Nous sommes tous là pour exprimer une souffrance, puiser quelques mots de réconfort... qu'importe l'âge de
nos chers disparus... Quel que soit le lien qui nous unit à eux... Cette souffrance est bien présente, pour celles et ceux
qui l'éprouvent, elle ne peut être ni comparée, ni quantifiée, ni justifiée, du moins il me semble !
Et si on n'a pas les mots, ce qui m'arrive souvent, d'autres les trouvent.... c'est l'avantage de ce forum que je perçois d'abord comme un havre de bienveillance et de paix, une halte autant qu'un lieu de confrontation à la douleur et au cheminement de l'autre...
Il y a tant de situations et de vécus différents... sans parler des contextes dans lesquels nous traversons nos deuils....
Est-ce une chance de vivre "vieux" ? Je pense en particulier à ma mère décédée à 90 ans, mi-mai 2011,
qui reprochait à son médecin de lui avoir par deux fois sauvé la vie alors qu'elle était épuisée et voulait partir....
Je pense aussi à ma fille qui, suite à des ruptures multiples et une dépression sévère, à 46 ans 1/2 a eu besoin
de mon aide, pour "s'en sortir" ! Les proches faisaient pression sur nous deux :"elle peut se débrouiller à son âge"
"elle te fatigue" etc... Pour la morale ils étaient-là mais pas un seul coup de main, moi qui les ai tant aidés...
On ne lui a pas laissé le temps de se remettre, à son rythme ! Elle ne cessait d'essuyer des réflexions humiliantes.
Ce n'est pas en quelques mois que l'on guérit d'une dépression "majeure" ! Ne supportant plus de se voir brutalement
diminuée, elle a quitté ce monde sept semaines après sa grand-mère et moi malgré cette fatigue, je suis encore
debout, pour qui ? pour quoi ? Quant aux" conseilleurs", c'est mon chagrin qui dérange leur train-train aujourd'hui !
J'aurais tant voulu faire bloc avec elle, lui consacrer ce qui me reste d'énergie à la soutenir dans sa traversée
du désert, l'aider matériellement le temps qu'elle puisse retrouver un emploi, la voir reprendre goût à la vie et j'aurais
pu partir sans regrets, heureuse plutôt de la savoir de nouveau auprès de ses enfants comme avant !
Comme avant, je l'aurais entendue me dire : "salut Mamm, j'ai pas l'temps, j'te rappelle demain, bisous".
Eh bien, non, je vais devoir supporter cette injustice-là et ce jusqu' à quand ? Jusqu'à quand vais-je devoir survivre
à mon seul enfant ? Ce n'est pas une chance du tout pour moi d'être là avec la souffrance de ma fille depuis bientôt
onze mois. Alors, comme disent beaucoup d'entre nous, un jour après l'autre... Pourquoi devrais-je me bousculer,
la vie ne s'en est-elle pas chargée ?
Personne ne peut se mettre à la place de l'autre... ni ressentir à la place de l'autre... ni "avancer" au rythme de l'autre,
à la lecture des posts de ce forum... mon humble constat !
On évolue par ailleurs dans une société où de plus en plus d'enfants "adultes" ont besoin du soutien affectif
et matériel de leurs parents, la séparation n'en sera que plus difficile... pour les uns comme pour les autres.
Quoi qu'il en soit, nos échanges et vos mots m'ont toujours été d'un énorme soutien. Merci du fond du coeur.
Chaleureuses pensées à toutes et tous. Mamm'j