Ma chère, ma pauvre Romane,
Tu es la maman de Tom et de sa petite soeur, je suis la tata de cinq adorables enfants, dont Kalahan, qui a mis fin à ses jours au même âge que Tom.
Cela fera trois ans fin mars.
Je me reconnais dans l'expression de ta souffrance, quelques semaines après le choc ...
dans ces pensées et questions obsédantes autour du suicide,
comment peut-on se donner la mort si jeune,
comment n'avons-nous rien deviné,
comment allons-nous survivre à cela, intégrer cet événement monstrueux dans nos vies,
aider les autres enfants (la petite soeur de Tom pour toi, mes 4 autres neveux pour moi) à construire leur vie alors que nous sommes démolis ...
et l'oppression respiratoire, le rejet total de ce qui s'est passé, somatisé par la nausée ...
Je veux te dire que vous y arriverez.
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Oh, pas facilement, avec douleur, mais vous y arriverez.
Serrez-vous les coudes au maximum.
Ce n'est la faute de personne, c'est uniquement ce foutu suicide le salopard.
Faites-vous aider ou aidez-vous chacun selon votre sensibilité, moi, j'ai écrit, depuis le tout début. Besoin de m'épancher, de témoigner, de chercher des réponses, de soutenir ma famille dans l'épreuve-en oubliant à quel point je suis moi-même vulnérable émotionnellement ...
La maman de Kalahan a très courageusement décidé de reprendre le travail aussi tôt que possible, le papa aussi, ce fut leur manière de réagir, il leur a semblé qu'il fallait, pour les deux plus jeunes (12 et 7 ans), reprendre le rythme ... et pourtant ils l'aiment, leur Kalahan, ils pensent à lui sans arrêt ...
Moi aussi, trois ans après sa mort, je pense toujours à lui. Douloureusement mais magnifiquement, il se développe au plus profond de nous une relation chaleureuse, très forte, avec l'enfant qui manque ...
En ces trois ans, j'ai vécu des périodes atroces à ne pas supporter son absence, à ne pas accepter de vivre en m'éloignant de lui ... et puis des moments où je me sens si proche de lui, où je le sens si mien, si complice ...
Ce n'est pas de l'imagination, et tu découvriras dans les témoignages des parents en deuil, la persistance du LIEN ... la présence dans l'absence ...
Je ne te mens pas, Romane, ce sera très dur, mais tu apprendras, jour après jour, à vivre AUTREMENT, à vivre la vie d' "après" ...
En continuant d'aimer Tom, et sa soeur, et tous ceux qui te sont chers.
Et en faisant la paix avec toi-même.(ce qui n'est pas le plus facile)
Je t'embrasse très tendrement, j'espère que sur ce forum tu trouveras un espace utile pour exprimer ta peine et je peux t'assurer qu'elle est respectée et comprise.
Solidairement, Martine.