Je souhaite intervenir, certainement quelque peu maladroitement, et je vous demande de me dire si vous pensez que ce fil de discussion n'est pas pour moi, en toute honnêteté, je ne m'en offusquerai pas.
Certaines, comme Eva Luna, je vous connais depuis si longtemps. D'autres, je les découvre ici au fil des mois, des années.
Mon cas est à l'inverse du vôtre, j'ai perdu d'abord ma maman (2011), puis mon papa (2017). Et puis, je suis un homme.
Si seulement il était possible que les adultes de ma famille donnent la main de temps en temps à Ethann, à Samy, à d'autres trop jeunes disparu(e)s. dans une autre dimension.
Perdre un parent ou un fils, une fille, ne peut être classé dans une hiérarchie des douleurs, je ne le pense pas, il y a surtout et seulement des personnes qui n'y arrivent pas, qui n'y arrivent plus, qui survivent, qui vivent avec, et parfois qui revivent différemment.
Je pense ne choquer ni n'étonner personne ici en prétendant que ces sentiments qui nous tirent vers le bas, nous les vivrons jusqu'à notre fin.
Beaucoup d'entre nous ont -enfin- laissé derrière eux/elles un sentiment de culpabilité qui n'a en fait pas de raison d'être.
Certain(e)s ont cessé -pour un temps plus ou moins long- à rechercher les raisons, l'explication, à savoir pourquoi, à trouver une logique où elle semble pourtant être aux abonnés absents.
Nous sommes si proches, en fait, dans notre nouveau monde, où nous nous retrouvons tou(te)s si perdu(e)s.
Je voulais dire à celles et ceux qui ne voient QUE du vide à la place de nos aimés disparus, que si effectivement il n'y a aucune preuve stricto sensu d'une continuation de leur vie au-delà de notre "dimension terrestre", il n'existe pas non plus de preuve du contraire. Raisonnablement (pour une fois !), il y a un doute. Et pour une fois, celui-ci ne bénéficie pas à l'accusé -la mort.
Ce n'est pas parce que l'on ne constate, ou ressent, RIEN en provenance de nos disparus, qu'effectivement il n'y a rien.
Je ferai une constatation qui vaut ce qu'elle vaut, c'est à dire ce que valent toutes les comparaisons : certains la trouveront tirée par les cheveux, d'autres se diront : "Tiens, c'est à réfléchir ..." ; il y a, à des milliers de galaxies d'ici, des planètes dont nous ignorons totalement l'existence, même pour les scientifiques. Est-ce pour cela qu'elles ne sont RIEN ? /piètre argument, peut-être, mais .../
Ensuite, lorsque l'on dit que nos personnes parties trop tôt emportent une partie de nous, le contraire aussi est vrai : nous gardons en nous une partie d'elles. Et ça, c'est du concret.
Je ne sais qui a dit (un écrivain je crois) que l'on cesse d'exister au jour où plus personne ne parle de nous.
Et bien nous, les endeuillés, n'ayons de cesse de parler de nos trop tôt disparu(e)s ! Encore et encore !
Pour finir, un coup de gu...le si vous le permettez, j'ai cru comprendre que certains "spécialistes" prétendent que nous nous complaisons dans notre deuil, dans notre dépression. Mais ils sont c..s ou quoi ? Il y aurait dont tellement de gens masochistes qu'ils préfèrent vivre un enfer sur Terre, plutôt que de vivre normalement, et dans la joie, comme tout le monde ? On est vraiment si tordus que ça ? Non, parce que là, ça en ferait, un sacré paquet de tordus, non, messieurs les "spécialistes" des jugements à l'emporte-pièce, non ??
Rendez donc votre tablier et allez cultiver des légumes, dont vous êtes si proches ...