Sénégal , suite.
Quelques jours ont passé depuis notre arrivée au "Piroguiers" , nous sommes installés dans un bungalow à 50 m. de la plage . plage qui donne sur le plus grand bras du fleuve . Plus loin , en aval la mangrove commence , et se subdivise en une multitude de bras , avant de se jeter dans l'océan.
Odile et moi avons la chance d'avoir les memes gouts , c'est à dire se retrouver dans un coin tranquille , tous les deux.
Et là , on a été servi! nous étions les seuls clients !
Et les directeurs partaient en vacances ,ils nous laissaient les clés , en somme...
- Tiens , v'là du monde !
Odile se met sur le ventre , le dos déjà bronzé , et moi de meme , déjà bien cramé , vous savez quand la creme attire tout le sable , par on ne sait quelle alchimie..
oui , trois nouveaux . Des grands blacks , en costume et attaché-case , en cuir ,qui rejoignent leur bungalow , lunettes noires et tout , men in black , quoi!
une heure après environ , on voit arriver sur la plage , l'un des trois , en boubou blanc de chez blanc , avec sa serviette sous le bras , et qui s'installe à une dizaine de metres de nous , sur un transat , et sous une paillote ,il nous salue de loin , d'un signe de la tete , très courtoisement...
Odile n'a rien vu , fort occupée à remetre dans le sens de la mer des Bernard l'hermites qui s'obstinent à vouloir se diriger vers l'intérieur des terres ... Elle se livre avec eux à un dialogue dont je suis définitivement exclu , depuis que je lui ai fait remarquer
que...peut etre...ils ont leurs raisons de vouloir aller dans cette direction...
Haussement d'épaule ",pfffr , qu'est ce tu y connais , toi en Bernard l 'Hermite!! la preuve! regarde celui là il a du sable dans les yeux!"
C'est là que j'ai compris qu'elle se fichait de moi..
-Elle est drole , votre femme , elle parle aux coquillages?
-oui , c'est un don...
...sourire distingué de notre voisin.
Odile en a assez , et s'en prend maintenant aux crabes , les violonistes , avec une énorme pince .
-Dans mon sac ! prends le bout de poisson, dans le plastique!!!!!
.. pas de problème , je trouve encore aujourd'hui des graines qu'elle glissait dans mes poches , " pour les oiseaux du dimanche "
Sceptique quand au résultat , je ramène le poisson du midi , habilement piqué dans le plat .Odile avait pour habitude de faire "le plein" Pour les enfants : les gateaux , et diverses denrées pour la gent animale , si bien que lorsqu'on sortait de l'hotel , on était suivi par une ribambelle de gamins , de chiens errants , de poules ,et parfois d'un ane ou d'un dromadaire ... selon les pays ( encore des histoires à raconter , c'est comme les saucisses coktails , les souvenirs , vous en tirer un , les autres suivent...)
Ruée sur le poisson et dialogue historique ................
-ah , non toi t'en as déjà eu ! le petit il a rien eu , lui ! et arretez de vous battre , sinon je donne le poisson à papa , et ce sera tant pis pour vous !
Supposant que "papa" c'est moi , je me plonge dans mon polar .
- hé! t'as vu les beaux lézards?
Derrière moi , un superbe agame très coloré , défie un autre male , soulevant et abaissant la tete , pour bien montrer sa belle crete au concurrent !
- c'est rigolo! il fait des pompes !
Je prends l'appareil photo , et prends la photo , que j'ai toujours...
Odile le contourne pour le rabattre sur moi , mais le lézard file en vitesse ...direction , le voisin.
-Empechez le de passer , il fiche le camp!! Allez!!!
le monsieur , en souriant fait barrage au bestiau , qui , du coup , part se réfugier dans un bougainvillier
Bon , tant pis , j'ai une photo , avec le télé , çà doit pas etre mauvais...
- Pas très fut-fut le gars!fait Odile en se rasseyant.
Le soir , à table , on débute le diner , par une salade de crevettes , arrosé d'un petit muscadet ( ben ,oui , et alors , ? ) quand le tac tac tac d'une pirogue se fait entendre. le soleil se couche de l'autre coté du fleuve, derrière les baobabs , les cormorans ,tous en ligne , filent vers leur dortoir ,et un vent léger nous amène le parfum de la mer.
Notre voisin , toutes dents dehors , arrive , tenant à chaque main , bras tendus , ses prises de la journée :deux barracudas de 30 cms chaque . Il s'avance tout fier , et passe tout près de nous .Salve d'applaudissements de tout le personnel du restaurant , de ces deux compagnons , et meme du cuistot qui sort de sa cuisine pour féliciter le pecheur !!
Le garçon qui nous sert vient débarasser nos plats , et Odile demande:
- mais dites dons N'go , ils sont minables , ces barracudas!
- oui! oui! d'habitude par ici , çà fait 1 m. , les moyens!!!
- ben , alors , pourquoi ,tout le monde applaudit? qui c'est ? Le Président?
- non Mama , et plus bas , "c'est le ministre de l'environnement!"
Une fois desservi , Odile , très calme:
- N'empeche que ce matin , il m'a fait rater mon lézard , le ministre!
Le lendemain, en revenant de ma sortie oiseau , du matin , Odile et le ministre étaient tous les deux le nez dans le sable , à observer les crabes...
Enfin , Odile observait les crabes , le ministre semblait plus intéressé par le mini soutif de mon Odile !
On a beau etre ministre...
( à suivre )