Cette fois , c'est décidé , nous partons faire un safari à pied !
 Kénya _ Masai mara _ 1976
.........finies les longues heures en 4x4 pour aller d'une réserve à l'autre . Finies les lodjes luxueux   .............du rustique ! ......de l'aventure !...........du Tarzan , en veux tu , en voilà !
    Masai mara , à la frontière de la Tanzanie . Un camp de tentes , sommaire , au beau milieu d'une réserve de chasse . Nous , nous y allons pour un safari vision , à pied . Pas pour chasser, Mais pour admirer , partager la nature , de près . Et pour çà , on a été gaté !
  La sortie la plus marquante de ce séjour , fut une longue balade , en pleine savane ......Un groupe restreint : Odile et moi , Sergio , notre guide italien , et un pisteur .
  A peine la Land Rover stoppée que le silence s'installe , tandis que la poussière de la piste retombe doucement . Silence troublé seulement par le chant des oiseaux , et le bruissement des épineux , secs en cette saison  . Il est 9 heures , et le soleil commence à taper .J'ai encore l' odeur de la savane au fond du coeur ....l'herbe à éléphant , à hauteur d'homme , et la terre , rouge de latérite....... un vrai film , en odorama et à 360° .......Stewart Granger , dans " les mines du Roi Salomon " , je vous dis ! 
Devant nous , un troupeau de buffles , et Sergio décide de faire une approche.......
 - Mais .on les voit très bien d'ici !  , soupire Odile en nous suivant de loin ....
 Notre guide porte son fusil un Holland et Holland de la belle époque , le pisteur marche le premier , contre le vent . Nous nous glissons dans un petit bosquet , et nous asseyons ...... les buffles sont à 50 metres , et paissent comme de braves vaches normandes !Mais le buffle est infiniment plus dangereux ....meme beaucoup plus que nos taureaux de combat ! Car lui , il ne baisse pas la tete s'il charge , et ne vous quitte pas des yeux ! Sergio m'avait raconté l'histoire d'un ami à lui , un guide professionnel qui fut repéré par trois buffles , et chargé ! il en abattit deux ( ce qui est déjà un exploit ), mais le troisième ne le lacha pas , et il dut grimper dans un arbre ! Le buffle resta toute la nuit sous l'arbre , et le copain de Sergio ne dut son salut qu'à  l'arrivée de deux masais qui passait par là ,  un miracle , quand on sait que Masai Mara s'étend sur des dizaines de milliers de kilometres carrés !
  Sergio a posé son fusil à terre , et Odile me désigne le sol , en vissant son doigt sur sa tempe : en effet  ,notre guide , à part le fusil , alignait les balles , rutilantes dans leur gaine de cuivre , mais un peu inutiles .....le fusil d'un coté , les balles de l'autre !
 Tout à coup , le troupeau qui avance lentement , lève la tete , et charge ......dans notre direction !
 Au tout dernier moment , il dévie sa course et passe dans  un piétinement ...imposant , à trois metres de nous !
 Dans le midi , il existe une expression très imagée pour définir la peur . On dit : "une olive , deux litres d'huile ! , mais pour cette fois ...pas eu le temps d'avoir peur !!!!
 - Dis donc , Sergio , interroge Odile , pourquoi le fusil d'un coté , les balles de l'autre ?
 - Ma ! Odilé , vingt buffles sur nous on est des pizzas !    et il part dans un grand rire !
 Odile me regarde avec de grands yeux :
 - oui , ben moi je retourne dans la voiture , moi ! Pfffffffffff! il est timbré c'ui là !
 Et elle repart dans l'autre sens , d'un pas alerte  !
 Sergio me dit , l'air amusé:
 - Andiamo all'aventura !  ( avançons vers l'aventure )
 - heu .....andiamo !
 Le troupeau s'est regroupé et nous fait face : 200 tetes encornées ! .et en terrain découvert!
 Au bout de quelques pas , les buffles reculent , s'arretent et nous font face à nouveau .
 La montée d'adrénaline , l'excitation , la joie intense de cet instant restent gravées en moi pour toujours , vous allez trouver celà peut etre fou , mais je me sens bien , à ma place ....
 nous revenons jusqu'à la Land Rover , ou Odile nous attend , bien calée sur son siège  :
 - On rentre ! moi , je viens plus avec ce dingue !
....çà ne s'arrange pas quand Sergio introduit les cartouches dans son fusil !
 - j'te l'ai dit qu'il est dingue ! il met les balles maintenant , lui !
 Avant de grimper à mon tour dans le 4x4 , je lève les yeux : une dizaine de vautours tournoient ,au dessus de nous ......
  Odile s'adresse à eux :
 -Non ! pas de pizza , ce matin !
 .....on repart , et Odile se cale contre mon épaule , et pique un petit roupillon , dont elle avait le secret !
  Le soir , Odile s'est réconciliée avec Sergio : il avait sorti le "spumante" pour arroser notre première charge !
 
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