilify, Xanax, Xeroquel...), j'en oublie peut-être.
En tout cas, avant même d'avoir 20 ans, tous ces médicaments m'ont été prescrits, parfois à très forte doses.
Le pire du pire, c'était lorsque j'avais été internée en hôpital psychiatrique à 18 ans et qu'on m'avait filé 50 gouttes de Tercian. Je voyais si flou que je ne pouvais même plus tenir debout et m'étais écroulée dans les couloirs, ce sont à ce jour les pires malaises de ma vie entière. Il existe énormément d'abus en psychiatrie.
C'est le troisième pire traumatisme de ma vie après le décès de deux êtres chers (survenus après cet internement).
Et je ne te parle même pas de mon médecin généraliste ! Mes parents avaient fait appel à lui, lui avaient simplement dit que j'étais déprimée, et hop, il avait décidé de me prescrire du ZYPREXA, un neuroleptique encore, qui en plus provoque le diabète (moi qui ne trouve du plaisir plus que dans le chocolat ... !)
Ce médecin ne s'était même pas entretenu ne serait-ce qu'une seule minute avec moi et ne savait absolument pas de quoi je souffrais. On lui avait dit que j'étais attachée à une personne, il en avait directement conclu que j'étais lesbienne. En réalité je suis asexuelle.
Oui, vraiment, il faut se méfier de tous ces médecins et psychiatres, peut-être en existe-t-il des biens, mais selon mon expérience personnelle, beaucoup abusent hélas de leur pouvoir...
Je pense que c'est parce que dans ce métier, on sait qu'on va avoir affaire à des gens fragiles, ce sont donc des proies idéales quand on se nourrit de la souffrance d'autrui...
Pour en revenir au sujet de base, à savoir les médicaments, ils n'ont jamais apaisé ma douleur (sauf peut-être le Xanax, oui, vraiment, c'est le seul et unique médicament qui me faisait un tout petit de bien, mais très étrangement, c'est le seul et unique médicament qu'on a le plus de mal à se faire prescrire, alors que tous les autres qui transforment en zombie sont prescrits hyper facilement, comme le fameux Zyprexa !)
Je me souviens que les antidépresseurs me donnaient de violentes crises de nerfs avec pulsions suicidaires... Je me souviens de certaines nuits où j'étais très agitée, je ne pouvais plus respirer, j'avais envie de sauter par la fenêtre, je me voyais me jeter. J'étais sous antidépresseurs.
Aujourd'hui, je n'en prends plus aucun, je vis des malheurs bien pires que ceux que je vivais à l'époque où j'en prenais (à savoir la perte de 2 personnes très proches), et pourtant, je n'ai plus aucune crise de nerfs aussi violente ! Je ne dis pas que je dors bien, non, je dors assez mal, mais ça n'a vraiment aucun rapport avec les nuits horribles que j'avais lorsque je prenais ces antidépresseurs...
Quant aux neuroleptiques, ils me transformaient en véritable zombie. Le mal-être moral provoque déjà un ralentissement psychomoteur, alors si on y ajoute des neuroleptiques, c'est carrément un arrêt psychomoteur qu'il y a...
Cet été je suis partie en Corse avec ma mère et ma sœur, j'ai fait de la plongée, je me suis baignée, ça m'a fait du bien. J'étais très mal, je pensais sans cesse à ma mamie (décédée fin 2013) et à mon cousin (décédé d'une mort foudroyante à 42 ans en décembre 2014 soit 8 mois plus tôt), j'avais du mal à faire beaucoup de choses, mais j'ai quand même réussi...
Je te garantis que si j'avais été sous médicaments, ce voyage qui m'a fait changer un peu d'air aurait tout simplement été impossible. Sous neuroleptiques, je serais restée à l'hôtel dans le lit toute la journée, incapable de bouger !
Et sous antidépresseurs, j'aurais peut-être refait de violentes crises comme j'en avais fait à l'époque...
Je garde de très mauvais souvenirs de tous ces médicaments. Le meilleur antidépresseur que j'avais était mon cousin... Je le considérais comme mon frère, nous faisions plein de choses ensemble... Il était un bout-en-train, il disait des conneries à longueur de journée, il était impossible de ne pas rire avec lui !
Ses conneries me manquent tellement, elles me faisaient tant mourir de rire. Il m'a aidé plus que tous les psys (plus d'une vingtaine) que j'ai vu et plus que tous les médicaments que j'ai pris (et il y en a eu beaucoup comme tu as vu, parfois à forte dose).
Hélas, il a attrapé une maladie mortelle qui l'a tué en 19 jours, à 42 ans...
Depuis que j'ai vécu 2 terribles drames (sa mort et celle de ma mamie) qui se sont rajoutées à mes souffrances passées et que j'entends sans cesse les gens parler de psys et de médicaments, j'ai terriblement peur.
Je fais des cauchemars éveillés où je m'imagine que toutes les personnes que j'aime disparaissent, et qu'elles sont toutes remplacées par des psys et des médicaments... C'est horrible...
J'ai d'ailleurs sans cesse peur de perdre les êtres chers qu'il me reste. Quand je songe au fait qu'ils peuvent disparaître n'importe quand comme mon cousin, alors que les psys et les médicaments existeront toujours, que je pourrai toujours être internée en hôpital psychiatrique, droguée de neuroleptiques jusqu'à être transformée en légume, attachée etc, c'est une véritable torture morale de chaque instant...
Voilà, tu as mon témoignage. Je suis désolée, il est assez négatif, mais il s'agit de mon expérience personnelle.
Mais je vais tout de même te dire une chose au sujet des antidépresseurs. Ils sont prescrits parce que les psychiatres partent du principe que la dépression est due à un déséquilibre chimique dans le cerveau, le but de l'antidépresseur serait donc de rétablir ce déséquilibre.
Dans ton cas, il ne s'agit pas de ça, puisque tu sais très bien pourquoi tu souffres, ton mal-être est du au décès de ton mari et ça n'a aucun rapport avec un déséquilibre chimique dans le cerveau...
C'est sûrement pour cette raison que les antidépresseurs n'ont jamais fonctionné sur moi, j'ai toujours su pourquoi j'allais mal.
C'est différent des personnes qui se sentent malheureuses et qui sont incapables d'expliquer pourquoi...
Pour un témoignage plus positif, je vais voir une sophrologue et une hypnothérapeute. Contrairement aux psys que j'ai vu et qui ne se préoccupaient absolument pas de mes problèmes mais pensaient juste à me droguer de médicaments, elle m'écoute et me comprend. Bien entendu, elle ne comblera jamais le manque laissé par la disparition de ma mamie et de mon cousin

(rien ni personne ne pourra jamais combler l'absence...), mais ça fait du bien de pouvoir se confier à quelqu'un qui ne nous juge pas, qui ne pense pas uniquement à nous bourrer de médicaments et qui nous comprend.
Bon courage.